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L'archevêque grec orthodoxe Nikitas de Thyateira et de Grande-Bretagne du Patriarcat œcuménique, nouveau président de la CEC. L'archevêque grec orthodoxe Nikitas de Thyateira et de Grande-Bretagne du Patriarcat œcuménique, nouveau président de la CEC.  

Conférence des Églises européennes, Mgr Nikitas de Thyateira élu président

La Conférence des Églises européennes (CEC) a élu son nouveau président, l'archevêque grec orthodoxe Nikitas de Thyateira et de Grande-Bretagne du Patriarcat œcuménique. Entretien.

Thaddeus Jones – Cité du Vatican

L'Assemblée générale de la Conférence des Églises européennes (CEC) s’est tenue du 14 au 20 juin à Tallinn, en Estonie. Les membres ont élu comme nouveau président pour un mandat de cinq ans l'archevêque grec-orthodoxe Nikitas de Thyateira et de Grande-Bretagne du Patriarcat œcuménique, lundi 19 juin. Il succède au révérend Christian Krieger, pasteur réformé français, à la tête de la CEC. 

La CEC rassemble 113 Églises protestantes, orthodoxes, anglicanes et vieilles-catholiques de toute l'Europe. Bien que l'Église catholique n'en soit pas membre, elle collabore avec la CEC, en organisant, par exemple, un certain nombre d'assemblées œcuméniques européennes conjointes au fil des ans. Les participants à la réunion ont discuté du thème «Sous la bénédiction de Dieu-Façonner l'avenir». La Conférence des Églises européennes a été fondée en 1959 pour promouvoir l'amitié et la coopération entre les différentes Églises d'Europe dans le contexte de la guerre froide. Aujourd'hui, elle s'efforce de promouvoir l'unité des chrétiens, ainsi que la paix et la réconciliation, notamment par le dialogue avec les institutions européennes à Bruxelles et à Strasbourg.

 

L'archevêque Nikitas, 68 ans, né en Floride (États-Unis), est coordinateur du groupe de travail du Patriarcat œcuménique sur la traite des êtres humains et l'esclavage moderne, et a été président du comité du Patriarcat sur la jeunesse, ainsi que coprésident et membre du comité directeur de la fondation interconfessionnelle Elijah. Il est actuellement coprésident du Forum européen catholique-orthodoxe. Entretien. 

Quelles sont les principales conclusions de cette Assemblée générale de la CEC?

Les conclusions sont avant tout une réaffirmation de la théologie, de la philosophie et des principes idéologiques de la Conférence des Églises européennes. Il s'agit d'être intégré dans la société pour offrir notre perspective, notre compréhension des valeurs chrétiennes, pour contribuer à la lutte contre le péché et ce que nous considérons comme des injustices, pour travailler avec les migrants et leurs défis contre la traite des êtres humains, l'esclavage moderne, pour aborder les questions de la guerre en Ukraine, de la pauvreté, de l'écologie et de ce que nous comprenons comme la justice.

Comment l'annonce de l'Évangile dans le monde d'aujourd'hui peut-elle devenir plus pertinente au sein de la société européenne actuelle?

L'Évangile sera d'autant plus pertinent qu'il sera vécu. Ce n'est pas quelque chose qu'il suffit de prêcher, de citer ou de mentionner dans les sermons, les déclarations ou autres. Il s'agit de comprendre comment vivre l'Évangile dans la société d'aujourd'hui, de témoigner du Christ et du christianisme, et de la vérité qui nous a été confiée en vivant le message de l'Évangile. J'aimerais utiliser deux exemples. Premièrement, si vous dites aux gens qu'ils doivent voir le monde et l'autre personne comme s'ils regardaient Jésus-Christ, comment vous adresseriez-vous à cette personne? Et deuxièmement, si l'autre personne était Jésus-Christ, comment vous regarderait-elle? Comment vous occuperiez-vous d'elle? Et comment Jésus-Christ s'occuperait-il de vous en vous pardonnant, en vous comprenant, en vous aimant, non pas en vous condamnant, mais en vous offrant une compréhension pastorale. C'est ainsi que le message de l'Évangile atteindra la société dans le monde. Mais c'est aussi de manière très pratique. Il y a des années, les gens étudiaient même la Bible en tant que littérature. Nous devons réintroduire la Bible dans notre société, non pas tant en tant que littérature, mais en tant que texte par lequel nous vivons, parce que nous y voyons la vérité, la compréhension, l'expression de l'amour, des lignes directrices et toutes sortes d'autres choses.

En examinant les défis communs auxquels sont confrontées les Églises en Europe, en particulier en cette période de polarisation politique et sociale et d'instabilité sociale, quels sont, selon vous, certains de ces défis clés auxquels nous sommes tous confrontés?

Bien sûr, nous sommes confrontés aux problèmes de la guerre et des armes nucléaires. Nous sommes confrontés aux questions du nationalisme, du populisme, de la discrimination, même avec les réfugiés qui ont traversé les frontières de l'Ukraine. Ils ont été victimes de discrimination. Il y a eu des situations et des cas où l'on a dit à des Roms de rentrer chez eux parce qu'ils étaient Roms. N'est-ce pas une injustice? Apprenons à vivre simplement, modestement et écologiquement, si l'on peut dire. Et puis les autres choses qui nous préoccupent sont bien sûr les droits humains, la dignité, la justice, la vérité dans la société européenne. L'Église n'a-t-elle pas voix au chapitre, ne devrait-elle pas exprimer son opinion, son point de vue, sa compréhension et ses principes? Je ne dis pas que nous devons tout imposer à chaque être humain, mais il est certain que nous partageons certaines valeurs avec d'autres communautés religieuses et que nous devons les conserver.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, comment pensez-vous que les Églises en Europe peuvent contribuer à l'apaisement des tensions et même à la paix?

Tout d'abord, il y a l'aspect matériel. Que faisons-nous pour les réfugiés, les demandeurs d'asile? Les nourrissons-nous? Les habillons-nous? Ouvrons-nous nos maisons? Plus important encore, ouvrons-nous nos maisons, nos églises, vraiment nos cœurs à ces personnes? Contribuons-nous à leur donner et à leur offrir des compétences pour qu'ils puissent travailler et contribuer à la société, et pour qu'ils aient le sentiment de faire partie d'une société? Mais regardons aussi les autres choses. Avant tout, nous devons prier. Nous sommes le peuple de Dieu. Nous devons prier pour la paix. Et nous demandons simplement que Dieu entende nos prières. Le temps est venu d'accomplir les paroles du prophète, de plier ces lances, ces épées et d'en faire des socs de charrue pour ne plus prendre d'armes de guerre. Les chefs religieux du monde ne peuvent-ils pas défier les personnalités politiques et les dirigeants politiques du monde? Le patriarcat œcuménique et le patriarche œcuménique lui-même, Bartholomée de Constantinople, ont défié d'autres personnes, notamment le patriarche Kirill en Russie.

Nous, individus, que nous soyons clercs ou laïcs, devons interpeller les gens et leur faire comprendre que nous devons vivre en paix. La guerre ne sert à rien. Tout ce que nous verrons, c'est la destruction et les résultats de cette destruction et de cette dévastation: la pauvreté, l'instabilité, des bâtiments détruits, des gens sans abri, des gens qui perdent leurs enfants, leurs familles. Est-ce cela que nous voulons dans ce monde? Est-ce là l'héritage que nous voulons laisser à nos enfants?

Comment voyez-vous les prochaines étapes sur la voie du dialogue œcuménique?

Nous avons été stimulés par les jeunes ici présents à Tallinn. Ce sont eux qui nous ont aidés à nous orienter à certains moments, à nous remettre sur le droit chemin, à nous proposer des options sur certains points, à nous faire voir leurs problèmes, leurs défis, leurs préoccupations, et nous voyons qu'ils veulent travailler ensemble. Je pense que les jeunes de notre monde voient les problèmes d'une manière différente. Leur esprit et leur cœur ne sont pas entourés de murs comme c'est le cas pour tant d'autres personnes. Je pense qu'ils comprennent l'expression selon laquelle s'il y a un problème, il y a aussi une solution. Ils le voient dans le dialogue et les relations œcuméniques. Ils veulent chercher des solutions et travailler avec d'autres, des jeunes, dans l'harmonie et la coopération.

Nous avons des différences dogmatiques. Personne ne dit le contraire. Nous avons des questions et des expressions théologiques. Le commun des mortels ne les comprend pas et je dirais même qu'il s'en moque. Nous devons trouver les racines communes, les solutions communes, le Jésus-Christ commun dans ce que nous faisons. Et cela nous donne de l’espérance. Rappelez-vous que le Christ est venu dans le monde et qu'il a offert l'espérance. Saint Paul rappelle aux chrétiens, lorsqu'il s'agit de la question de la mort, par exemple, que vous ne serez pas comme ceux qui n'ont pas d'espérance, car l'espérance caractérise les chrétiens. Et elle caractérise certainement les jeunes d'aujourd'hui et les résultats de cette assemblée.

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24 juin 2023, 13:01