La Fondation Internationale Religions et Sociétés valorise la diversité pour le progrès
Stanislas Kambashi, SJ et Pierre Dalin Domerson - Cité du Vatican
«Tout a commencé par une prise de conscience des défis et problèmes auxquels l'Église est aujourd'hui confrontée», a expliqué le professeur Jean Paul Niyigena pour décrire le contexte de la Fondation Internationale Religions et Sociétés. «Ces défis nécessitent un travail collectif, en synergie». Selon lui, c’est aussi dans une «prise de conscience commune de la co-responsabilité entre les Églises du Nord et du Sud, et de l'urgence de mobiliser la catholicité pour relever les défis de nos églises locales et de nos sociétés», qu’est née la Fondation.
C'était en octobre 2017, lors d'un colloque international organisé à l'initiative de Mgr Philippe Rukamba, évêque de Butare au Rwanda, de Dom Bernard Lorent, Abbé de Maredsous en Belgique, et du théologien rwandais, Jean-Paul Niyigena, professeur à l'université catholique du Rwanda, que l'idée a pris forme. Un tournant historique a eu lieu avec ce premier évènement d'une envergure à la fois ecclésiale et scientifique dans le contexte post-génocide au Rwanda. Cette rencontre sans précédent a été l'occasion pour des pasteurs et des théologiens venant des quatre coins de l'Afrique et de l'Europe de se rassembler, et d'échanger sur leurs expériences de terrain et leurs idées. «Ce fut un moment pour vivre l'ecclésialité et la synodalité entre frères et sœurs unis pour se réconforter, s'entraider et s'enrichir mutuellement», a déclaré le secrétaire général de la Fondation Internationale Religions et Sociétés.
Par cette initiative, l'Église du Rwanda, confrontée à d'énormes défis de réconciliation, a démontré que l'unité peut apporter la force nécessaire pour surmonter des obstacles apparemment insurmontables. En même temps, on a pris conscience «qu'aucune église locale ne peut faire face, toute seule, aux défis dont la gravité dépasse de loin les forces disponibles dans une église locale», a exhorté Jean-Paul Niyigena.
Lieu de rencontre et de dialogue
L'un des objectifs de cette Fondation internationale et multidisciplinaire est d’offrir un lieu de rencontres et d'échanges entre les pasteurs, les théologiens et les chercheurs en sciences humaines et sociales du Nord et du Sud, autour des thématiques liées à la vie de l'Église et des sociétés. Dans un contexte marqué par des tensions de différentes origines, les rencontres organisées par cette Fondation, se veulent une réponse à l'appel de l'Évangile à être des témoins de la fraternité. «Nous avons besoin de nous comprendre mutuellement, d'écouter et d'apprendre de nos différences pour développer une réponse éducative solide qui peut répondre aux besoins de nos sociétés » a-t-il ajouté.
D'un autre côté, en plus d’encourager et de soutenir la recherche au sein des facultés de théologie et de philosophie pour les églises du Sud, elle vise aussi à mettre en place une formation continue pour les agents pastoraux occupant des postes de responsabilité, une manière de les outiller à mieux servir. Mais ce qui permet à la Fondation de se distinguer, c’est sa contribution dans la valorisation des contributions culturelles et sociales de l'Église et des religions dans nos sociétés, ainsi que son initiative de créer un réseau de chercheurs de différentes institutions universitaires, et à renforcer la production scientifique ancrée dans les réalités pastorales locales. «Les pasteurs apportent leur expérience du terrain, avec les questions et les espoirs que cela suscite, tandis que les scientifiques et les chercheurs apportent leur réflexion dans un échange respectueux et enrichissant», a-t-il expliqué.
Une collaboration avec les pasteurs
C’est évidemment grâce à cette méthodologie de travail, qui consiste à transcender les divergences, que la Fondation s’engage activement non seulement dans la région des Grands Lacs, mais aussi bien au-delà, dans toute l'Afrique, confrontée à d'autres conflits majeurs, notamment dans le Sahel et en Afrique de l'Ouest. Face à ces défis, elle cherche des solutions en collaborant avec les pasteurs de ces régions. «Nous avons abordé ces questions avec nos pasteurs originaires de ces pays. Ils offrent leurs témoignages, leur charité, leur communion et leur tolérance», a déclaré le professeur Niyigena.
Elle privilégie également une approche proactive, comme le recommande le Pape François, plutôt que de simplement réagir une fois que les dommages sont faits. La Fondation encourage les gens à prévenir les conflits et à vivre en paix et en harmonie les uns avec les autres, faisant ainsi écho à l'appel du Saint-Père, demandant d’agir en amont des conflits. «Ne pas seulement toujours crier quand la maison est déjà en flammes, mais préparer les gens pour qu'ils n'incendient pas cette maison commune», a assuré le théologien rwandais.
La Fondation Internationale Religions et Sociétés, croit aussi que la catholicité est une ressource précieuse pour témoigner de la fraternité en Jésus-Christ, au service de l'unité dans un monde en profondes mutations culturelles, anthropologiques et numériques. La catholicité nous fait aussi croire que «les églises peuvent compter les unes sur les autres, non pas seulement en termes de supports financiers, mais dans ce qui constitue notre essence en tant qu'église » a-t-il conclu.
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