Incendie à Johannesburg, l'Église d'Afrique australe déplore la perte de vies humaines
«Ceux qui sont morts étaient des personnes - nos frères et sœurs - et le fait de les qualifier d'"immigrés clandestins" perpétue la rhétorique dangeureuse anti-immigrés qui est en train de se normaliser» déplore la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe. La remarque de la ministre auprès de la présidence, Khumbudzo Ntshavheni selon laquelle il n'appartient pas au gouvernement de fournir des logements aux immigrés sans papiers est «fallacieuse dans sa tentative de rejeter la faute sur les ressortissants étrangers et d'en faire des boucs émissaires, comme si certaines vies étaient moins importantes que d'autres. Une réponse aussi froide et dépourvue de compassion de la part d'un haut responsable du gouvernement est profondément troublante», a déclaré le cardinal élu Stephen Brislin, archevêque du Cap et porte-parole de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe.
Il dénonce l'exploitation des «propriétaires de bidonvilles qui s'emparent de ces immeubles et exploitent sans scrupules les sans-abri et les pauvres, les forçant à vivre dans des situations inhumaines et dangereuses tout en leur faisant payer un loyer», a-t-il déclaré. Les évêques catholiques se disent choqués par les tentatives de «diabolisation des migrants» pour expliquer cette tragédie.
La prière du Pape pour les victimes
Lors de l’audience générale du mercredi 6 septembre tenue Place Saint-Pierre, le Pape François à la suite de cet incendie qui a fait au moins 76 morts dans le centre-ville de Johannesburg, dont des enfants, a exprimé sa tristesse face à la perte de vies humaines. «Je vous invite à vous joindre à moi pour prier pour les victimes. Aux familles, j'exprime ma profonde tristesse et j'envoie une bénédiction spéciale pour elles, et pour tous ceux qui s'efforcent de leur apporter aide et soutien» a déclaré le Saint-Père.
Jeudi dernier, les victimes ont trouvé la mort dans un brasier qui a ravagé un immeuble désaffecté pris en charge par des gangs criminels et des cartels qui demandaient un loyer pour l'espace qu'il occupait. La plupart des victimes de l'incendie étaient des Sud-Africains désespérés et des migrants que les analystes décrivent comme vivant en marge de la société.
«Une direction défaillante à l'origine d'un décès»
L'Institut jésuite d'Afrique du Sud a attribué le tragique incendie à un «échec de leadership au niveau local et national».
«Pendant que les classes politiques se font la guerre, cherchant avidement le pouvoir et le contrôle dans le métro de Johannesburg, la vie des citoyens ordinaires est en danger. Les infrastructures défaillantes, l'absence de volonté politique de faire respecter l'État de droit et la négligence pure et simple des services de base sont autant de symptômes de l'autosatisfaction, de la corruption et de l'incompétence. Une mauvaise gestion, comme nous l'avons vu, conduit à la mort», a déclaré le père Russell Pollitt, directeur de l'Institut jésuite d'Afrique du Sud.
Il a également condamné la déclaration de la ministre de la présidence, Khumbudzo Ntshavheni, selon laquelle il n'est pas de la responsabilité du gouvernement de fournir des logements aux immigrés clandestins.
Un manque d'humanité
«Les dirigeants sud-africains sont tellement égocentriques que nous sommes devenus inhumains. Elle (la ministre) oublie que les activistes fuyant l'Afrique du Sud comptaient sur la gentillesse des autres pour les héberger. Malheureusement, des tragédies comme celle-ci révèlent que l'Afrique du Sud ne respecte ni ne promeut plus les droits de l'homme fondamentaux et la dignité humaine», a-t-il affirmé.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a quant à lui, déclaré aux médias que l'incendie était le plus meurtrier jamais enregistré dans le centre de Johannesburg, promettant de «débarrasser la ville des criminels qui gèrent les immeubles "détournés".»
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