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Le cardinal Zuppi, président de la CEI, à l'ouverture de la session de printemps du Conseil épiscopal permanent. Le cardinal Zuppi, président de la CEI, à l'ouverture de la session de printemps du Conseil épiscopal permanent. 

La gestation pour autrui est inacceptable pour l’Église italienne

À l’issue de sa session de printemps, le Conseil épiscopal permanent italien dénonce la maternité de substitution, une «pratique qui chosifie les femmes et les enfants à naître». Les évêques invitent à ne pas superposer la question de la GPA à la reconnaissance à l'état civil des enfants de couples de même sexe.

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

De la dénonciation de ce qu'on appelle en Italie «l'utérus à louer» à la douleur ressentie après le dernier naufrage d’une embarcation de migrants au large de la Calabre, en passant par les réponses de l’Église italienne aux abus, autant de thèmes abordés par les évêques italiens réunis pour la session de printemps du Conseil épiscopal permanent de la CEI, du 20 au 22 mars à Rome.

La maternité de substitution

Premier sujet d’actualité dans la péninsule dont les évêques italiens se sont saisis, la question de la gestation pour autrui, contre laquelle une centaine de juristes, médecins et philosophes de 75 pays ont signé début mars «la Charte de Casablanca» pour une convention internationale qui l'interdise.   

«La famille, lit-on dans un communiqué du Conseil épiscopal permanent italien, est et reste le pilier de la société, la garantie de la prospérité et de l'avenir. Reconnaître l'institution familiale dans son originalité, son unicité et sa complémentarité, c'est protéger en premier lieu les enfants, qui ne peuvent en aucun cas être considérés comme un produit ou l'objet d'un désir, certes compréhensible. En ce sens, de nombreuses personnes reconnaissent aujourd'hui, bien qu'avec des idéaux différents, que les pratiques qui font de la femme et de l'enfant à naître des marchandises sont inacceptables».

En ce sens, les évêques ont rappelé à l’issue de leur rencontre les paroles sans équivoque du Pape lors de son audience devant les membres de la Fédération des associations familiales catholiques en Europe (10 juin 2022), à la suite de laquelle les évêques italiens étaient tous d'accord pour condamner cette «pratique inacceptable», car elle «risque de chosifier les femmes, surtout les plus pauvres, de transformer les enfants en objets de contrat, et ne correspond pas à l'idée de la maternité comme don», affirment les évêques. Ils ne se sentent pas seuls dans ce combat contre la GPA puisque, affirment-ils, «même ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne sont d'accord sur la question».

En même temps, il a recommandé de «ne pas superposer» la question des mères porteuses avec l'autre question épineuse de la reconnaissance à l'état civil des enfants de couples de même sexe. «Les statistiques soulignent que des pratiques (telles que la GPA) concernent surtout les couples hétérosexuels», souligne le secrétaire de la CEI. Ainsi, à la question de savoir si l'inscription à l'état civil n'est pas un «cheval de Troie» pour parvenir à la mise en pratique de la GPA, Mgr Baturi a répondu: «Ce qui me préoccupe le plus, c'est que dans les discussions sur les instruments juridiques à mettre en place pour réglementer une question aussi délicate, on insère des motifs de propagande et on utilise des slogans qui ne visent pas la protection de la dignité de la personne. Si l'on crée des clivages pour affirmer certaines visions, on risque de ne pas s'intéresser au véritable objet de la question, à savoir la dignité de la personne».

En tout état de cause, a précisé Mgr Baturi, il s'agit d'une «question délicate» avec des «implications juridiques» qu’il convient d’étudier plus en profondeur.

Volonté d'élargir les espaces légaux de migration

À la suite du dramatique naufrage survenu le 26 février sur la côte de Steccato di Cutro en Calabre, qui a coûté la vie à plus de 80 personnes, le Conseil épiscopal permanent a exprimé sa «gratitude envers ceux qui ont tout fait pour venir en aide à ces personnes, signe de la générosité du peuple italien, de son grand cœur», a déclaré Mgr Baturi. Mais à la lumière de cette énième tragédie, les évêques ont souligné «la faiblesse des réponses mises en œuvre». Faiblesse qui se traduit surtout par le fait que face à un phénomène d'ampleur «mondiale», comme l'a démontré l'origine asiatique des victimes de Cutro, on ne peut le gérer uniquement avec «une politique de contrôle, de restriction, d'endiguement et d'ordre public, mais qui ne sait pas saisir le véritable enjeu: protéger les vies, les aider, les accompagner dans les processus d'intégration» a précisé le communiqué de la CEI.

L'intégration est «un avantage pour tous», a souligné Mgr Baturi, «nous avons tous besoin d'une nouvelle société». Pour l'archevêque de Cagliari, le discours sur la «sauvegarde des pays d'origine» et la «liberté de rester» est juste, mais, a-t-il précisé, «seulement s'il y a des conditions de vie décentes». Or, dans de nombreuses régions du monde, ce n'est pas le cas. Les évêques italiens ont également exprimé leur volonté de poursuivre la mise en œuvre des couloirs humanitaires, afin «d'élargir les espaces des voies légales de migration qui peuvent sauvegarder des vies et retirer l'oxygène malade des organisations criminelles».

Gestion des abus sexuels

613 dossiers de l'Italie à la Doctrine de la Foi. Interrogé sur la question des abus commis par des membres du clergé italien, la Conférence épiscopale italienne a rappelé l'accord signé avec la Commission pontificale pour la protection des mineurs. Le secrétaire de la CEI a assuré que depuis novembre (mois au cours duquel le premier rapport sur les abus dans l'Église italienne a été lancé) jusqu'à ce jour, le nombre de centres d'écoute a augmenté. «Nous sommes maintenant proches de couvrir tout le territoire». La publication des actes de l'enquête précédente et la mise en œuvre d'activités de formation pour des «experts capables de qualifier les phénomènes et d'exprimer des politiques de prévention et de répression» sont également à l'ordre du jour. Des volumes sur la prévention des phénomènes, la formation dans les séminaires et les bonnes pratiques dans les paroisses seront également publiés. Enfin, on travaille sur un deuxième rapport attendu pour le novembre prochain. Ce ne sera pas le dernier, assure Mgr Baturi. «Nous espérons avoir toutes les données des diocèses italiens, afin d'avoir non seulement des photographies de la situation, mais un film sur l'évolution diachronique du phénomène et la capacité d'y faire face».

Abandonner les célébrations en ligne

Parmi les autres thèmes abordés, comme la collaboration avec les institutions européennes, l'abstentionnisme politique en Italie et le parcours du Synode, celui des célébrations en ligne, héritage de la période de blocage du Covid, a également émergé. La CEI juge temps d'abandonner désormais les célébrations sur internet. 

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23 mars 2023, 17:15