En Croatie, les rencontres théologiques de la Méditerranée regardent vers le synode
Alessandro Di Bussolo - Cité du Vatican
Les conférences, les travaux de groupe et les débats de la deuxième édition des rencontres théologiques de la Méditerranée, ont lieu du 16 au 22 juillet à Lovran, près de Rijeka, sur la côte adriatique nord de la Croatie. Les rencontres examineront de près les questions qui se posent sur le chemin de la première assemblée du synode sur une Église synodale en octobre à Rome.
Deux théologiens catholiques aguerris, un orthodoxe et un protestant, débattent dans un climat de partage et de fraternité avec 41 étudiants en théologie (en fin d'études, en licence ou en doctorat) de Croatie, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Slovénie, Macédoine et Monténégro, sur le thème «Église ou secte: entre l’ouverture et l’exclusivité». Parmi les étudiants, 24 sont catholiques, 13 orthodoxes et 4 protestants.
«Le choix entre la rencontre et la fermeture»
«Dans le monde d'aujourd'hui, dont la pluralité et la complexité ne cessent de croître, explique l'archevêque de Rijeka, Mgr Mate Uzinić, principal instigateur de l'initiative, l'Église est confrontée au choix de rester ouverte et de chercher des voies de rencontre et de dialogue avec la société, ou de se fermer, en préservant son unicité et sa solidité».
Lors des Rencontres théologiques méditerranéennes de cette année -en continuité également avec les deux éditions de l'Université d'été de théologie, organisée à Dubrovnik, où Mgr Uzinić, qui a reçu il y a quinze jours le pallium des mains du Pape, a été évêque jusqu'en 2020-, le but est de réfléchir à la direction prises par les communautés et «à la possibilité actuelle d'être et de rester pertinentes, constructives et actives dans le monde».
«Élargis l’espace de ta tente»
Le désir du comité organisateur reste celui de contribuer, à travers ce rendez-vous, «à la promotion du dialogue entre les différentes confessions chrétiennes», si important pour la Croatie et les autres pays des Balkans, «mais aussi pour l'ensemble de l'Europe, et en même temps d'approfondir la réflexion sur l'engagement des chrétiens dans le monde contemporain». Entretien avec le théologien croate Marko Medved, membre du comité d'organisation et historien de l’Église.
Le thème choisi pour cette édition est lié au cheminement de l'Église vers le Synode sur la synodalité, consacré à la communion, à la participation et à la mission. L'avez-vous choisi en vue de la première assemblée synodale d'octobre?
Nous avons formulé le titre "Église ou secte: entre l’ouverture et l’exclusivité" pour coïncider avec la publication du document de travail de la phase continentale du synode. Ce thème est d'actualité à plusieurs égards. Face à une société où la pluralité s'accroît, l'Église catholique et les différentes Églises chrétiennes sont confrontées à ce choix de l'ouverture ou de la fermeture.
L'Église était confrontée à des défis similaires il y a 60 ans, pendant le Concile. En 1964, c'est précisément face à ces défis que saint Paul VI a vu dans le dialogue la voie à suivre pour la mission de l'Église. Sa première encyclique, Ecclesiam suam, porte précisément sur les voies du dialogue pour la mission de l'Église.
Je voudrais souligner que deux de nos orateurs ont été reconnus comme des voix importantes de l'Église universelle par le Pape François, précisément sur les sujets propres au synode. Tomáš Halík, que nous avons eu comme conférencier à Dubrovnik il y a deux ans, a donné la conférence d'introduction pour l'ouverture de la phase européenne du Synode à Prague au début du mois de février de cette année. Timothy Radcliffe, l'un de nos conférenciers de cette année, organisera une retraite spirituelle pour les participants avant l'ouverture du Synode en octobre. L'année dernière, nous avons également organisé une conférence et un débat avec le secrétaire général du synode, le cardinal Mario Grech. Notre relation avec le synode et avec les thèmes de l'Église synodale est donc claire.
Qui sont les conférenciers de cette année et l’ordre du jour?
Timothy Radcliffe, dominicain britannique et enseignant de longue date de l'Écriture Sainte, est très célèbre puisqu'il a été maître général de l'Ordre dominicain de 1992 à 2001. Il intervient sur le thème: «Comment le catholicisme devrait affirmer l'universalité». Le deuxième intervenant est Davor Džalto, professeur de religion au département d'études sur le christianisme oriental de l'université de Stockholm. Le sujet qu'il abordera est «Limites ou frontières de l'Église : que signifie croire en l'Église une, sainte, catholique et apostolique?» Puis nous entendrons comme troisième intervenant une théologienne croate, sœur Jadranka Rebecca Anić, chercheur à l'Institut des sciences sociales Ivo Pilar de Split, qui a obtenu le prix Herbert Haag en 2017 pour ses recherches sur le mouvement anti-genre dans l'Église.
Sœur Rebecca évoquera le thème suivant: «Comment reconnaître le caractère sectaire dans certaines nouvelles communautés et mouvements ecclésiaux». En quatrième orateur, nous aurons Hans Peter Grosshans, du monde protestant, professeur de théologie systématique et directeur de l'Institut de théologie œcuménique de la Faculté de théologie de l'Université de Münster. Il est également vice-président de l'Académie européenne des religions. Il nous parlera de «la catholicité ecclésiale et les différences des Églises».
Lors de ces rencontres, la possibilité de discuter librement même en dehors des cours et des ateliers est très apprécié des étudiants et des doctorants. Est-ce un hasard ou un choix?
Il ne s'agit pas seulement de conférences, d'ateliers, certes tenus par d'illustres théologiens, mais aussi d'un partage d'une semaine en bord de mer, sur le littoral, car la localité de Lovran où se déroule l'émission est une station touristique balnéaire. Il s'agit d'un partage d'un groupe d'étudiants et de théologiens adultes dans lequel s'établissent des relations de fraternité, dans lesquelles sont discutées et partagées sa propre expérience de vie et aussi de foi, de chrétiens dans des contextes ecclésiaux et dans des sociétés différentes. C'est une expérience édifiante et réconfortante de voir des jeunes qui discutent ouvertement, jusqu'à des heures tardives, de questions sérieuses, de questions existentielles.
Beaucoup d'étudiants vous remercient pour la possibilité d'une discussion ouverte qui les fait revenir renforcés dans leurs Églises locales. Les participants des trois éditions précédentes commencent-ils à avoir des rôles de responsabilité dans leurs Églises? Quels fruits leur participation a-t-elle apportés?
Certains étudiants ont entrepris un cursus complémentaire, car ils se sont inscrits en doctorat. Nous sommes restés en contact directement mais aussi indirectement via les réseaux sociaux. C'est très beau quand je lis les textes que certains d'entre eux, appartenant même à d'autres confessions chrétiennes, donc non catholiques, publient sur Facebook ou ailleurs à propos de thèmes religieux ou profanes. Nous voyons chez ces jeunes une conscience mûre, fruit d'une foi réfléchie et en dialogue. Une foi prête à faire l'effort de chercher les raisons de notre espérance avec et en dialogue avec les autres, vus comme des frères et non comme des ennemis. Ils méditent sur ce que le Seigneur nous dit aujourd'hui à travers les signes des temps. Il est réconfortant de savoir que ces rencontres théologiques aident à telle maturation.
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