Les Cendres

Méditation du Mercredi des Cendres: «se dépouiller pour trouver la force en Dieu»

Le père jésuite Adrien Lentiampa Shenge nous introduit à la méditation, avec les lectures du Mercredi des Cendres.

Lectures: Jl 2, 12-18    Ps 50, 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17    2 Co 5, 20 – 6, 2    Mt 6,1-6.16-18

Chers Frères et Sœurs,

Avec le rite d’imposition des cendres de ce jour, s’ouvre le temps de carême qui nous prépare à la fête de Pâques. Ce temps de carême constitue donc un temps fort, un «moment favorable», car il nous donne la possibilité de repartir sur les nouvelles bases pour vivre pleinement du salut apporté par le Christ.

Pour ce faire, il est bon de nous entendre dire, de la part du prophète Joël, dans la première lecture: «revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux». Oui, le temps de carême est d’abord un temps où nous nous employons à revenir totalement au Seigneur, à prendre un nouveau départ dans notre vie de foi, en renforçant notre lien avec le Seigneur, pour accueillir son salut et expérimenter sa tendresse, sa miséricorde. Le carême est donc l’occasion pour nous de répondre à l’invitation que nous adresse Saint Paul dans la deuxième lecture de ce jour: «laissez-vous réconcilier avec Dieu!». Et sous la plume de Saint Paul, «c’est Dieu lui-même qui nous lance cet appel». Il s’agit pour nous de «ne pas laisser sans effet la grâce» de notre salut, la grâce de notre baptême, la miséricorde que Dieu s’emploie à nous manifester en son Fils.

C’est pourquoi, comme nous le rappelle la prière de collecte de la messe de ce jour, nous devons considérer ce temps de carême comme un entraînement au combat spirituel, un moment de fortification pour lutter contre l’esprit du mal en nous et dans le monde. Et les armes pour ce combat sont énumérées dans l’évangile de ce jour: l’aumône, la prière et le jeûne.

En effet, par l’aumône, nous imitons la libéralité de Dieu en faisant bon usage des biens reçus de la providence, les mettant à la disposition de ceux qui en manquent. Alors que la tendance égoïste de l’homme est d’abord de tout garder pour soi, l’aumône manifeste ainsi notre détachement des choses qui passent en faveur de l’amour pour Dieu et pour nos frères et sœurs.

Quant à la prière, elle signifie la centralité de Dieu dans notre vie, et le besoin de recevoir constamment de lui notre existence de chaque jour. Prier, c’est, en effet, se reconnaitre créature, ou, mieux, enfant de Dieu, ayant continuellement besoin d’être en lien avec lui. Ce n’est pas pour rien qu’en nous apprenant à prier, Jésus nous invite à dire: «Notre Père». Prier, c’est faire de Dieu la source, le centre et le fondement de sa vie.

Par le jeûne, nous acceptons de nous décentrer, de nous dépouiller totalement de nous-mêmes pour laisser tout l’espace de notre être à Dieu, de manière à ce qu’il devienne le «Tout» de notre vie. Le jeûne, tout en étant une arme efficace dans la lutte contre le péché, signifie ainsi le désir de laisser Dieu prendre totalement possession de sa créature, en son corps et en son âme. Ainsi l’aumône, la prière et le jeûne sont liés: ils se complètent et renvoient l’un à l’autre.

En ce jour où, par l’imposition des cendres, nous reconnaissons notre fragilité, nous qui sommes tirés de la terre et sommes destinés à y retourner, demandons au Seigneur de nous accorder de vivre intensément ce temps de carême pour trouver en lui notre force dans la lutte contre le mal. Demandons-lui de nous donner de vivre ce moment de dépouillement de nous-mêmes, non seulement de manière extérieure et rituelle, mais profondément, pour que la célébration de Pâques fasse de nous des hommes et des femmes nouveaux, de la nouveauté qu’apportent la mort et la résurrection du Christ.

AMEN

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21 février 2023, 15:27