Le Pape exhorte l'Église en Côte d’Ivoire à prendre sa part de souffrance dans l'annonce de l'Évangile

Françoise Niamien – Cité du Vatican

La Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Cecci) était à Rome du 18 au 23 septembre 2023 pour la visite ad limina apostolorum. Cette semaine de travail avec les différents Dicastères de la Curie Romaine leur a été très bénéfique, selon Mgr Yao Kouadio, évêque de Daloa (centre ouest) et président de la Cecci. «Ces rencontres nous ont instruit sur beaucoup de choses que nous ignorions, a-t-il confié. Elles ont été des temps de formation, d'information et de ressourcement».
Les rencontres de travail ont précédé l’audience des évêques ivoiriens avec le Pape, vendredi 22 septembre. «Nous avons eu une rencontre très fraternelle avec le Saint-Père portant sur des questions d'ordre pastoral, canonique, économique et politique, relativement à notre jeunesse et à notre Afrique. La vie de l’Église universelle tout comme des points concernant l’Afrique ont été également abordés dans nos échanges», a fait savoir le président de l’épiscopat ivoirien.

«Toute l’Église est missionnaire par nature»

Le Pape et les évêques ivoiriens ont aussi abordé «des sujets brûlants concernant la vie de l’Église en Côte d’Ivoire». La jeunesse et la formation des séminaristes ont été également évoquées. «Le Pape nous a exhortés vivement à mettre les jeunes au cœur de notre pastorale et la formation des séminaristes au cœur de nos soucis». En outre, a-t-il poursuivi, «le Saint-Père nous a tous exhorté évêques, diacres, prêtres, religieux, religieuses et laïcs à prendre notre part de souffrance dans l’annonce de l’Évangile parce que c'est toute l'Église qui est par nature missionnaire».

«Colonisation idéologique»

L’évêque ivoirien a regretté qu’aujourd’hui l'aide publique au développement dans les pays pauvres est assortie de conditions qui ne respectent pas la dignité humaine. «Pour avoir un financement de projet important de développement en Afrique de la part de certains organismes, il devient impérieux d’accepter certaines contre-valeurs entre autres, l’homosexualité et l’avortement» a-t-il souligné. Évoquant ce constat avec l’épiscopat ivoirien, «le Pape a parlé de colonisation idéologique», a fait remarquer l’évêque de Daloa.

Au moment où beaucoup de candidats à l’immigration clandestine disent provenir de la Côte d’Ivoire, le sujet de l’immigration a également été au menu de la rencontre avec le Pape. Dans son interview, Mgr Kouadio a exprimé sa douleur de voir les jeunes africains partir «de leur continent immensément riche pour, selon eux, un avenir meilleur au point d’aller mourir dans la Méditerranée, ce cimetière maritime».

Inculturation, autonomie financière...

Pour l’Église d’Afrique, aux yeux de Mgr Yao Kouadio, l’inculturation reste un défi à relever: «nous savons que la culture africaine a des valeurs, mais en même temps, tout n'est pas valeur. Dans ce sens, l'Église à un rôle à jouer».
Aussi, en ce qui concerne l’autonomie financière des Églises particulières ou diocésaine, l’évêque a souligné qu’il leur revient de travailler, afin de pouvoir «se prendre en charge, de s'autofinancer».

En Côte d’Ivoire, l’Église a toujours été présente dans le champ social, à travers les œuvres sociales, comme les écoles, les centres de santé, les centres d'alphabétisation qui sont des initiatives paroissiale, diocésaine et des religieux. Cette présence de l’Église doit être améliorée, a déclaré Mgr Yao Kouadio, pour qui l’Église doit également continuer à travailler à relever le défi du dialogue interreligieux.

Mission de réconciliation de l’Église en Côte d'Ivoire

Au service de la réconciliation en Côte d’Ivoire, l’évêque ivoirien a rappelé que «l'Église a toujours parlé, interpellé, dénoncé». «Les évêques ivoiriens ont toujours parlé à travers leurs différentes lettres. Nous parlons même si nous sommes parfois humiliés, voire menacé», a-t-il insisté.

En Côte d’Ivoire, la première semaine de l’Avent est consacrée à la réconciliation. «Nous travaillons toujours dans le sens de la réconciliation. Nous appelons et interpellons, mais certains ont leur manière de voir les choses, selon leurs ambitions, mais cela ne nous empêche pas de continuer notre mission de pasteur qui consiste à annoncer la bonne nouvelle qui est une nouvelle de paix», a assuré le président de la Cecci.

Certes, a-t-il souligné, «tout le monde ne nous écoutera pas, même à l’intérieur de l’Église catholique; mais nous parlons de paix et nous continuerons à parler de paix dans nos communautés ecclésiales de base, dans nos écoles dans nos homélies».

Remerciant le Pape au terme de leur visite ad limina, Mgr Marcelin Yao Kouadio a dit lui avoir lancé «une invitation de tous fils et filles de son pays qui seraient heureux de l’accueillir en terre ivoirienne».