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Zone démilitarisée entre les deux Corées. 70 ans après l'armistice, aucune réconciliation n'est en vue. Zone démilitarisée entre les deux Corées. 70 ans après l'armistice, aucune réconciliation n'est en vue.  Les dossiers de Radio Vatican

Pour l’Église, l’exigence de réconciliation entre les deux Corées

Cette année, les Coréens commémorent les 70 ans de l’armistice qui consacra la division de leur péninsule en deux États. L’Église catholique de Corée du Sud, comme tous les ans au mois de juin, prie tout particulièrement pour la réconciliation entre frères du Sud et du Nord. Mais ces derniers s’éloignent inexorablement l’un de l’autre.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

Le 25 juin, date anniversaire du début de la guerre de Corée, l’Église catholique de Corée du Sud célèbre la Journée spéciale de prière pour la réconciliation nationale. En cette année où l’on commémore les 70 ans de la fin du conflit, le thème était: "Marcher sur le chemin du pardon". Cette initiative a été précédée par une neuvaine de prière. Chaque jour était consacrée à un thème différent en lien avec ce conflit qui marque encore aujourd’hui profondément l’identité et le quotidien des habitants de toute la péninsule.

Ces conséquences, le père Philippe Blot, prêtre des Missions étrangères de Paris (MEP), les connait bien. Il vit en Corée du Sud depuis trente-trois ans et se rend, quand il le peut, de l’autre côté de la frontière. Il voit bien les souffrances provoquées par cette séparation politique sur des familles dont des membres vivent de chaque côté du 38e parallèle. Il est aussi le témoin des efforts constants de l’Église catholique en faveur de la paix et de la réconciliation. «Le 23 juin, dix-huit évêques ont participé à une messe à la chapelle de la Paix située dans la zone démilitarisée entre les deux Corées, raconte-t-il. Il y avait notamment celui du dernier diocèse créé en Corée, celui de Uijeongbu. Il a encore de la famille en Corée du Nord et il a beaucoup parlé, disant qu’il fallait absolument faire naitre dans le cœur des Coréens, même les plus jeunes, ce sentiment que “notre pays c’est un seul pays; notre but, c’est le désir de Dieu, que ce pays se réunifie parce que cette séparation n’a pas été voulue par Dieu”».

La société sud-coréenne ne soutient pas plus la réunification

Mais aujourd’hui, «on parle beaucoup de la réconciliation et de la paix, mais cela s’arrête là. On n’évoque plus la réunification», regrette le père Blot. Chez les jeunes, c’est particulièrement prégnant. «On pense plus à son portefeuille», constate-t-il, amer. La réunification, pour beaucoup, cela signifierait de lourdes dépenses, et cela «leur fait très peur». Même les catholiques les plus fervents y sont réticents, affirment le prêtre des MEP.  

Pourtant, le sort des Coréens du Nord est «dramatique», affirme-t-il. «C’est affreux ce qu’il se passe. Ils reviennent aux années 1980-1990 avec la disette, la famine» poursuit le père Blot, évoquant des habitants contraints de manger des écorces d’arbres pour se nourrir. Sans compter des suicides de plus en plus nombreux et des tentatives de fuite du pays vers la Chine malgré les difficultés, «quitte à se faire tuer parce qu’ils n’ont plus rien à manger, parce qu’il y a la persécution des quelques chrétiens qu’il y a en Corée du Nord». Une fois passée la frontière, ces fugitifs ne sont pas tirés d’affaire et deviennent victimes «des trafics d’organes, de la prostitution», quand ils ne sont pas arrêtés par les Chinois qui les renvoient alors chez eux, avec la perspective de se faire torturer.

Le Pape François n’a cessé de prier pour la paix dans la péninsule depuis son voyage. Récemment encore, il est revenu lors d’une audience générale sur la figure du premier prêtre coréen, saint André Kim Taegon. Martyrisé à une époque de persécution des chrétiens, au milieu du XIXe siècle, son exemple est encore d’actualité tant la religion est persécutée par le régime nord-coréen. Pour le père Blot, son témoignage de vie et de foi doit pousser les catholiques sud-coréens à penser à leurs frères du Nord et «à leur faire connaitre aussi Dieu pour qu’Il puisse rentrer dans ce pays d’où il a été chassé».

entretien avec le père Blot, des MEP

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30 juin 2023, 08:30