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Mgr Samuel Kléda, archevêque de Douala au Cameroun Mgr Samuel Kléda, archevêque de Douala au Cameroun 

Cameroun: l’engagement de Mgr Kléda pour l'accompagnement des jeunes

«Ramener ces jeunes à découvrir Jésus-Christ comme leur seul Maître, créer un cadre où ils peuvent être écoutés, des structures où ils pourront apprendre les petits métiers», c’est le service que l’archidiocèse de Douala au Cameroun s’engage à offrir aux jeunes. Cette mission se réalise à travers la construction d’une aumônerie dans chaque paroisse de l’archidiocèse. Dans une interview accordée à Vatican News, Mgr Samule Kléda, ordinaire du lieu, a expliqué ses motivations.

Entretien réalisé par Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican

«L’archidiocèse de Douala est très vaste et il y a beaucoup de jeunes; des jeunes qui viennent d'abord pour étudier, puis des jeunes qui sont là, qui travaillent ou cherchent à travailler», a déclaré l’archevêque de Douala. Face à ce nombre important des jeunes dans cette zone apostolique, il est nécessaire pour l’Église d’être proche pour mieux les accompagner. Voilà pourquoi, a-t-il expliqué, «nous avons convoqué un synode sur les jeunes, à la suite du synode convoqué par le Pape qui s'est déroulé en octobre 2018, afin de réfléchir aux moyens de nous rapprocher des jeunes, les accompagner, essayer d'être plus proche d'eux».

Un synode diocésain pour les jeunes dans l’archidiocèse de Douala

Pour le déroulement de ce synode organisé sur trois années, a expliqué Mgr Kléda, «nous choisissons une période d'une année» et dans ce sens, «nous sommes à peu près à la moitié» de cette première année. Par ce synode, l’on constate que tout le monde se met à l’écoute des jeunes, en commençant par «les parents, les fidèles, les prêtres, nous tous, chacun à son niveau». Et pour mieux vivre ce temps, le thème choisi porte sur l’appel. Le but étant de permettre aux jeunes «s'interroger sur leur vocation». La fin de cette première année sera marquée par une célébration où «nous allons célébrer ce que nous avons vécu, nous allons le présenter au Seigneur avant d'engager une nouvelle année», a fait savoir le prélat.  


Une paroisse, une aumônerie pour mieux accompagner les jeunes

Pour être davantage proche de cette jeunesse afin de mieux l’accompagner, l’archevêque de Douala s’engage à faire construire dans chaque paroisse une aumônerie. Et pour lui, «ce projet se justifie très bien, parce qu'il faut trouver des lieux où les jeunes peuvent se retrouver», or le lieu idéal c’est l’aumônerie des jeunes. Dans ces aumôneries, a-t-il poursuivi, «on mettra à leur disposition, les moyens de communication, des ordinateurs, qu'ils viennent là créer des bibliothèques réelles, et aussi des bibliothèques virtuelles». Dans ces centres, les jeunes auront aussi la possibilité «d’apprendre des petits métiers, tels que être soudeur, être menuisier, être maçon», car, «nous avons besoin de ces techniciens».

Pour les moyens, le pasteur compte d’abord sur les fidèles, assurant que «les chrétiens nous accompagnent et ils vont nous aider pour réaliser ces infrastructures». Il a assuré, par ailleurs, qu’il existe «déjà certaines infrastructures qui fonctionnent très bien à ce niveau-là, où les jeunes ont leur lieu de rencontre, leur lieu de prière, leur lieu d'études; ce qui est lié à la spiritualité, les prêtres, les aumôniers sont là à leur service». Mgr Kléda soulève également la question de la proximité du gouvernement camerounais dans ce processus d’accompagnement des jeunes, expliquant que dans l’archidiocèse de Douala, il y a «les responsables, soit au niveau départemental ou au niveau régional» qui collaborent avec l’Église dans cette mission.

Des jeunes face aux multiples défis

«Cette jeunesse, quelque part, est une jeunesse désemparée. Parce qu'il y a beaucoup de jeunes, quelques fois, qui ont travaillé ou qui ont fini l'école, maintenant qu’ils cherchent du travail, ils n’en trouvent pas, ils ne savent où aller». Et dans cette condition, il y a «beaucoup de choses qu'on leur présente aujourd'hui dans le monde; il y a des sectes et tout ce que les médias présentent». Face à tous ces défis, a relevé l’archevêque de Douala, «il est important de ne pas laisser ces jeunes comme une proie livrée». L'Église est là et doit leur offrir le cadre d’accompagnement et de suivi. Selon lui, si «nous parvenons à ramener ces jeunes à découvrir Jésus-Christ, Il deviendra leur chemin, ils s'attacheront à Jésus-Christ».

Ce manque de travail pousse les jeunes à s’engager sur le chemin de la migration, en voulant traverser le désert ou la Méditerranée pour aller soit en Europe ou aux USA. Il a expliqué par ailleurs que «ce qui les pousse à quitter les pays, c'est d'abord la pauvreté parce qu'ils n'arrivent pas à s'intégrer dans la société, parce qu'ils n'ont pas de travail». Mais pour le prélat, la solution n’est pas de quitter, mais de rester dans son pays. Par ailleurs il a fustigé la mauvaise gouvernance des États, le manque d’indépendance réelle aussi bien sur le plan politique qu’économique, ce qui ne permet pas de créer des conditions de vie adéquate pour l’intégration des jeunes. Dans cette situation, «il ne s'agit pas seulement de résoudre le problème au niveau spirituel, mais aussi le problème économique, les conflits, tout ça qui ne permettent pas que nos pays se développent. Il faut résoudre tous ces problèmes».

Trouver un moyen au niveau de la sous -Région pour éviter la migration

«Nous sommes tous conscients de ce problème et il n'y a pas un modèle unique. Le tout c'est d'être sensible à la présence de jeunes, être à l'écoute des jeunes et selon chaque milieu on découvre ce qui est nécessaire à leur offrir», a lancé l’archevêque de Douala. Mais pour trouver un moyen commun d’accompagnement des jeunes, surtout dans le cadre de lutte contre la migration, Mgr Kléda a fait savoir que le problème a été posé sur le plan sous-régional, c’est-à-dire les pays qui forment la zone CEMAC, notamment (le Cameroun, le Congo Brazzaville, la République centrafricaine, le Tchad, le Gabon et la Guinée Équatoriale).

Lors de l’assemblée tenue l'année dernière par les évêque membres de cette Région à Malabo, en Guinée Équatoriale, sur le mouvement migratoire de jeunes, «pendant toute une semaine, nous avons réfléchi sur le sujet: comment faire pour pouvoir résoudre ce problème de migration». La sous-commission des responsables de la question de migration au niveau de la sous-région réunis à Douala en juin dernier s’engage à faire des propositions concrètes et «nous sommes sur le point d'écrire un manuel qui pourra être mis à la disposition de nos églises». Le manuel sera un guide et portera sur «comment faire pour pouvoir mettre tout à la disposition des jeunes pour qu'ils ne quittent plus leur pays pour aller mourir soit au désert, soit dans les mers».

Suivre Mgr Samuel Kléda, archevêque de Douala au Cameroun dans une interview accordée à Radio Vatican

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11 octobre 2023, 14:07