Malawi: l’Église au chevet des victimes du cyclone Freddy

300 personnes restent portées disparues après le passage du cyclone Freddy, le 12 mars dernier. Au moins 447 personnes ont été tuées. Près de 350 000 sinistrés ont dû quitter leur foyer. Le Centre jésuite pour l'écologie et le développement appelle à l'aide et à la prévention des catastrophes.

Linda Bordoni – Cité du Vatican

Le bilan des glissements de terrain et des inondations provoqués par le cyclone Freddy, qui s'est abattu sur l'Afrique australe la semaine dernière, continue de s'alourdir: des centaines de personnes ont été tuées, des maisons ont été détruites, des terrains dévastés, et des centaines de milliers de personnes déplacées.

Dans le pays le plus durement touché par le cyclone, le Malawi, des villages entiers ont été emportés par les eaux et les communautés se sont réfugiées dans des écoles et des camps de fortune. Les agences humanitaires, y compris les organisations gérées par l'Église, sont sur le terrain pour apporter de l'aide aux personnes qui ont tout perdu.

Une visite de solidarité


Depuis la capitale du Malawi, Lilongwe, le Centre jésuite pour l'Écologie et le Développement est engagé dans le renforcement de la résilience, l'adaptation et le plaidoyer pour la justice climatique, en ciblant les personnes les plus touchées et les plus vulnérables dans les communautés rurales et marginalisées.

«Ce qui inspire notre travail, c'est ce à quoi notre Pape François nous invite: entendre le cri des pauvres et le cri de la terre. Et pas seulement à entendre, mais aussi à agir», déclare Martha Phiri, chercheuse en sciences politiques et responsable du plaidoyer pour le JCED.

Elle a évoqué au micro de Radio Vatican la visite de solidarité entreprise par son équipe en collaboration avec Caritas Malawi, et rejointe par plusieurs évêques des régions touchées, pour évaluer les besoins les plus urgents de la population, fournir une aide d'urgence, apporter du réconfort.

Le chaos dans les camps

Dans le sud du pays, la région la plus touchée, l'équipe a suivi de longues de routes interrompues et les traces de coulées de boue qui ont conduit aux destructions, pour se retrouver avec des milliers de personnes rassemblées dans des «camps d'évacuation». 

«C'est le chaos. Nous avons tant de centres d'évacuation et de camps temporaires avec un grand nombre de personnes déplacées», regrette Martha Phiri. De nombreux centres d'évacuation se trouvent dans des écoles, ce qui signifie que les écoles sont fermées.

Au cours de leur visite, de la nourriture et d'autres articles comme des vêtements, des chaussures, des couvertures et des seaux ont pu être distribués. Mais «nous avons besoin de plus de soutien».

«Ces gens ont tout perdu et arrivent dans les centres d'évacuation sans rien. Ils n'ont plus d'espoir. Tout est anéanti», affirme Martha Phiri. Elle juge la situation «très, très» mauvaise.

Martha Phiri avec des sinistrés.
Martha Phiri avec des sinistrés.

Désespoir et consolation

Outre le manque de produits de première nécessité, ce qui a le plus frappé la chercheuse, c'est le désespoir de ceux qui n'ont plus rien. «Dans les camps, la situation est très triste. Lorsque j'étais là-bas, j'ai vu des enfants pleurer désespérément, ne sachant pas où sont leurs parents. Ils n’ont pas été informés que leurs parents n'étaient plus là», a-t-elle déclaré. Elle juge nécessaire de trouver la meilleure manière d’accompagner ces personnes en tenant compte non seulement de leurs besoins matériels, mais aussi «en les aidant à guérir également d'un point de vue psychologique parce qu'elles ont été traumatisées».

Se préparer aux catastrophes

Bien que le Malawi n'en soit pas à sa première catastrophe naturelle causée par le changement climatique, selon Martha Phiri, personne ne s'attendait à ce qu'une grande ville comme Blantyre subisse autant de dévastations et de dégâts. «C’est une leçon», la responsable plaidoyer du JCED invite l'État à renforcer la prévention et la préparation aux catastrophes dans un pays où «les pauvres paient le plus lourd tribut au changement climatique». Si des mesures préventives avaient été pensées, «l'impact n'aurait peut-être pas été aussi important».

La proximité du Pape

La semaine passée, lors de l'audience générale le Pape François a exprimé sa douleur pour les victimes de la catastrophe naturelle et sa proximité avec toutes les personnes touchées par le cyclone ; des paroles transmises au peuple du Malawi, principalement par l'intermédiaire des paroisses. «Ces paroles du Pape sont importantes», affirme-t-elle. «Voir le Pape être avec nous, cheminer avec nous, et essayer de nous donner de l'espoir, est très réconfortant».

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21 mars 2023, 13:59