Les Églises de Syrie au chevet des victimes du séisme
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
Officiellement, 3600 personnes ont perdu la vie en Syrie dans le tremblement de terre du 6 février mais ce chiffre provisoire pourrait bien être bien plus élevés, certains territoires étant isolés et les communications difficiles en raison de la guerre. L’aide humanitaire a commencé à affluer dans le pays notamment par les points de passage de Bab al-Salam et de Al Ra’ee, situés entre la Turquie et la Syrie. Des pays arabes, dont l’Arabie saoudite et le Qatar, jusqu’alors en froid avec le régime de Bachar al Assad, ont envoyé de quoi soulager les survivants.
Les Églises chrétiennes sur place s’organisent aussi pour contribuer à l’effort général malgré leurs faibles moyens et les difficultés logistiques, d’autant que les informations disponibles en provenance d’Idleb et sa région ne sont pas nombreuses. Le père Jacques Mourad, archevêque syriaque-catholique de Homs et Hama, raconte qu’à Alep, qui fut aussi touché par les secousses, «les gens ont dû sortir de chez eux, dormir dans la rue, dans leur voiture, dans des classes, des églises ou des mosquées car ils ont été très choqués».
Ce séisme intervient alors que la principale ville du Nord de la Syrie, Alep, «est déjà pour partie détruite par la guerre» souligne l’archevêque siriaque-catholique. «Il n’y a pas beaucoup de possibilité de trouver des maisons à louer pour les gens qui ont perdu un toit».
Les Églises se coordonnent
Face à cette catastrophe, les Églises ont donc créé sous l’impulsion du nonce apostolique, le cardinal Zenari, qui a réuni toutes les Églises, orthodoxes, catholiques et protestantes, un comité pour gérer les dons en argent reçus et coordonner l’aide matérielle. Sa présidence a été confiée à Mgr Antoine Audo, l’évêque chaldéen d’Alep.
Dès que la nouvelle du séisme s’est répandue, les Églises et toutes leurs structures en Syrie «ont ouvert leurs portes pour accueillir les sinistrés» explique le père Mourad. «Elles s’occupent de donner tout ce qu’il faut, comme la nourriture, les couvertures, des vêtements, des matelas, tout ce qui est nécessaire pour la vie au quotidien» poursuit-il.
Le comité va même au-delà de l’urgence immédiate et récupère déjà les informations nécessaires à la restauration des maisons endommagées, car «ce n’est pas possible que les gens restent dans la rue». Les besoins sont immenses: le secrétaire général de l’ONU a lancé un appel aux dons de près de 400 millions de dollars pour aider les populations victimes pendant trois mois. Cinq millions de personnes sont concernées.
Dans les jours qui ont suivi le tremblement de terre, les responsables des différentes Églises de Syrie ont demandé la levée des sanctions occidentales contre leur pays qui freinent l’acheminement de l'aide humanitaire. «Le peuple syrien a le droit de vivre avec dignité, libre, à tous les niveaux et notamment économique. Vous n’avez pas idée du niveau de pauvreté que nous avons atteint. Ce que nous vivons, c’est vraiment l’exemple de l’injustice internationale» s’insurge l’archevêque de Homs et Hama. À titre d’exemple, «cet hiver, tous les prêtres résidant dans notre évêché, n’ont pas pu se chauffer, ils n’ont pas pu prendre au moins une douche par semaine». Et de s’interroger au sujet de tous les Syriens: «Pourquoi? Qu’avons-nous fait de mal pour en arriver là?»
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