Le COPAC promeut la santé mentale à travers l’écoute et l’accompagnement
Entretien réalisé par Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican
La Journée mondiale de la santé mentale qui a été célébrée pour la première fois en 1992 a pour but de promouvoir l'éducation et la sensibilisation du public envers la santé mentale contre la stigmatisation.
Journée mondiale de la santé mentale, une occasion de sensibilisation
La célébration de la Journée mondiale de la santé mentale est d'une très grande importance. En général, les Journées mondiales sont célébrées pour «sensibiliser, pour célébrer les acquis, pour partager les bonnes pratiques ou pour encourager», déclare le père Messengué. Vu sous cet angle, la Journée mondiale de la santé mentale est d'une très grande importance en Afrique. L'OMS a déclaré que la santé mentale est une grande préoccupation dans le continent au regard de toutes les crises, notamment, «les changements et les transformations sociales et culturelles, les instabilités au sein des familles, les déplacements liés aux violences et aux guerres». Autant l'OMS déclare pratiquement un état d'urgence de santé mentale en Afrique, autant elle n'est pas suffisamment prise en compte dans «les budgets des États, dans les politiques de gestion de nos sociétés, et même dans les subventions que les institutions internationales allouent aux initiatives en Afrique» regrette le père jésuite. C’est pourquoi cette journée est importante dans le sens où elle permet de «sensibiliser, pour aussi parler des initiatives et des réponses locales qui sont promues d'un peu partout».
Des initiatives du COPAC pour promouvoir la Journée mondiale de la santé mentale
Le centre de counseling professionnel et de la pastorale clinique (COPAC) existe depuis 2018, mais déjà depuis 2015, explique le directeur de cette structure, «nous proposons des activités de formation dans le cadre de renforcement des compétences des agents pastoraux ou des professionnels en santé mentale».
Pour la Journée mondiale de la santé mentale, «nous agissons dans le sens de donner un sens à cette journée, il faut la faire exister en organisant des activités», affirme le directeur du centre de counseling professionnel et de la pastoral clinique. Dans cette perspective, cette célébration est d’abord pour le COPAC, «une opportunité pour rendre visibles nos offres», déclare-t-il. Le centre de counseling professionnel et de la pastorale clinique offre des «services d'écoute et d'accompagnement psychologique, des formations en renforcement des compétences en matière d'accompagnement psycho-spirituel, psychologique et organise des activités d'appui, d'accompagnement des populations vulnérables». Cette célébration est une occasion approprier pour «parler davantage de ce que nous offrons pour que les gens puissent bénéficier de nos offres, mais aussi nous sensibilisons parce que la santé mentale est encore perçue comme une folie ou bien comme un signe de faiblesse».
Le but de COPAC est de «sensibiliser pour que la santé mentale soit intégrée dans nos habitudes, pour que la santé mentale soit simplement comprise comme une question de santé et de bien-être». Dans le cadre de cette édition 2023, le COPAC attend organiser une conférence le 21 octobre, soit 10 jours après la célébration officielle sur le thème «comment réduire les risques de dépression et de suicide chez les jeunes et les adolescents?»
Le «suicide et la dépression font partie des situations de souffrance psychologique les plus fréquentes en Afrique et ces problèmes affectent davantage les jeunes», c’est ce qui justifie le choix de ce thème selon le père Messengué. Aussi, l'OMS a fait des jeunes et des enfants une priorité. Or, «l'Afrique a une population relativement jeune, mais la plupart de ceux qui sont jeunes ont parfois traversé des situations de crise difficiles qui les marquent». Les jeunes, par exemple qui sont étudiants, «vivent dans des conditions de stress, sinon des situations facilement dépressives». C’est pourquoi, il faut sensibiliser les éducateurs, les parents sur les facteurs de risque et comment on peut les réduire pour éviter les situations ou les cas de suicide et de dépression.
Pour une Église synodale, la nécessité d’intégrer la santé mentale dans les plans pastoraux
«L'Église est experte en humanité», déclare le père jésuite. C'est ce que «nous croyons, c'est ce que l'Église affirme». Et nous sommes aujourd'hui au cœur d'une Église synodale, une Église qui veut renforcer cette identité d'Église synodale, assure-t-il. Pour lui, «l'Église s'est déjà distinguée dans sa capacité à accompagner les États dans la promotion de l'éducation intégrale, dans la promotion de la santé et dans l'accompagnement ou la proximité auprès des personnes ou populations vulnérables». Dans cette même perspective, «elle peut jouer un rôle déterminant dans l'intégration de la santé mentale dans ses services, comme les autres». L'Église peut jouer un rôle important, poursuit le père Messengué, surtout en ce moment où les personnes vulnérables attirent l'attention de l'Église et lancent un cri vers l'Église.
Dans ce sens que le COPAC s’engage comme structure d'Église, puisqu’il est entrain de «devenir un centre catholique de la promotion de la santé mentale, en offrant des formations, des renforcements de compétences aux agents pastoraux». Pour le directeur du centre de counseling professionnel et de la pastorale clinique, l'Église Synodale, telle que définie l'Instrumnentum Laboris, «est une Église de l'écoute». Et en Afrique, les chrétiens veulent une Église de l'écoute, «ils sont à la recherche des prêtres, des religieux, religieuses, des évêques, non seulement qui ont le temps pour les écouter, mais qui ont des compétences pour pratiquer de l'écoute». Le Pape parle beaucoup d'écoute et d'accompagnement, mais ce sont en réalité «des compétences». Ainsi, «l'Église peut aider à promouvoir la santé mentale en l'intégrant dans sa mission, en l'intégrant dans sa vision, de telle sorte qu'on puisse promouvoir un accompagnement psychologique qui intègre la spiritualité et qui est proposée à la lumière de la foi».
Mais cela va exiger, selon le père jésuite, que «même dans la formation de prêtres, la santé mentale ou la formation à l'écoute soient fermement intégrées». Cela va aussi demander que dans «nos écoles, dans nos universités, qu'on repense l'aumônerie, qui ne soit pas simplement une aumônerie centrée sur la spiritualité, sur la foi, mais avec des services capables d'offrir un soutien psychologique de première ligne».
Un appel à un engagement collectif pour la promotion de la santé mentale
Dans cet ordre d'idées, le directeur de COPAC lance un vibrant appel à «toutes les personnes de bonne volonté qui vivent en Afrique, en particulier, de poser des actes pour éviter de marginaliser la santé mentale, pour éviter de stigmatiser les personnes affectées par une souffrance de santé mentale». Il faut emmener les gens à comprendre que c'est juste une question de santé, et donc, «qu'on n'ait pas peur, qu'on n'ait pas honte, qu'on ne stigmatise pas les personnes qui ont besoin d'un soutien psychologique». Il invite ainsi à «multiplier les services, les espaces, pour que les services de promotion de santé mentale soient accessibles à tout le monde, en particulier aux pauvres et aux personnes vulnérables».
Pour conclure, le père Messengué demande à toutes les personnes qui veulent «promouvoir la santé mentale, à aller sur les réseaux sociaux, suivre ce que COPAC offre, et de vous joindre à nous d'une manière ou d'une autre, pour qu'ensemble nous puissions promouvoir la santé mentale en Afrique».
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