Œcuménisme en Ukraine, le COE recherche la voie de la médiation
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Quelle médiation ecclésiale et œcuménique pour la paix en Ukraine? Le Conseil œcuménique des Églises (COE) tente aussi depuis les premiers jours de ce retour de la guerre en Europe de trouver la juste voie vers la paix. Avant une visite du pasteur Jerry Pillay, secrétaire général du COE à Moscou le 17 mai, une délégation emmenée par le modérateur du comité central du COE, l’évêque évangélique luthérien allemand Heinrich Bedford-Strohm, s’est rendue en Ukraine du 10 au 13 mai dernier.
Outre le théologien bavarois Bedford-Strohm, la délégation était composée de l’archevêque Vicken Aykazian, vice-président du comité central du COE et de Jerry Pillay; elle a rencontré des responsables ecclésiaux ainsi que des responsables du gouvernement ukrainien, dont le ministre ukrainien de la Culture, Oleksandr Tkachenko.
Laure des Grottes de Kiev et prière à Boutcha
La délégation du COE s’est notamment arrêtée sur la délicate situation de la Laure des Grottes de Kiev, où se cristallisent «les rivalités» entre les deux Églises orthodoxes du pays -ukrainienne (anciennement Moscou, mais dont certains sont soupçonnés d’y demeurer liés) et d’Ukraine (autocéphale depuis l’accord de Constantinople). L’Église orthodoxe d’Ukraine a par ailleurs déposé une demande d’adhésion au COE. Une prière œcuménique a aussi eu lieu à Boutcha, en banlieue de Kiev, sur les lieux du massacre de civils.
Table-ronde œcuménique cet automne
«Nous travaillons à réunir ces deux Églises orthodoxes ainsi que l’Église orthodoxe de Russie autour d’une table ronde cet automne», confie à Radio Vatican en français le modérateur du COE, Heinrich Bedford-Strohm. «Probablement en octobre». L’évêque luthérien évangélique de Munich, qui préside l’Église évangélique en Allemagne (regroupement fédéral des églises protestantes Églises évangéliques luthériennes, réformées et unies des régions allemandes), annonce que les deux Églises orthodoxes en Ukraine ont donné leur accord en ce sens lors de la visite œcuménique du 11 mai.
«Le COE et le Saint-Siège tentent tout ce qu'ils peuvent»
Sur le terrain en Ukraine, les responsables ecclésiaux semblent s’être réjoui de la venue du COE et avoir été «à l’écoute». Les Églises en Ukraine ont besoin d’une institution extérieure, avec une perspective mondiale pour les aider, estime Heinrich Bedford-Strohm, constatant des différends entre les deux Églises orthodoxes, notamment concernant le passage des fidèles d’une Église à une autre. «Il y a des discussions sur le rôle du gouvernement sur cette question. Nous devons trouver un mécanisme pour pouvoir changer l’affiliation d’une Église à une autre. La compétition et la rivalité ne sont pas de bons signes», ajoute-t-il, attristé des divisions accrues par la guerre. «Pour moi, la séparation des chrétiens est un scandale, particulièrement des mêmes Églises qui s’affrontent entre deux pays», regrette encore l’évêque luthérien évangélique.
Le Conseil œcuménique des Églises entretient des liens avec le Vatican. La délégation du COE reçue en audience par le Pape François le 23 mars dernier a informé le Saint-Père de cette volonté d’organiser une table ronde œcuménique avec toutes les Églises d’Ukraine. Le Pape s’en est trouvé «enchanté», selon Heinrich Bedford-Strohm: «Le Vatican utilise ses canaux, nous avons les nôtres. Nous allons ensemble au même dessein par des chemins différents. Les Églises chrétiennes doivent essayent tout ce qu’elles peuvent pour guérir ces blessures».
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