Soudan du Sud: un évêque en pèlerinage pour accueillir le Pape pèlerin

Federico Piana / Adelaide Patrignani – Cité du Vatican

Comme les six autres évêques du Soudan du Sud, il est venu à Juba pour accueillir François, mais à pied. Mgr Christian Carlassare, évêque de Rumbek depuis mars 2021, a parcouru quatre cents kilomètres en neuf jours, avec des haltes pour découvrir neuf paroisses différentes. Le prélat d’origine italienne était accompagné de nombreux jeunes de son diocèse pour accomplir ce pèlerinage, qui l’a mené du centre du pays jusqu’à la capitale du plus jeune État du monde. Un pays majoritairement chrétien, parmi les plus pauvres du continent africain.

Mgr Carlassare nous décrit le visage de l’Église catholique sud-soudanaise que le Pape François s’apprête à découvrir.  «Du point de vue des structures, il trouvera une Église très simple, qui a été aux côtés de la population, qui a souffert du conflit, et dans beaucoup de cas, c’est aussi une Église sans grandes structures ni institutions, mais vraiment proche du peuple, explique-t-il à Vatican News. En ce moment il trouve aussi une Église joyeuse, pleine d’espérance, parce qu’après plusieurs années au cours desquelles quelques sièges étaient vacants, tous les diocèses, les sept diocèses du Soudan du Sud, et les deux du Soudan, au Nord, ont un pasteur, un évêque. Le deuxième a justement été ordonné il y a deux semaines à Torit, pour la joie de tous. Donc le Pape trouvera tous les évêques unis pour l’accueillir, avec les chrétiens aussi… Un épiscopat plutôt jeune, nouveau, parfois peu expert, mais avec un grand désir de se mettre au service, et de se remettre en marche à nouveau», assure l’évêque de Rumbek.

Un œcuménisme en actes

Le Saint-Père vient réaliser un pèlerinage œcuménique pour la paix, aux côtés du primat de l'Église anglicane, Justin Welby, et du modérateur de l'Église d'Écosse, Ian Greenshields. Mgr Carlassare rappelle combien les Églises chrétiennes sont une force pour la réconciliation de ce pays meurtri par les violences inter-ethniques depuis dix ans:

«Je crois que cette caractéristique œcuménique est très importante là où le Pape vient avec d’autres responsables des Églises chrétiennes, parce qu’au Soudan du Sud nous avons une expérience unique, où toutes les Églises ont vraiment été unies dans l’évangélisation, et dans le fait de découvrir que cette évangélisation nous amenait à parler de paix, de justice, de réconciliation, souligne l’évêque combonien. Cela nous a aussi conduits à être réunis dans le Conseil des Églises du Soudan du Sud: une action univoque donc, aussi de dialogue avec le gouvernement, dans des territoires où il y avait des conflits. L’inspiration du Pape a été et est un grand don: la découverte du fait que l’œcuménisme, qui est peut-être né en chaire, qui a un aspect théologique et académique, devient encore plus vivant désormais dans notre expérience de mission, là où nous sommes en mission, où nous évangélisons, nous parlons de Jésus Christ… c’est là que nous nous rencontrons à nouveau, comme frères et sœurs», note Mgr Carlassare.

La dimension œcuménique de cette venue de François au Soudan du Sud sera particulièrement visible samedi 4 février, lors de la prière œcuménique qui aura lieu à 18h00 (heure locale) au Mausolée John Garang, à Juba.