L’Église de France a voulu porter au Synode la voix des victimes d’abus
Entretien réalisé par Antonella Palermo - Prague
Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, a suivi l’Assemblée synodale européenne à Prague cette semaine. Il revient sur cette expérience pour Vatican News.
Dans ce parcours synodal, quel est le message principal que les évêques français peuvent ou veulent transmettre aux Églises des autres pays du continent européen?
Le message principal, c'est d'abord ne pas oublier que nous sommes dans un contexte où nous avons découvert les violences des agressions sexuelles commises par des prêtres. Cela a beaucoup d'importance et transforme beaucoup l'image de l'Église et appelle l'Église à une immense transformation qui consiste à écouter et à mettre au centre cette attention aux personnes blessées, les personnes abusées.
Si nous voulons être l'Église du Christ, il nous faut porter cela et lier ce premier pan au second pan de notre message, qui est de dire qu'il nous faut aussi essayer d'organiser notre Église pour que la voix des personnes en précarité, la voix des personnes handicapées puissent être entendues, pas seulement de temps en temps, mais puissent aussi contribuer à la décision et à l'orientation de la vie de l'Église.
Quelles ont été les thématiques présentées par d'autres pays et qui auraient majoritairement retenu votre attention et qui aurait du sens aussi pour l'Église de France?
Il y a tout d’abord les témoignages venus des Églises qui sont à l'est de l'Europe ou dans les Balkans et qui ont évoqué les martyrs qui sont pour elles assez récents. Ce furent des témoignages de foi très puissants, très forts, donnés par des gens simples et qui ont marqué leur attachement au Christ.
L'autre expérience, c'est celle de l'humanisme qui dans beaucoup de pays est une nécessité et qui permet un témoignage chrétien plus fort.
De quelle manière les racines chrétiennes de l'Europe peuvent-elles être une source de richesse pour le synode?
Alors les racines chrétiennes de l'Europe, il faudrait du temps pour les développer. Mais j’ai été intéressé par la conférence spirituelle du professeur Halik, qui a dit que le cœur de l'Europe, finalement, c'était la question de la liberté de conscience. Alors je pense que l'Église a apporté cela dans l'Empire romain par exemple. Cela a été une difficulté pour elle face au libéralisme du XIXe siècle. Mais finalement, nous voyons bien que la question de la liberté de conscience a été portée très fortement, notamment à l'Est de l'Europe, notamment pendant la période communiste, par exemple par Jean-Paul II, et cela me parait une réalité très importante de l'Europe qui conditionne beaucoup d'éléments dans la vie de l'Église aujourd'hui et que l'Europe peut porter aussi comme une lumière pour les autres nations.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici