La phase continentale asiatique du synode s’est ouverte à Bangkok

Sr Bernadette M. Reis, fsp – envoyée spéciale à Bangkok

Mgr Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo et Secrétaire général de la Fédération des conférences épiscopales d'Asie (FABC) a présidé la messe d'ouverture de cette assemblée continentale asiatique. Dans son homélie, il a proposé une réflexion sur le chemin synodal en Asie et rapporté ses expériences personnelles en tant que missionnaire en Afrique.

Il s’agit de «marcher ensemble sur le chemin synodal», «malgré toutes sortes de difficultés», a commencé Mgr Kikuchi devant les participants venus de 23 pays. Parmi celles-ci, le défi de «traduire les documents officiels dans tant de langues différentes en Asie» et le fait de ne pas être «capable de rassembler les gens à cause de la pandémie». Il a toutefois fait remarquer que le processus synodal n'est pas un événement qui se terminera bientôt, mais que ce dernier fait partie de «la nature fondamentale de l'Église». Par conséquent, «nous savons que ce cheminement se poursuivra après les réunions actuelles», a-t-il déclaré.

Une expérience fondatrice

L'archevêque nippon a ensuite rappelé deux expériences qu'il avait vécues en Afrique. La première, un incident qui s'est produit en 1995 à Bukavu, alors au Zaïre, où il travaillait dans un camp de réfugiés. Les personnes fuyant le génocide au Rwanda avaient trouvé refuge dans ce camp. Pendant son séjour de trois mois, il a été victime d'une attaque armée qui a duré deux heures. Au cours de cette attaque, il a été témoin du meurtre de trente réfugiés. À cause de cette expérience, l'archevêque a expliqué qu'il ne pouvait plus supporter de regarder un feu d'artifice.

Un peu plus tard, lorsqu'il a visité à nouveau le camp, il a demandé à l'un des responsables des réfugiés ce dont ils avaient besoin. «Je savais qu'il y avait des pénuries de tout, pas assez de nourriture, pas assez de vêtements, pas assez de médicaments et pas d'éducation pour leurs enfants». Mais la demande qui lui est parvenue ne concernait rien de cela. «Père, quand tu retourneras au Japon, dis aux gens que nous sommes toujours là. On nous oublie», a-t-il entendu. C'est cette demande qui a conduit l'archevêque à conclure que «l'indifférence pourrait tuer les personnes qui ont besoin d'aide».

Une solidarité à toute épreuve

La deuxième expérience relatée par l'archevêque remonte à l'époque où il était curé «dans un village du sud du Ghana, de 1987 à 1994». Malgré la pauvreté de l'économie et une grave sécheresse qui empêchait les agriculteurs locaux de subvenir aux besoins de leurs familles, il avait remarqué que «les gens semblaient heureux dans leur vie, surtout lorsqu'ils venaient à l'église pour la messe du dimanche». Il se souvient particulièrement des chants et des danses, ainsi que des sourires sur les visages des fidèles. Lorsqu'il leur a demandé «comment ils pouvaient être si heureux malgré toutes ces difficultés», on lui a répondu qu'ils avaient la "magie du Ghana". Cette "magie" était la «conviction que dans les difficultés, personne n'est oublié par les autres. Quelqu'un viendra vous aider. Quelqu'un se souciera toujours de vous. C'est ça la "magie"».

Ces deux expériences combinées ont amené l'archevêque à conclure: «L'indifférence pourrait tuer les personnes qui ont besoin d'aide, mais la solidarité produirait l'espoir de vivre».

L’Église, ferment d’espérance

Mgr Kikuchi a ensuite rappelé deux crises actuelles qui ont toutes deux débuté en février. Il y a deux ans, «la paix et la stabilité de notre voisin d'Asie, la Birmanie, ont été emportées et il faut encore prier pour rétablir la paix dans ce pays». Et «il y a exactement un an, la crise en Ukraine a commencé. Nous devons nous souvenir du peuple ukrainien et de toutes les personnes impliquées dans cette guerre et prier pour la paix», a-t-il déclaré.

Alors que la pandémie et ces conflits armés conduisent à «errer dans l'obscurité sans aucune lumière» et que l’incertitude prévaut, l'archevêque a redit la nécessité de la solidarité. «Telle est la mission de l'Église… être au centre de la production de l'espérance», a-t-il souligné, et ne jamais «être la source du désespoir ou de la tristesse. Nous devons être la source de l'espérance parce que nous avons l'Évangile de la vie, [l'] Évangile de l'espérance, et nous sommes ceux qui marchent ensemble dans la solidarité sur le chemin de la synodalité».

L'archevêque de Tokyo a conclu son homélie en invitant les délégués à «demander au Père miséricordieux de nous envoyer l'Esprit Saint afin que nous puissions trouver le chemin de Dieu pour être des personnes de Dieu qui marchent solidairement sur le chemin synodal».

Parmi les 80 participants, qui représentent les Églises locales, on dénombre 6 cardinaux, 23 évêques, 28 prêtres, 4 religieuses, 7 hommes laïcs et 12 femmes laïques. Leurs travaux s’achèveront dimanche 26 février au soir.