Méditation du 6è dimanche du temps ordinaire A: choisir la vie nouvelle en Jésus

Lectures: Si 15, 15-20 ; Ps 118 (119), 1-2, 4-5, 17-18, 33-34 ; 1 Co 2, 6-10 ; Mt 5, 17-37

Les textes proclamés dans la liturgie de ce dimanche nous plongent dans une radicalité. «Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu: étends la main vers ce que tu préfères», dit le Siracide dans la première lecture. «C’est bien de sagesse que nous parlons (…) mais ce n’est pas la sagesse de ce monde, la sagesse de ceux qui dirigent ce monde et qui vont à leur destruction», s’exclame Paul devant les Corinthiens. «Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’. Ce qui vient de plus vient du Mauvais», lance Jésus à ses disciples dans l’Evangile. Les auditeurs de ces différentes lectures sont invités à prendre une forte décision: choisir une vie nouvelle, qui ne relève pas de la logique de ce monde.

Confrontés à la radicalité d’un tel appel, nous pouvons hésiter. Ce mode de vie alternatif ne risque-t-il pas d’être une manière de construire une sorte de secte dont les membres – les «purs» - mépriseraient tout ce qui se situerait en dehors de leur groupe ? Ou encore: Jésus ne dessine-t-il pas devant ses disciples un chemin qu’aucun être humain n’est capable de prendre? Ecoutons en effet ces paroles: «Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement», «Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur», «ne jure pas […] sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir». Les hésitations que nous pouvons ressentir peuvent mener au scepticisme, voire au découragement tant toutes ces perspectives sont au-delà de nos forces. Vivre d’une vie nouvelle en suivant Jésus n’est pas un gentil aménagement de notre vie ordinaire. Cela veut dire: nous mettre résolument à la suite du Christ afin de construire notre quotidien sur le fond d’une familiarité avec Dieu.

Alors, comment faire? – regarder comment Jésus a vécu. Jésus ne s’est pas éloigné du monde de son temps en prétendant fonder une secte de «purs», mais il est allé à la rencontre de tous pour annoncer la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu qui vient. Jésus n’a pas sélectionné les personnes qu’il rencontrait en fonction de quelque plan de communication, mais il est allé au-devant des hommes, des femmes et des enfants de Galilée et de Judée. Il a ainsi accueilli les pécheurs et les publicains et il a débattu avec ses contradicteurs – principalement les hommes vertueux qu’étaient les pharisiens et les docteurs de la Loi. Il s’est laissé émouvoir par les étrangers – comme par exemple une femme de Canaan ou un centurion romain – qui avaient recours à lui. Il a refusé les compromissions et les attraits du pouvoir afin de suivre un chemin de compassion, de guérison et de salut.

Jésus n’a pas prêché d’abord une morale, mais il a témoigné de la présence de Dieu dans la vie de tout être humain, et c’est l’accueil de cette présence de Dieu qui transforme, en conséquence, nos existences humaines. Parfois cette transformation se produit de manière soudaine et bouleversante, parfois elle est le fruit d’une maturation ponctuée de nombreux combats intérieurs … mais c’est toujours d’une transformation qu’il s’agit. Nous pouvons penser, les uns et les autres, à telle figure de saint dont nous savons qu’ils ont vécu des conversions radicales (Saint François d’Assise, Saint Ignace de Loyola, Saint Charles de Foucauld, pour ne citer que ceux-là), mais nous pouvons penser également à toutes ces personnes – que peut-être nous sommes les seuls à connaître – qui, par leur manière de soutenir autrui au risque de s’oublier eux-mêmes, sont de vrais disciples de Jésus.

Que le Seigneur nous ouvre toujours plus à cette sagesse qui témoigne de Son amour pour tout être humain! Puissions-nous voir en Jésus celui qui propose cette sagesse à chacun d’entre nous, membre du peuple chrétien, quelle que soit notre origine, notre culture ou notre position dans la société!