L'appel à la compassion d'un évêque britannique envers les migrants
Vatican News (avec agences)
Il est «absolument essentiel que nous reconnaissions que nous sommes les gardiens de nos frères et sœurs dans le débat actuel sur l'immigration au Royaume-Uni», déclare l’archevêque catholique de Southwark, Mgr John Wilson. S’adressant à Catholic News, de la Conférence des évêques catholiques d'Angleterre et du Pays de Galles, après le lancement de Caritas Southwark, le prélat invite à accorder une importance à la dignité de la personne humaine.
Alors que le Parlement britannique examine le projet de loi sur l'immigration illégale, qui interdirait aux migrants traversant la Manche de demander l'asile au Royaume-Uni, Mgr Wilson note que les problèmes liés à l'arrivée des demandeurs d'asile au Royaume-Uni «doivent être résolus de manière humaine, et non pas simplement en isolant les gens, en les coupant du monde, en les rejetant ou en les transportant ailleurs».
«Cela n'aide personne», lance-t-il, invitant à privilégier la communication pour trouver des solutions globales. «Il faut que les pays se parlent, qu'ils établissent des partenariats et qu'ils fassent preuve de compassion pour mettre en œuvre de vraies solutions, et non de simples réactions instinctives» qui «semblent résoudre un problème au détriment de la dignité de la vie humaine. Pour moi, c'est tout simplement absurde», déplore Mgr Wilson.
Une politique inauthentique
L’archevêque pense que «la réponse clé est de passer outre la politique - la politique est importante, bien sûr - mais la politique doit être au service de la personne humaine et de la dignité de la personne humaine», insiste-t-il. «Une politique qui n'est pas au service de la personne humaine est inauthentique», ajoute-t-il. Bien sûr, il y a d'autres considérations dans tout cela – «j'en suis conscient, je ne suis pas naïf - mais lorsqu'une personne est dans le besoin, la première exigence est que nous lui tendions la main».
Pour lui, c'est la vérité fondamentale de l'Évangile: lorsqu'une personne est dans le besoin, «ma réponse en tant que chrétien - ma réponse en tant qu'être humain - est de lui tendre la main dans l'amour et le soutien».
Les témoignages
Mgr Wilson raconte avoir visité il y a quelques mois, la station de sauvetage du port de Douvres et entendu parler du «travail incroyable» que font les sauveteurs pour secourir les personnes «qui ont pris la décision incroyable d'essayer d'échapper à la persécution, aux difficultés, à la guerre dans de nombreux cas et de traverser la Manche».
«C'était incroyable d'entendre les témoignages de ceux qui travaillent sur les canots de sauvetage à Douvres», rapporte-t-il. Ils ont simplement dit: «Notre mission a toujours été et sera toujours de sauver les personnes en danger en mer. Nous ne leur demandons pas qui ils sont ni d'où ils viennent. Cela m'a vraiment impressionné», confie l'archevêque.
L'Instituition royale nationale des bateaux de sauvetage, la RNLI (Royal National Lifeboat Institution), a essuyé de nombreuses critiques, mais selon le prélat anglais, elle accomplit un «travail incroyable, tout comme les églises et les différentes organisations communautaires» qui s'efforcent d'accueillir et de soutenir les réfugiés dans cette partie du monde.
L'asssitance des personnes désespérées
Il s'agit d'une sorte de grande controverse et de grands enjeux politiques qui ne font pas face à la question cruciale, à savoir que «nous avons devant nous des personnes qui ont désespérément besoin d'aide. Et si nous perdons de vue les besoins désespérés de ces personnes, nous perdons de vue notre conscience en tant que pays», ajoute Mgr Wilson.
Le projet du Rwanda
Le gouvernement conservateur a été critiqué pour son projet d'envoyer un grand nombre de demandeurs d'asile au Rwanda pour qu'ils y soient traités, bien que ce pays africain ait des antécédents douteux en matière de droits de l'homme.
Selon la BBC, 45 756 migrants ont traversé la Manche pour rejoindre la Grande-Bretagne à bord de petites embarcations en 2022. Le Conseil des réfugiés affirme que sur l'ensemble des personnes qui ont traversé la Manche l'année dernière, deux tiers se verraient accorder l'asile, nombre d'entre elles provenant de pays déchirés par la guerre tels que l'Afghanistan, l'Iran, l'Érythrée, le Soudan et la Syrie.
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