JMJ de Lisbonne, la faible participation des jeunes Haïtiens
Françoise Niamien - Cité du Vatican
Seulement quatre jeunes haïtiens ont pu obtenir leurs visas pour pouvoir faire partie de la délégation officielle de la conférence épiscopale d’Haïti, pour les JMJ qui s’ouvrent dans quelques jours à Lisbonne, la capitale portugaise. Le reste de la délégation est composée de seize prêtres et de six religieuses. Une participation restreinte que regrette le père Metellus qui souhaitait voir plus de jeunes sur la centaine inscrits au préalable pour participer à ces journées qui leur sont consacrées.
Une jeunesse victime de la situation de son pays
«Les JMJ sont pour les jeunes Haïtiens, un moment très important de communion ecclésiale. Nombreux étaient ceux qui se préparaient à prendre part à ce grand rendez-vous de la jeunesse catholique mondiale». Malheureusement, «ils ne sont que quatre à obtenir le visa», fait remarquer le responsable de la délégation haïtienne.
«Nous pensons que la jeunesse haïtienne est victime de la situation sociale, politique, économique et sécuritaire du pays. Depuis bien des temps, les jeunes Haïtiens vivent des moments de trouble dans le pays. Troubles social, politiques et économiques», a-t-il déclaré.
En effet, selon le service des droits de l'homme du Bureau intégré des Nations unies en Haïti, le BINUH, au cours du mois d’avril, plus de 600 personnes ont été tuées dans une nouvelle vague de violence extrême qui frappe plusieurs quartiers de la capitale Port-au-Prince. Cela faisait suite au meurtre «d’au moins 846 personnes au cours des trois premiers mois de 2023, en plus de 393 personnes blessées et 395 enlevées au cours de la période. Accablée par l'insécurité croissante, Haïti connaît une augmentation inquiétante des meurtres collectifs et des lynchages de présumés membres de gangs, avec au moins 164 cas documentés en avril», a encore révélé le BINUH.
«Éprouvés par le chômage et les violences, généralement les jeunes veulent fuir une telle réalité du pays pour d’autres cieux», a relevé le prêtre. Une pareille situation, pourrait justifier «le nombre restreint de visa délivrés par l’ambassade d’Espagne aux jeunes Haïtiens pour les JMJ. Une volonté qui serait de défavoriser l’immigration clandestine».
«Malgré tout, le peuple haïtien, les jeunes en particulier gardent encore leur foi. Ils espèrent en un lendemain meilleur. Ils sont disponibles à servir les plus pauvres, à témoigner de la grandeur de l’amour du Christ même dans les moments les plus difficiles» souligne le père Metellus.
JMJ, des journées d’espérance
«La participation des jeunes Haïtiens aux JMJ est toujours, pour eux, un signe d’espérance», précise le secrétaire de la commission épiscopale haïtienne de la pastorale des jeunes. «Les JMJ sont une occasion pour ceux qui le peuvent financièrement, de rejoindre les jeunes d’autres pays, afin de vivre ce moment de fraternité, de communion d’échange, et de prière, autour du Saint-Père. Des moments très fort dans la vie des jeunes!», précise le prêtre haïtien. Cependant la majorité des inscrits n’ayant pas eu de visa, il les a exhortés à ne pas se décourager. Toutefois, «les jeunes Haïtiens souhaitent bénéficier d’une vraie solidarité dans l’Église tout comme dans le social», souligne le père Mettelus.
Sur place, la délégation haïtienne participera au programme du diocèse de Beja pour la semaine des «pré-JMJ». Elle effectuera notamment un pèlerinage à Fatima et participera à une rencontre des pays latino-américains et des Caraïbes mercredi 2 août à Lisbonne.
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