Disparition de Mgr Bettazzi, dernier père conciliaire italien
Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican
Il voulait être appelé "père", en vertu de l'engagement qu'il avait pris dans le Pacte des Catacombes, seul signataire italien avec 42 autres évêques, principalement venus d'Amérique latine, de parvenir à une "Église pauvre", dépourvue de titres, de luxe et d'honneurs. Mgr Luigi Bettazzi, qui aurait eu cent ans le 26 novembre prochain est décédé à l'aube ce dimanche 16 juillet. Évêque d'Ivrea (Piémont) pendant 33 ans (1966-1999), Mgr Bettazzi était l'un des derniers Pères conciliaires encore en vie, le dernier de nationalité italienne.
L'hommage du cardinal Zuppi
«Père conciliaire, promoteur de la paix et du dialogue avec tous». C'est ainsi que le cardinal Matteo Zuppi, président de la conférence épiscopale italienne, lui a rendu hommage dans un message où il exprime à l'évêque défunt «ce sens de la gratitude qui est dû aux pères».
«Nous rendons grâce pour son témoignage -il allait fêter le 77e anniversaire de son ordination sacerdotale et le 60e anniversaire de son épiscopat- et pour son engagement dans le Concile vécu avec liberté et amour pour l'Église», a souligné le cardinal bolonais. «Son sourire, sa gentillesse, sa fermeté, son ironie, sa capacité à lire l'histoire et à porter le message de la paix ont été ses traits essentiels. Ce sont ces mêmes traits qu'il nous laisse comme un précieux héritage pour marcher aux côtés des hommes et des femmes de notre temps».
Une figure du Concile Vatican II
Né à Trévise le 26 novembre 1923, ordonné prêtre 23 ans plus tard, Mgr Bettazzi avait obtenu une licence en théologie à l'Université pontificale grégorienne de Rome, puis une licence en philosophie à l'Université Alma Mater de Bologne. Dans l'archidiocèse de Bologne, il avait été évêque auxiliaire du cardinal Giacomo Lercaro et avait participé à ses côtés au Concile Vatican II -dont Mgr Lercaro avait été l'un des protagonistes- en participant aux sessions finales de l'assemblée en 1963.
Le Pacte des catacombes
Le 16 novembre 1965, quelques jours avant la clôture du Concile, il descend avec une quarantaine de Pères conciliaires -principalement latino-américains- dans les catacombes de Domitille à Rome pour y célébrer une Eucharistie demandant la fidélité à l'Esprit de Jésus. À la fin, tous les évêques signent le fameux pacte dans lequel ils exhortent les «frères dans l'épiscopat» à mener une «vie de pauvreté», une Église «servante et pauvre», comme le suggérait Jean XXIII.
Mgr Bettazzi a rappelé ce moment historique lors d'une récente interview avec les médias du Vatican: «C'était une réunion occasionnelle, promue par le collège belge. Nous étions 42 dans les catacombes, j'étais le seul Italien, mais nous avons fait signer d'autres personnes et 500 signatures d'évêques sont parvenues au Pape. Il y en aurait peut-être eu encore plus si nous les avions cherchées. L'important est de s'occuper des pauvres. Nous avions dit que l'évêque devait vivre plus simplement, en termes de logement et de moyens de transport. Il doit être proche des pauvres et des travailleurs manuels, de ceux qui souffrent et qui sont en difficulté, contrairement à la tendance que nous avions à être proches des riches et des puissants».
Un engagement pour la paix
Élu président du mouvement Pax Christi Italie en 1968, Mgr Bettazzi en devient le président au niveau international dix ans plus tard. Il sera au fil des ans l'un des visages de l'engagement de l'Église pour la paix, participant notamment à la marche vers Sarajevo en 1992, en pleine guerre civile de l'ex-Yougoslavie. En 1985, il avait reçu le prix international de l'Unesco pour son soutien à "l'éducation à la paix".
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