A Maskwacis, lors de la visite du Pape François en juillet 2022. A Maskwacis, lors de la visite du Pape François en juillet 2022.  

Au Canada, se souvenir des drames des pensionnats

Le samedi 30 septembre au Canada était célébrée la 3e Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. L’occasion pour les évêques du pays de rappeler la tragédie des anciens pensionnats autochtones et pour le Canada de mettre en lumière cette sombre page de l'histoire.

Vatican news

«L'âme des peuples autochtones du Canada a faim de l'Esprit de Dieu, parce qu'elle a faim de justice, de paix, d'amour, de bonté, de force d'âme, de responsabilité et de dignité humaine», écrit la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) dans un communiqué partagé lors de cette 3e journée nationale de vérité et de réconciliation, reprenant les mots de Jean-Paul II lors de son voyage apostolique à Fort Simpson en 1987.

Une journée disent-ils, «pour qu'ensemble, avec tous les Canadiens et Canadiennes, nous puissions continuer à avancer avec les peuples autochtones sur le chemin de la vérité, de la justice, de la guérison, de la réconciliation et de l'espérance».

Des minorités toujours discriminées

Cette journée est l’occasion pour tout un pays de faire preuve de solidarité envers les minorités autochtones, encore grandement discriminées au Canada et de mettre en avant une page qui reste trop méconnue de l’histoire canadienne, le traitement des Premières nations, des Métis et des Inuits au XIX et XXe siècle.

De 1831 à 1998, près de 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits ont été enrôlés de force dans 140 pensionnats à travers le pays, coupés de leur famille, de leur langue, de leur culture. Dans ces pensionnats, nombre d’entre eux ont subi des mauvais traitements ou des sévices sexuels et plus de 4 000 y ont trouvé la mort.

En juillet 2022, lors de son 37e voyage apostolique, se rendant chez les autochtones de l’Alberta dans le centre du Canada, le Pape François avait demandé pardon aux Premières nations, Métis et Inuits, réunis à Maskwacis, une terre autochtone traumatisée. «Je viens sur vos terres natales pour vous dire personnellement combien je suis affligé, pour implorer de Dieu pardon, guérison et réconciliation, pour vous manifester ma proximité, prier avec vous et pour vous», avait solennellement déclaré le Souverain pontife.

Un défaut de connaissance mutuelle

Pour avancer vers la réconciliation, il faut une éducation vers la culture et l’identité autochtone, expliquait la CECC à Radio Vatican - Vatican News lors la première journée de vérité et de réconciliation en 2021, «Il y a un défaut de connaissance mutuelle» entre les peuples fondateurs, déplorait alors Mgr Raymond Poisson, évêque à Saint-Jérome et président de la conférence des évêques catholiques du Canada, «Historiquement, il y avait non seulement une méconnaissance», mais également un refus: «On ne voulait pas prendre connaissance de cette culture et identité».

Un geste concret, l’ouverture des archives

En janvier 2022, l’Église canadienne annonçait la création du Fonds de réconciliation avec les Autochtones, avec pour objectif de financer des projets visant à la réconciliation des communautés et des familles, à la revitalisation de la culture et de la langue, à l'éducation et au renforcement des communautés, ainsi qu'aux initiatives visant à promouvoir la spiritualité et la culture autochtones.

Par ailleurs, afin de faire la lumière sur le rôle de l’Église catholique au Canada dans la gestion, avec le gouvernement fédéral, des pensionnats autochtones, l’Église canadienne a procédé à l’automne 2022 à l’ouverture de ses archives: «Nous tendons la main pour pouvoir mettre sur pied un mécanisme qui permet d’ouvrir nos archives mais qui garantit également le respect de la vie privée, afin de partager avec les personnes intéressées ce que contiennent ces archives», détaillait l’évêque de Saint-Jérome de Mont-Laurier, à Radio Vatican – Vatican News, tout en nuançant: «ces archives sont sacramentelles, elles sont sans doute plus pauvres que ce que l'on pourrait espérer… Ce sont des dates pour une première communion, confirmation, ou même pour un service funèbre. Mais il n’y a pas de certificat de décès dans nos archives, il faut aller voir cela ailleurs, peut-être dans les archives des écoles directement».

 

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01 octobre 2023, 11:46