Ukraine: malgré la guerre, l'engagement de la communauté gréco-catholique ne faiblit pas

Olena Komisarenko - Cité du Vatican

En Ukraine, les personnes atteintes du syndrome de Down sont appelées «enfants du soleil» en raison de l'énergie positive, de la joie et de l'enthousiasme qu'elles sont capables de dégager. En ces temps sombres de guerre que vit le pays, la communauté gréco-catholique de la petite ville de Fastiv, dans la région de Kiev, a mis tout en œuvre pour que ces rayons de soleil ne quittent pas le visage de Mykyta, un jeune atteint de trisomie 21. Malgré toutes les difficultés, les membres de la paroisse saint Demetrius, matryr chrétien, ont pu ouvrir un atelier de pâtisserie permettant à Mykyta de réaliser son rêve: faire des biscuits pour les gens et les rendre heureux. 

Un soutien spirituel et matériel 

Un jour, une famille en difficulté est arrivée dans cette petite mais fervente communauté paroissiale. À sa tête, une mère qui subvenait seule aux besoins de ses deux enfants, une petite fille et un garçon appelé Mykyta. Leur maison avait été détruite par un incendie. 

C'est alors que la paroisse gréco-catholique est venue en aide à cette famille, à la fois matériellement et spirituellement. Le jeune Mykyta a ainsi commencé à exercer son ministère dans la paroisse saint Demetrius avec l’aide du père Vitaliy.

Après l’obtention de son diplôme de pâtissier, la communauté gréco-catholique de Fastiv a cherché à valoriser le potentiel du jeune garçon atteint du syndrome de Down.

Un obstacle inattendu

Alors que les fonds nécessaires avaient été collectés pour que la patisserie ouvre ses portes, la guerre est déclarée en Ukraine. «Pendant un an et demi, nous n'avons rien pu faire», a affirmé le prêtre gréco-catholique. «Mais, a-t-il ajouté: je sais que Dieu parle aux gens à différents moments et de différentes manières, et j'ai perçu qu'en ces temps de guerre, le langage de Dieu est la bonté que les gens ont besoin d'entendre.».

La communauté gréco-catholique de Fastiv s’est décidée à ouvrir la pâtisserie "Korzhyk", finalement inaugurée cette année, malgré le conflit russo-ukrainien, le jour de l'Annonciation de la Vierge Marie. 

Le rêve du "fils du soleil" réalisé

L'inspiration chrétienne et l'unité de la communauté, même face aux difficultés, ont donné naissance à un lieu spécial où règnent la bonté et l'amour. «Le fils du soleil» Mykyta prépare chaque jour des biscuits et des gâteaux pour les gens, en suivant les recettes d'un pâtissier professionnel. «Tout le monde peut visiter la pâtisserie», a lancé le prêtre, notifiant que «Mykyta sourit toujours car c'est un jeune garçon ouvert et ensoleillé, mais seul, il n'aurait pas pu trouver un emploi dans ces circonstances. Nous lui avons offert la possibilité d'une réhabilitation psychologique, d'un développement des compétences et d'une autonomie, car aujourd'hui, toute personne atteinte du syndrome de Down doit être capable de se débrouiller dans la vie».

Mykyta travaillant dans la pâtisserie

En outre, les organisateurs ont jugé utile d'installer des tables dans la pâtisserie, créant ainsi une sorte de mini-café où l'on peut peut déguster des biscuits, faire un don pour une bonne cause ou simplement passer du temps dans cet environnement de miséricorde. Ce lieu aide également le curé dans sa mission d'éduquer les consciences, selon l'invitation du Pape François exprimée dans l'encyclique Laudato si': «Toutes les communautés chrétiennes ont un rôle important à jouer dans cette éducation. J'espère aussi que dans nos séminaires et nos maisons religieuses de formation, nous éduquerons à l'austérité responsable, à la contemplation reconnaissante du monde, au soin de la fragilité des pauvres et de l'environnement» [214].

Sentiment de sécurité et de stabilité socio-économique

En ces temps difficiles de guerre, où la stabilité et la confiance en l'avenir font défaut, les activités de la pâtisserie et l'atmosphère accueillante donnent à Mykyta un sentiment de protection sociale et de stabilité économique. Le père Vitaliy estime que «les personnes socialement défavorisées sont particulièrement touchées par l'instabilité de la société». «Il est difficile pour eux de trouver un emploi, même en temps de paix, et c'est encore plus difficile maintenant qu'il pleut des bombes. De plus, ces personnes ont du mal à faire face aux événements tragiques de la guerre, les traumatismes ne sont pas toujours gérables pour elles. Mais nous ne baissons pas les bras». «La stabilité sociale va de pair avec la stabilité économique», a poursuivi le prêtre, «car lorsqu'une personne est un peu plus forte économiquement et parvient à gagner son pain, elle parvient à mieux s'intégrer dans la société. Mykyta met tout son amour dans les biscuits qu'il fabrique et grâce à l'aide de nombreuses personnes, nous avons pu l'aider en lui redonnant l'amour et de la joie de vivre».

Le sourire de l'enfant du soleil

«Aujourd'hui, Mykyta sourit tous les jours parce qu'il est heureux, et c'est la chose la plus importante pour nous», conclu le père Vitaliy. La lumière et la gentillesse qui rayonnent dans la vie de Mykyta changent le cœur de ceux qui l'entourent et suscitent le désir de prendre soin les uns des autres pour construire le nouveau monde ouvert, évoqué par le Pape François, dans l'encyclique Fratelli Tutti. Au paragraphe 98, François rappelle que les personnes handicapées sont des «exilés cachés» et invite non seulement à prendre soin d'elles, mais aussi à assurer leur «participation active à la communauté civile et ecclésiale». Ce chemin exigeant et inclusif contribue à la formation d'une conscience capable de considérer chaque individu comme une personne exceptionnelle et unique.