Birmanie: les fidèles de Chan Thar victimes d'une attaque de l'armée
Avec Fides - Cité du Vatican
Dimanche 15 janvier, l'armée a détruit l'ancienne église de l'Assomption dans le village de Chan Thar, habité par des catholiques, dans la région de Sagaing. Seule la chappelle dédiée à l'adoration a été épargnée par les flammes, expliqué l'archevêque de Mandalay. «C'est un fait symbolique qui console les fidèles et leur rappelle que notre seul refuge est le Seigneur». Les fidèles ont confiance en Dieu, note Mgr Marco Tin Win, ajoutant: «Nous ne perdons pas espoir, car nous savons que nous avons le Seigneur avec nous.»
L'attaque a pourtant été des plus violentes: les soldats ont également mis le feu au couvent voisin des Sœurs franciscaines missionnaires de Marie. Les sœurs ont été contraintes de fuir avec quelque 3 000 villageois, dont les maisons, au nombre de 500 environ, ont également été détruites. Il ne reste que des décombres du village.
Éviter un massacre
Sœur Rita, l'une des religieuses contraintes de fuir, a déclaré à Fides qu'elle et les autres sœurs ont demandé aux habitants du village de quitter leurs maisons, et «de ne pas s'opposer aux soldats et de ne pas résister, pour éviter un massacre ou toute brutalité.» Selon elle, les soldats veulent écraser toute résistance de la part des civils. Ils entrent dans les villages, occupent des bâtiments comme les écoles et les églises et y campent. De là, ils effectuent des raids de maison en maison pour débusquer les rebelles. «Ils sont restés dans notre église pendant trois jours et quand ils sont partis, ils ont mis le feu à l'église et à notre couvent.» Leur région, souligne-t-elle, région était connue pour être l'une des plus paisibles et harmonieuses du pays. «Maintenant, c'est un lieu de dévastation et de décombres.»
Un prêtre de Chan Thar, le père Joseph, a exprimé à Fides sa déception de voir que «les militaires birmans ne sont plus les soldats professionnels d'une armée d'État, avec une éthique ou une mission de défense de la nation. Ils sont devenus des groupes armés sans contrôle, commettant toutes sortes de crimes, d'abus et de méfaits». De nombreux habitants ont encore le cœur brisé par la mort d'au moins onze enfants suite à une frappe aérienne de l'armée régulière sur une zone peuplée de civils à Sagaing en septembre.
Une époque de grandes souffrances
Si les affrontements se poursuivent ne manière inégale à travers le pays, la région de Sagaing est en effet le théatre de violences régulières. Des sources locales ont indiqué à Fides que la zone est considérée comme un bastion des rebelles des Forces de défense du peuple qui s'opposent à la junte militaire birmane au pouvoir depuis le coup d'État de février 2021.
Dans cette région d'ancienne évangélisation, où se sont installés au XIXe siècle les religieux français des Missions étrangères de Paris (MEP), sont nées de nombreuses vocations au sacerdoce et à la vie consacrée. Il y avait des séminaires, des instituts de formation de catéchistes, et une activité florissante de construction d'églises et de pastorale s'est poursuivie pendant des décennies.
Aujourd'hui, le peuple birman vit «une période de grande souffrance» regrette l'archevêque de Mandalay. «La moitié du territoire de l'archidiocèse de Mandalay est le théatre d'affrontements et cela nous inquiète beaucoup. Nous aidons des milliers de personnes déplacées à l'intérieur du pays, dans cinq centres mis en place dans cinq paroisses catholiques: nous faisons ce que nous pouvons», souligne Mgr Marco Tin Win.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici