Méditation du 5ème dimanche de Pâques: Jésus Chemin, Vérité et Vie

Lectures: Ac 6, 1-7; Ps 32 (33), 1-2, 4-5, 18-19; 1P 2, 4-9; Jn 14, 1-12.

L’Évangile de Jean rapporte ce dimanche un échange surprenant entre Jésus et deux de ses disciples: Thomas et Philippe. Jésus annonce son départ, de manière quelque peu énigmatique: «Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures; sinon, vous aurais-je dit: Je pars vous préparer une place? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin».

Thomas, le premier, interroge Jésus: mais où vas-tu? Jésus lui répond en disant de lui-même qu’il est «Chemin», «Vérité» et «Vie». Il est le chemin qui conduit vers le Père, et donc le parcours suivi par Jésus est la route que ses disciples doivent emprunter à leur tour. Ce parcours, c’est toute la vie de Jésus: non seulement ses enseignements, mais aussi sa manière d’être avec les gens, ses actes de guérison et de réconciliation. Les disciples ne sont donc pas appelés à posséder Jésus comme ils posséderaient un savoir, mais à reconnaître Jésus comme une voie vers la Vie. En ce temps pascal, nous découvrons au fil des dimanches que cet itinéraire est jalonné par l’expérience de la passion et de la résurrection: cette expérience, c’est bien sûr celle de Jésus, Premier-Né d’entre les morts, mais aussi celle qui anime chaque baptisé plongé dans la mort et la résurrection de Jésus, et donc celle qui est à l’œuvre aussi en chacun de nous.

Philippe, ensuite, prend la parole pour interpeller ce Jésus qui va vers le Père: «montre-nous donc le Père, et cela nous suffit». Dans sa réponse, Jésus invite Philippe à reconnaître que le Père est en lui et que lui-même est dans le Père. Au lieu de regarder vers un «ailleurs» lointain ou vers un «au-delà» imaginaire, Philippe est appelé à reconnaître la relation intime qui unit Jésus à son Père. Cette relation sous-tend toute la vie de Jésus, et c’est vers cette relation que Jésus conduit ses disciples, Philippe, et nous-mêmes qui vivons près de deux mille ans après.

Dans la deuxième lecture de ce dimanche, Pierre utilise une autre image lorsqu’il qualifie Jésus de «pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu», et Pierre va jusqu’à étendre cette qualification aux destinataires de sa lettre qu’il désigne comme des «pierres vivantes» appelées à faire partie de la construction d’un édifice cultuel. L’expression «pierres vivantes» donne à entendre que, au fil des générations, l’Église existe pour rendre témoignage à ce Dieu qui tire l’humanité des ténèbres pour la conduire à la lumière.

Reconnaître en Jésus celui qui est «Chemin», «Vérité» et «Vie», reconnaître en Jésus la «pierre vivante» d’un édifice cultuel dont nous sommes, nous aussi, d’autres «pierres vivantes» … l’abstraction de ces images peut nous dérouter. Mais si nous lisons la première lecture de ce dimanche, tirée du livre des Actes des Apôtres, nous sommes ramenés à un problème très concret qui se pose à la jeune communauté des disciples de Jésus: une tension apparaît entre les frères de langue grecque et ceux de langue hébraïque pour des questions de service des tables, et cette tension n’est résolue que par l’institution d’une équipe chargée de répondre à ces besoins.  On pourrait voir comme un clin d’œil dans les textes lus ce dimanche: les grandes perspectives ouvertes par la reconnaissance de Jésus comme «Chemin», «Vérité» et «Vie» ou comme «Pierre vivante» trouvent formes concrètes dans la banalité d’un quotidien à organiser au sein de la communauté chrétienne. Lorsque chacun approfondit sa vocation de baptisé (qu’il soit laïc, diacre, prêtre ou évêque), il découvre très concrètement quel service il est appelé à rendre pour suivre ce Jésus qui conduit à la Vie.

Puissions-nous, chacun d’entre nous, trouver notre manière d’être des «Pierres vivantes» engagées dans une relation toujours plus intime à ce Jésus qui est «Chemin», «Vérité» et «Vie»!