Rwanda: colloque théologique international sur Paul Tillich
Vatican News, avec Jean-Paul Niyigena – Kigali
Le colloque international et œcuménique tenu du 10 au 13 août 2023 à Gikondo, dans l’archidiocèse de Kigali, a réuni des théologiens et d’autres chercheurs venus des universités catholiques du Rwanda, d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Burkina-Faso), de la République Démocratique du Congo, d’Afrique centrale (Cameroun), d’Afrique de l’Est (Kenya), de Louvain-la-Neuve en Belgique, de l’Abbaye de Keur Moussa au Sénégal; ainsi que ceux de Pontificia universidad catolica de Valparaiso (Chili), de l’université de Fribourg (Suisse) et de l’université de Bochum (Allemagne).
Conciliation entre la foi chrétienne et la culture africaine
Dans son mot d’ouverture, Mgr Philippe Rukamba, évêque de Butare, chancelier de l’université catholique du Rwanda et co-Président Sud de la Fondation Internationale Religions et Sociétés, a félicité les organisateurs. Il a attiré l’attention des participants sur la nécessité de poursuivre la réflexion théologique sur les enjeux des rapports entre l’Église et la culture à l’heure de la crise de la transmission de la foi.
Pour les organisateurs, l’intérêt de revisiter la théologie de Paul Tillich, pour l’Église en Afrique, consiste dans le fait que ce théologien allemand a pensée l’Église de son époque. Celle-ci correspond à la période de l’évangélisation de l’Afrique par les missionnaires européens.
En effet, si les rapports entre le christianisme et les cultures africaines n’ont pas été faciles, le Concile Vatican II a frayé de nouveaux horizons pour un enrichissement mutuel entre le christianisme, les religions et les cultures (Nostra Aetate). Dans cette perspective, le travail et l’engagement du Cardinal Joseph Albert Malula, qui fut archevêque de Kinshasa en République Démocratique du Congo, et de Mgr Aloys Bigirumwami, évêque de Nyundo au Rwanda, premier évêque noir de l’Afrique des Grands-Lacs, en faveur d’un christianisme réconcilié avec les cultures africaines ont été revisités.
Défis de l’Église africaine aujourd’hui
Le thème du colloque de Kigali s’est décliné également en d’autres thématiques, à savoir l’hyper-crédulité des Africains qui les conduit à se faire manipuler par les Églises de réveil; et les conditions de possibilités pour une contribution efficace de l’Église à répondre aux pathologies politiques et religieuses dont souffre l’Afrique. Le forum a fait des liens entre la pensée de Paul Tillich et l’invitation du Pape François à être une Église en sortie. Il a mis l’accent sur la nécessité d’un travail théologique pour maintenir l’équilibre entre la piété populaire et la liturgie de l’Église ainsi que l’urgence d’une prise au sérieux de la culture populaire dans le travail évangélisateur de l’Église.
Les participants ont réfléchi sur l’importance de considérer les nouvelles dynamiques de la culture, car celle-ci est passée d’un bloc solide et cohérent à une réalité fragmentée et liquide à l’heure de la mondialisation et des réseaux sociaux. Le renforcement de l’œcuménisme était également un point clé de ce colloque car celui-ci doit être vécu comme un témoignage de la foi chrétienne mais également comme un outil pédagogique pour lutter contre le fanatisme et l’intolérance religieux. En effet, les familles dont les membres appartiennent à différentes confessions chrétiennes ne se comptent plus en Afrique.
Poursuivre le dialogue entre la culture et la foi chrétienne
Dans son mot de clôture, le cardinal Antoine Kambanda, archevêque de Kigali, président de la Conférence Épiscopale du Rwanda et membre du Dicastère pour la Culture et l’Éducation, a remercié les participants et les a exhortés à poursuivre ce travail théologique dont l’Église a tant besoin et plus particulièrement l’Église Famille de Dieu en Afrique. Il a repris les propos du Pape François adressés à la délégation de la Fondation Internationale Religions et Sociétés le 1er juin 2023, encourageant à poursuivre le dialogue entre la culture traditionnelle et la foi chrétienne et à continuer à travailler en chœur pour le bien de l’Église et de nos sociétés.
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