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2022.08.10 Martin Knoller, Assunzione della Beata Vergine al cielo (particolare), olio su tela, ante 1788 - ca 1788

Assomption: l’exemple de Marie invite à l’humilité et à la non-violence

La solennité de l’Assomption de la Vierge Marie invite à l’humilité et à la non-violence. Elle est aussi une fête de l’espérance, qui nous encourage à redonner espoir, spécialement à ceux qui portent des croix de la maladie, de l’injustice, de l’oppression et de toute sorte de menaces, comme en souffre actuellement le peuple du Niger. C’est ce qu’a déclaré le théologien béninois abbé Nathanaël Soédé dans une interview accordée à Vatican News.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

L’Assomption de la Vierge Marie nous fait découvrir en profondeur que Marie a une grâce particulière du Seigneur qui l’a choisie pour être la mère de son Fils sous la puissance de l’Esprit-Saint, a déclaré l’abbé Nathanaël Soédé, théologien béninois, professeur émérite de théologie et de philosophie à l’université catholique d’Afrique de l’Ouest - Unité universitaire d'Abidjan (Ucao-Uua). Prêtre du diocèse de Lokosa, il est aussi  aumônier national des cadres et personnalités politiques, au Bénin.

Alors qu’elle était engagée dans un processus de mariage, la Vierge a tout interrompu pour dire “oui“ à Dieu et s’est présentée comme sa servante. Elle s’est totalement donnée à Lui, elle a porté, enfanté et accompagné son Fils, jusqu’à la Croix. 

L’Église, qui a reconnu les grâces particulières accordées à la Mère de Dieu, célèbre en cette solennité «l’élévation au ciel de Marie dans son corps et dans son âme», car Dieu n’a pas voulu que celle qui a porté son Fils connaisse la corruption, a rappelé le prêtre du diocèse de Lokosa, au Bénin.

Le salut qui vient du Christ nous élève vers le Ciel

L’Assomption est la continuité de l’Immaculée conception, a poursuivi le père Soédé. Épargnée du péché originel, Marie a aussi été épargnée de la corruption et a été élevée au ciel où elle est près de son Fils qui règne avec de l’Esprit-Saint qui l’a possédée à l’Annonciation. Là, elle intercède pour nous. Ceci est un témoignage pour notre foi, qui est un salut qui nous élève vers le Seigneur. En cela la Vierge est un modèle pour nous. Tous ceux qui se reconnaissent comme serviteurs du Christ sont appelés à monter vers le Seigneur à la fin de temps. Dans le Magnificat, Marie ne rend pas grâce à Dieu pour son propre bien, mais parce qu’il a élevé son peuple, c’est-à-dire pour le salut qu’il a accordé à Israël, a ajouté le prêtre béninois.

A l’école de Marie, soyons des serviteurs fidèles du Seigneur

En célébrant cette solennité, nous communions à l’amour de Dieu qui a élevé sa servante. A l’école de Marie, nous devons nous définir nous aussi comme des serviteurs du Seigneur et être fidèles à cette vocation, à cette identité. C’est alors que nous pourrons prendre la voie, comme la Vierge, et suivre le Christ même dans les moments de difficulté, jusqu’à la Croix. Nous pourrons aussi aider les autres à porter leurs croix, comme la maladie, le chômage, la vieillesse, les situations politiques oppressives, la prison, les conséquences des abus, les trahisons, a exhorté le théologien béninois.

Une pastorale d’éveil des consciences

Nous inspirant du Magnificat, nous devons chercher à ce que Dieu élève les humbles et les pauvres, qu’il chasse de nos cœurs tout pouvoir qui veut écraser, «que nous chassions de notre environnement et de nos cités toute manifestation de pouvoir qui empêche à Dieu de manifester son salut». La pastorale que l’Église peut mener, à travers des sanctuaires mariaux, les pèlerinages ou autres célébrations, doit inviter les fidèles à imiter l’humilité de la Vierge Marie, afin de chercher l’élévation qui vient de Dieu. Cela doit être un appel à porter l’espérance des peuples, un éveil des consciences, l’annonce d’une libération qui commence aujourd’hui et qui n’est pas nécessairement conditionnée par la recherche effrénée du pouvoir et des biens socio-économiques éphémères, préconise le prêtre de Lokossa.

L’Assomption est une célébration de la non-violence

Comme Marie nous invite à l’humilité et à la non-violence, nous pouvons, nous aussi, voir aujourd’hui autour de nous comment notre monde, nos nations et nos familles sont des lieux où se manifestent l’oppression, la violence et la domination sous toutes formes. Pour que la conversion soit possible, nous devons commencer par voir ce qu’il y a à changer dans nos propres cœurs, dans nos paroles et nos actions, a souligné le professeur émérite de l’Ucao. 

Être solidaire avec le peuple du Niger par la non-violence

Abordant la situation que vit actuellement le Niger depuis le Coup d’État du 26 juillet 2023, le père Soédé a déclaré que le peuple du Niger et tout le peuple de la sous-région ouest-africaine a d'abord besoin de s'élever au-dessus de toute manipulation. Marie a pris parti pour le peuple qui était opprimé. «Que nous voyons en cela les vraies situations d’oppression des peuples du peuple du Niger et de la sous-région, que nous soyons solidaires de cela par la non-violence. Que nous soyons déterminés comme chrétiens, dans la foi, que la vérité doit triompher du mensonge quand il est politique ou économique et que Dieu nous donne d’être des artisans de paix et de justice», a déclaré le théologien. «Comme Marie a proclamé le relèvement des pauvres, nous devons aussi proclamer le relèvement de ce peuple et ne pas accepter de compromissions, de parti pris ou de peur qui ne nous permettrait pas d'être le témoin de Dieu, qui est le Dieu de la paix, le Dieu de la justice, le Dieu de la vérité», a-t-il poursuivi.

Bien que le coup d’État soit condamnable, la meilleure solution à la sortie de la crise reste la voix non-violente, la diplomatie, a réitéré le père Soédé.

Un fait doit interpeller les leaders politique, a-t-il indiqué: «pour la première fois, pour un coup d’État en Afrique, tous les pays voisins interviennent, ainsi que d’autres en dehors du continent». Que l’exemple de la Lybie nous enseigne et que la Cédéao, tant félicitée pour son approche diplomatique, ne fasse pas le contraire en cette situation, a plaidé le prêtre béninois. Il a particulièrement exhorté l’organisation sous-régionale à privilégier la voix de la paix dans la résolution du problème actuel au Niger et dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Il a aussi appelé les dirigeants de la Cédéao à ne pas affamer davantage des peuples déjà pauvres, car opprimer celui qui souffre n’est pas en accord avec la tradition africaine, a souligné le théologien. 

Le père Soédé a conclu avec une note d’espérance. Le Concile Vatican II nous a invité à scruter les signes des temps. Ce qui s’est passé au Niger et dans s’autres pays ouest-africains doit interpeller les dirigeants, que l’Afrique veut une vraie indépendance. Elle doit commencer par la conversion du cœur, le changement des mentalités. Sans encourager les coups d’État, il a souligné que le continent a besoin d’un vent nouveau, spécialement en faveur des peuples qui sont dans les périphéries. «Les périphéries actuelles, c’est aussi ces nations qui sont dominées, ce sont ces pauvres gens, qui croupissent sous la puissance de ceux qui veulent tout accaparer et qui voudraient imposer leur dictat à nos pays d’Afrique». Que la paix que nous recherchons puisse prévaloir sur toute autre solution, a conclu le prêtre béninois.

 

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15 août 2023, 17:09