Manipur: les évêques indiens dénoncent le silence sur les violences antichrétiennes
Le président des évêques indiens, Mgr Andrews Thazhath, le secrétaire général adjoint de l’épiscopat, père Jervis D'Souza, le directeur de Caritas Inde, père Paul Moonjely, et Mgr Dominic Lumon, archevêque d'Imphal -la capitale du Manipur-, se sont tous les quatre récemment rendus dans le Manipur touché par les violences pour prodiguer une aide humanitaire à la population.
Une première visite officielle de l'Église
Il s’agit de la première visite officielle de l’épiscopat indien dans le Manipur depuis le début des violences ayant éclaté le 3 mai. Ces troubles interethniques ont lieu entre tribus chrétiennes Kuki et majorité hindoue Meitei, qui représente 53% des 3 millions d’habitants du Manipur.
À ce jour, plus de 160 personnes ont été tuées et des milliers d'autres se sont retrouvées sans abri, tandis que 349 églises et institutions ont été détruites ou endommagées.
Un communiqué des évêques indiens relève que la délégation épiscopale a visité plusieurs zones touchées par la violence et «a vu la destruction à grande échelle de maisons privées, d'églises/lieux de culte, d'écoles et d'institutions en divers endroits le long de la route». L'équipe a jugé «déchirant» le fait de voir les lieux désertés, se déclarant «inquiète» de la situation réelle et de l'avenir de ceux qui ont fui ces lieux, et de l'avenir de leurs enfants, au milieu de toutes ces vulnérabilités.
La réponse de l'Église à la crise
La déclaration des évêques indique également que Caritas Inde a répondu à «cette crise sans précédent» dès le début en fournissant une aide humanitaire et en soutenant les camps de secours en collaboration avec Catholic Relief Services et la Diocesan Social Services Society, l'aile du service social du diocèse d'Imphal. L'agence a jusqu'à présent fourni une aide humanitaire d'une valeur de 30 millions de roupies (330 928 euros).
L’Église d’Inde a aussi répondu à la crise du Manipur par la prière, en organisant des rassemblements pour la paix.
«Apathie prolongée des forces de l'ordre»
Tout en exprimant sa profonde tristesse face à la violence prolongée au Manipur et en condamnant «toutes les formes de violence, d'atrocités et d'attaques», la délégation des évêques a déploré «le silence prolongé et l'apathie des forces de l'ordre» dans la lutte contre la violence.
Les évêques indiens exhortent le gouvernement à «maintenir le tissu séculaire du pays, à renforcer les valeurs constitutionnelles et à cultiver un environnement de coexistence pacifique entre les différentes communautés». L'opposition politique à Narendra Modi réclame une déclaration du Premier ministre indien sur les violences interethniques dans l'État du Manipur.
Dans une résolution non contraignante sur la situation du Manipur, adoptée le 13 juillet dernier, le Parlement européen de Bruxelles s'est dit préoccupé par la situation dans cet État indien depuis le 3 mai. Le sort des chrétiens y est évoqué.
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