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Vierge Marie avec l'Enfant Jésus et les saints carmélites, plafond de l'église Santa Maria del Monte Carmelo à Rome Vierge Marie avec l'Enfant Jésus et les saints carmélites, plafond de l'église Santa Maria del Monte Carmelo à Rome  Les dossiers de Radio Vatican

Apparitions, lacrimations, ce que révèlent les phénomènes mystiques

Dans un entretien accordé à Vatican News, le père marianiste Jean Louis Barré, théologien et spécialiste en mariologie, nous éclaire sur les phénomènes mystiques liés à la figure de la Vierge Marie et l’approche prudente de l’Église avant une éventuelle reconnaissance.

Jean Charles Putzolu – Cité du Vatican

En ce temps de l’Assomption, iil est bon de s’intéresser aux phénomènes mystiques liés à la figure de la Vierge Marie. Au mois d’avril dernier, un observatoire spécifique a été créé au sein de l’Académie pontificale mariale internationale, dans le but d'analyser et d'interpréter les différents cas d'apparitions, de lacrimations, de stigmates et d'autres phénomènes. Qu’ils soient toujours en cours, ou qu’il s’agisse de phénomènes passés, nombreux sont ceux qui attendent encore d’être reconnus par l’Église qui adopte une approche prudente dans ce domaine et prend le temps du discernement face à chacune des situations.

Dans un entretien à Vatican News, le père marianiste Jean Louis Barré, théologien et mariologue, explique comment l’Église aborde ces phénomènes et les mouvements de piété populaire qui la plupart du temps, les accompagnent.

Père Jean Louis Barré, voudriez-vous nous éclairer sur les phénomènes mystiques liés à Marie, de quoi parle-t-on plus précisément?
Ces phénomènes rentrent dans ce que l'on peut appeler les révélations privées. Et qui dit révélation, dit mystère de Dieu qui se révèle à travers sa parole et les sacrements. Il y a donc des personnes qui vivent une expérience forte qui nous relie à la Parole de Dieu, et c'est cette expérience-là que nous devons discerner, parce qu’elle peut influencer, même très positivement, la pastorale de l'Église. On le voit par exemple pour Lourdes et Fatima, ou encore en ce qui me concerne, à Audoin, à côté d'Abidjan en Côte d’Ivoire, où nous assistons à un phénomène de lacrimation d’une statuette de la Vierge Marie.

De nombreux phénomènes sont récents dans le monde, peu sont reconnus par l’Église. Quelle est l’approche de l'Église?
Nous avons eu ce phénomène de lacrimations de sang, donc à Audoin, et l’évêque l’a accueilli, sans amplifier le phénomène. Ce qui est intéressant, ce n’est pas le phénomène en tant que tel, mais son contexte. Cela fait partie de la pédagogie de Dieu de vouloir nous rendre sensibles, à sa manière, à la mission maternelle de Marie. Mais il faut discerner. Et ce qui est important pour nous, c’est ce que nous vivons au niveau de la foi.

On pourrait penser que l'Église aurait plutôt tendance à s'approprier rapidement, immédiatement une apparition, comme une preuve de l'existence de Dieu. Et en fait, ce n'est pas du tout le cas…
Non, pas du tout. Et l'heure de Dieu, ce n'est pas la nôtre. Dieu permet des grâces qui doivent rebondir à un temps fixé que Dieu connaît mieux que nous. Si le Seigneur permet que ça patine et qu'on n'ait pas l'information maintenant, c'est parce qu'il a certainement quelque chose à nous offrir au moment voulu.

Si l’on doit se ramener au temps des hommes, que fait l'Église pendant ce temps précisément, enquête-t-elle?
L'Église enquête. Mais vous vous rendez compte que, orienter la pastorale, par exemple sur l'invitation à la conversion et à la pénitence, comme l’a fait l’évêque de Yopougon, en Côte d’Ivoire, dans le diocèse qui abrite la statuette du village d’Audoin, ce n’est pas banal. Tous les évêques du monde entier n’ont pas ce choix-là. Mais tout cela fait partie d'un ensemble et c'est en équilibre avec l'ensemble, que tout se vit. Une des authentifications de la vérité, c'est que cela conduit les gens à lire la Parole de Dieu, à être en communion dans l'Église et à bénéficier des sacrements.

Qu'est ce qui pourrait amener l'Église à s’opposer dans certains cas aux mouvements de piété populaire qui accompagnent ces phénomènes?
Pour que l’Église s’oppose, il faut qu'il y ait un contenu qui ne soit pas conforme au crédo de l'Église et à la manière de vivre des chrétiens. Je pense que l'Église veille à ne pas à ce que les chrétiens ne se dispersent pas, et aillent à l'essentiel. Toutes ces ‘mariaphanies’, toutes ces apparitions, vont dans le même sens. Et moi, ce qui me touche le plus, c'est que Marie a cette mission, actuelle, de nous préparer au retour en gloire de Jésus. C'est là toute la dimension eschatologique. L'histoire a un sens et Marie n'est pas de trop pour nous pour nous aider à nous ouvrir le cœur dans cette espérance du retour en gloire de Jésus.

Entretien avec le père Jean Louis Barré

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15 août 2023, 08:00