Le centre Astalli pour les réfugiés présente son rapport 2023
Marie José Muando Buabualo – Cité du Vatican
Le rapport 2023 du centre Astalli a pour objectif de devenir un outil de travail pour comprendre et trouver des solutions aux difficultés que les demandeurs d’asile et les réfugiés rencontrent dans leur parcours de recherche de protection, d'accueil ou d'intégration. À travers ce rapport, Astalli cherche à faire ressortir les défis à relever face à cette migration forcée, notamment la vulnérabilité, la prise en charge et l'inclusion sociale. À travers les trois verbes qui composent la mission du Service Jésuite des Réfugiés, à savoir, accompagner, servir et défendre les droits des réfugiés, Astalli souligne combien le chemin parcouru en 2022 avec la crise en Ukraine est long. Faisant le point de son objectif d’accueillir dignement les réfugiés et sortir de la logique de l’urgence, le centre Astalli indique que plusieurs d’entre eux sont des survivants de violences et de tortures dans leurs pays d'origine et/ou de transit comme la Libye ou les Balkans.
Au moins cent millions de personnes ont fui leur pays en 2022
Le nombre de personnes ayant fui leurs pays en 2022 s’est accru avec la crise ukrainienne. Au cours des trois premiers mois de l’année dernière, au moins 72 000 personnes venues du monde entier ont fui leur pays. Se basant sur les données du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, juste un petit pourcentage d'entre eux a tenté de se rendre en Europe. Les deux principales voies d'accès sont restées celle de la Méditerranée et celle de la Route des Balkans, parcourue par ceux qui sont contraints, en l'absence de voies d'entrée légales et sûres, de s'appuyer sur des trafiquants et de faire face à des voyages longs et dangereux.
La crise ukrainienne insuffisante pour changer la donne
Environ 5 millions de personnes sont entrées dans l'Union européenne depuis l'Ukraine depuis le début du conflit. Parmi elles, 170 000 sont arrivées en Italie. La plupart ont été hébergées par des compatriotes résidents et, environ 20 % dans les structures d'accueil du système public, dissipant ainsi une première appréhension quant à l'impact que la guerre aurait eu sur le système national. Selon le centre Astalli, l'expérience de la crise ukrainienne n'a pas suffi à mener une réflexion profonde sur l'accueil et l'intégration de réfugiés. Deux chemins parallèles se sont établis: le premier pour les Ukrainiens et le deuxième pour le reste des personnes en détresse, fuyant également la guerre et la persécution.
Manque de la protection inclusive pour les personnes en danger
Le rapport poursuit en indiquant que la protection temporaire accordée aux citoyens ukrainiens, la possibilité d'un accès immédiat au monde du travail, la possibilité de recevoir directement des contributions financières et un système d'accueil capable de répondre en temps opportun aux besoins des gens, auraient pu être capitalisés. Au lieu de cela, les premiers pas du gouvernement italien se sont concentrés sur une lutte renouvelée contre les ONG impliquées dans le sauvetage en mer. Et même les victimes du naufrage de Cutro n'ont provoqué aucune réaction politique d'humanité, malgré le fait que la société civile eût appelé avec force au changement. Les obstacles les plus incompréhensibles et les plus inattendus que rencontrent les réfugiés en Italie sont et restent d'ordre bureaucratique. En 2022, ce sont surtout les retards dans la délivrance initiale et le renouvellement des titres de séjour. Les temps d'attente pouvaient atteindre un an à partir du dépôt de la demande d'asile jusqu'à la délivrance du document.
L'accueil des réfugiés reste extraordinaire, l'intégration se complique
En 2022, 105 129 migrants sont arrivés en Italie par voie maritime, dont 13 386 étaient des mineurs non accompagnés. Le système de réception à l'échelle nationale fin 2022 enregistrait un total de 107 677 personnes. Sur les 1 308 personnes accueillies par le Réseau des centre Astalli, 240 réfugiés ont été placés sur des parcours semi-autonomes dans des communautés d'accueil gérées par les ordres religieux. Des formes de cohabitation avec des étudiants universitaires ont également été expérimentées. Le centre Astalli affirme que, grâce au soutien des Œuvres pontificales, il a fourni les frais nécessaires à la délivrance des titres de séjour et des documents de voyage pour 586 réfugiés. Les vulnérabilités se traduisent de manière physique ou psychique. Ce qui distingue 2022, c'est la gravité des cas eux-mêmes. L'entrée de plusieurs clients souffrant de pathologies chroniques ou dégénératives a rendu particulièrement difficile la planification de projets d'inclusion visant à l'autonomie. Elle a également conduit à repenser les types d'interventions et de remoduler les outils de travail traditionnels pour les adapter. La prise en charge des cas complexes nécessite un accompagnement particulier. Les vulnérabilités ont été trouvées, dans certains cas extrêmement graves et souvent multiples. Elles obligent le centre Astalli à entamer une réflexion sur le type d'accueil nécessaire pour les personnes ayant des besoins sociaux et de santé spécifique. De nouvelles façons de prendre en charge doivent être pensées et conçues.
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