Pérou: l’Église s'inquiète face un projet minier destructeur
Vatican News
Face au risque de démarrage imminent du projet Rio Blanco-Piura, la population de la région de Piura se mobilise. «Agriculture oui, mine non», ont scandé des centaines de villageois lors d’une marche pour la défense de la vie organisée dans la ville d’Ayabaca. Le projet est ancien puisque l’octroi de la première concession remonte à 2001. De 2003 à 2007 une compagnie minière britannique avait déjà tenté d’exploiter le site avant d’être contrainte à quitter le pays, accusée par la population locale de maltraiter les gens, de tuer des dirigeants et d'acheter la conscience des membres des conseils d'administration des communautés. C’est désormais une entreprise chinoise qui est en passe d’exploiter la mine.
Les évêques de Chulucanas, Jaén et Chachapoyas, portant le drapeau national, ont présidé la marche pacifique des communautés et des patrouilles paysannes des provinces d'Ayabaca, Huancabamba, Jaén et San Ignacio, avec le soutien de Chachapoyas. Lors de la marche, l’évêque du vicariat de Jaén a rappelé que «sans or, on peut vivre, mais que sans eau, on meurt». Mgr Alfredo Vizcarra appelle à respecter le choix fait par la population locale qui, déjà en 2007, s’était exprimée à 97% lors de consultations citoyennes en faveur de l’agriculture. Un vote clair, plus de 97% des votants avaient rejeté l’exploitation minière de la zone. «En tant qu'évêques, nous sommes témoins des choix que les gens ont faits, et nous soutenons cette décision. Nous voulons prendre soin des forêts, de l'eau, de l'écosystème, de la vie», poursuit Mgr Vizcarra.
Respect des citoyens et de la vie
À l’issue de cette journée de protestation pacifique, les évêques des diocèses de Chulucanas et Chachapoyas et du vicariat de Jaén se sont unis pour s'opposer à l'assaut minier. Dans un communiqué, ils ont exigé le respect des décisions collectives et à la mise en œuvre des procédures prévues par les traités internationaux en matière de consultation préalable. Ils insistent également sur les droits des peuples à vivre bien dans un environnement sain. Les évêques demandent enfin à l'État péruvien de ne pas imposer de projet minier à une entreprise qui a déjà démontré plusieurs impacts et échecs environnementaux et sociaux.
Mgr Tapia, du diocèse de Chachapoyas conclut en citant le Saint-Père: «Le Pape nous a demandé d'être unis, nous sommes une famille humaine et nous devons rechercher un développement durable et intégral, nous devons penser aux générations futures».
Le réseau Églises et mines
Le réseau Églises et mines est un espace œcuménique composé de communautés chrétiennes, d'équipes pastorales, de congrégations religieuses, de groupes de réflexion théologique, de laïcs, d'évêques et de pasteurs qui cherchent à répondre aux défis posés par les impacts et les violations des droits socio-environnementaux causés par les activités minières dans les territoires où ils vivent et travaillent.
Des écosystèmes de plus en plus dégradés
Selon le Centre national de planification stratégique (Ceplan), la superficie des écosystèmes dégradés au Pérou a augmenté de 10,4 % entre 2015 et 2020, atteignant alors 18,62 millions d'hectares en 2022. Ce sont deux millions d’hectares en plus qu’en 2015. Une situation que l’agence juge «inquiétante» d’autant qu’elle concerne les sols, les eaux et la faune.
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