Le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et président des évêques d'Italie. Le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et président des évêques d'Italie.  

Cardinal Zuppi: Ukraine, synode, personnes âgées, les défis de l’Église d’Italie

Dans son introduction aux travaux de la session d'hiver du conseil permanent de la conférence épiscopale italienne, le cardinal bolonais a évoqué le chemin synodal en Italie, la guerre en Ukraine, la crise économique et démographique du pays, la question des migrants et la protection des mineurs contre les abus sexuels.

Alessandro Di Bussolo - Cité du Vatican

Une Église qui «continue à parler et à ne pas se taire» pour faire émerger «le peuple de Dieu caché» qui existe déjà en Italie, beaucoup plus nombreux que ce que nous pouvons mesurer «avec les vieilles catégories», et qui se manifeste dans des moments particuliers de la vie de la société, comme la mort du frère Biagio Conte - un missionnaire laïc - à Palerme qui a suscité «une attention surprenante autour de sa figure». «Une minorité créative», selon l'intuition de Benoît XVI, «capable d'énergies de bien, qui rejaillissent sur l'ensemble de la société, qui est toujours son horizon». Telle est la perspective indiquée pour l'Église italienne par le président de la conférence épiscopale italienne, le cardinal Matteo Zuppi, dans son introduction aux travaux de la session d'hiver du Conseil épiscopal permanent. La session s'est ouverte lundi 23 janvier à Rome, au siège de l’épiscopat, et s’achèvera mercredi 25 janvier.

La voie synodale en Italie et en Ukraine

Dans sa vaste introduction, l'archevêque de Bologne évoque le Chemin synodal qui, dans sa phase d'écoute, fait émerger «une image douloureuse, mais réaliste» des Églises locales, et demande «d'identifier quelques priorités, des solutions créatives qui répondent aux nombreuses attentes de nos communautés». Il se penche sur la guerre en Ukraine, pour laquelle «nous réitérons la nécessité de la paix et l'urgence d'y parvenir avant tout par amour pour le peuple ukrainien». Le monde, invoque le cardinal Zuppi, «doit mettre un terme à cette guerre et s'attaquer sérieusement aux autres conflits ouverts, qui sont moins sous les yeux de tous, mais aussi si douloureux», conviant les paroisses italiennes à faire en sorte que chaque messe «résonne d'une prière insistante pour la paix».

 

L'école et l'église

Le président de la conférence épiscopale italienne s'interroge sur la «baisse de la participation des chrétiens à la messe dominicale après la pandémie», mais demande de toujours penser «que nos frontières sont beaucoup plus larges. L'Église ne s'arrête pas au seuil de la porte de l’église».

Trop de jeunes quittent l'Italie

À l'école italienne «laboratoire du futur», et aux pasteurs, le cardinal Zuppi rappelle la tâche de «former la conscience d'une écologie intégrale, qui concerne l'environnement mais surtout les personnes qui vivent dans cet environnement». Il a souligné le problème «de tant d'Italiens qui quittent le pays, souvent des jeunes: en 2020, 160 000 personnes, dont 120 000 citoyens italiens», symptôme d'une «société peu accueillante pour les jeunes».

La crise économique et l'augmentation de la pauvreté

Au nouveau gouvernement italien, auquel il a assuré l'engagement de l'Église «pour toute la communauté italienne», le président de la conférence épiscopale a rappelé «les morsures de la crise économique actuelle», la pauvreté en Italie ayant augmenté «considérablement depuis la crise de 2008 et avec elle l'inégalité des revenus, des richesses et des opportunités».

Appel au gouvernement: relance de la natalité

Le cardinal Zuppi a redit au nouveau gouvernement la nécessité, face à la grave crise démographique, de «mesures d'encouragement à la natalité», car «il n'est plus le temps d'attendre pour lancer une politique sérieuse de relance de la natalité au niveau national». Il salue «la volonté du gouvernement de reprendre les fils de la loi déléguée pour les politiques en faveur des personnes âgées, soit 14 millions de citoyens, visant à rééquilibrer les dépenses et les services hospitaliers sur le territoire, dans une intégration sociale, sanitaire et sociale efficace».

Enfin, les jeunes couples doivent être aidés à devenir «économiquement indépendants et à former une unité familiale». Les nouvelles générations, explique l'archevêque de Bologne, «ne doivent pas être contraintes de s'adapter au monde d'aujourd'hui, à ce que le présent offre, mais encouragées à maintenir leur ambition de changer la réalité afin de construire un avenir plus en accord avec leurs propres désirs et potentialités».

La migration n’est pas une crise mais une opportunité

Les références à la question des migrants et des réfugiés ne manquent pas, un phénomène «qui est une réalité de notre monde global, à ne pas traiter avec peur ni comme une crise, mais comme une opportunité». Un espace décisif pour l'accueil et l'intégration dans la culture est l'école, mais il est fondamental, pour le cardinal Zuppi, d'avoir «des flux d'entrée plus réguliers, des couloirs humanitaires et des regroupements familiaux». Avant tout, il est important de savoir comment nous accueillons: nous ne laissons pas les gens faire l'expérience de l'humiliation, des longues attentes, des trajets interminables, des antichambres sans signification, de la marginalisation. Des problématiques italiennes mais qui appellent l'engagement de l'Europe. L'Église, si ancrée dans l'histoire et la culture européennes, rappelle aux Européens qu'ils ne peuvent vivre pour eux-mêmes.

Contre la pédophilie, une Église aux côtés des plus fragiles

Enfin, le cardinal Zuppi rappelle que la pédophilie est un comportement qui «s'oppose clairement à l'Évangile», une question qui «concerne malheureusement des membres de l'Église institutionnelle ou des personnes liées plus ou moins directement à nous, mais qui concerne surtout tant de femmes et tant d'hommes, nos sœurs et nos frères, qui sont profondément blessés par un mal qui a ses racines dans l'usage déformé du pouvoir et qui sape à la racine la confiance dans la vie, dans les autres, dans l'Église, dans le Seigneur lui-même».

Le président de la conférence épiscopale italienne salue ainsi le travail du Service national pour la protection des mineurs de la conférence épiscopale italienne, qui a présenté, fin novembre 2022, le premier rapport national sur les activités de protection dans les diocèses italiens. «Les pas d'une Église qui veut continuer à être du côté des plus fragiles et à faire grandir une culture caractérisée par le respect, l'attention et la protection de la dignité de chaque personne».

CEI: penser à une structure plus collégiale

Enfin, en vue de la prochaine Assemblée générale des évêques italiens, du 22 au 25 mai prochain, le cardinal Zuppi appelle à «repenser» également la structure de la conférence épiscopale, de sorte qu'elle soit «plus à même d'exprimer la centralité de la Parole de Dieu, de mieux servir les Églises d'Italie et de renforcer et servir la collégialité entre nous». Car l'Église, enseigne le Concile, «existe pour mettre l'Évangile en contact avec le monde», assure-t-il. 

Mercredi 25 janvier, à 15 heures, en salle Marconi du Palazzo Pio, siège de Radio Vatican-Vatican News, le secrétaire général de l’épiscopat italien, Mgr Giuseppe Baturi, archevêque de Cagliari (Sardaigne), présentera le communiqué final de cette session hivernale du conseil permanent, lors d'une conférence de presse.

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24 janvier 2023, 14:21