Mgr Inácio Saúre, archevêque de Nampula (Mozambique) et Président de la conférence épiscopale Mgr Inácio Saúre, archevêque de Nampula (Mozambique) et Président de la conférence épiscopale 

Elections locales au Mozambique: «la paix passe par le rétablissement de la vérité», déclarent les évêques

L'archevêque de Nampula et président de la Conférence épiscopale du Mozambique, Mgr Inácio Saúre, a déclaré dans une interview à Vatican News que seul un retour à la vérité sur les résultats des récentes élections locales dans le pays, qui pour beaucoup ont été entachées d'irrégularités, ramènera la paix dans les cœurs.

Innocent Adovi avec père Bernardo Suate - Cité du Vatican

Monseigneur Ignacio Saúre, commentant la lettre pastorale publiée par la Conférence épiscopale du Mozambique une semaine après les élections locales du 11 octobre, a parlé des nombreuses allégations sur de possibles irrégularités, qui ont conduit les évêques à organiser et à parler de ces élections, certains que le proverbe très populaire selon lequel «il n'y a pas de fumée sans feu» s'applique bien au contexte que vit le peuple mozambicain. «D'après les informations que j'ai reçues, les allégations concernant d'éventuelles irrégularités, même si elles ont été faites à dessein, semblent être justifiées et méritent donc notre attention», a souligné le prélat. En outre, l'archevêque a réaffirmé que la conférence épiscopale a participé au groupe d'observateurs par l'intermédiaire de sa commission Justice et Paix, et l'impression que la commission a tirée de tout ce qui se passe au Mozambique aujourd'hui est que ces élections locales semblent avoir été les plus problématiques.

Apporter une réponse sérieuse aux préoccupations soulevées

Les évêques mozambicains parlent d'événements alarmants dans leur note pastorale et lancent un appel à la paix. «Nous ne voulons pas être des prophètes de malheur», prévient le président de la conférence épiscopale, «mais nous craignons un grave problème après ces élections si nous ne donnons pas une réponse sérieuse à toutes les préoccupations présentées par les parties qui se disent lésées». D'où l'insistance des appels des évêques pour que, sur la base des instruments juridiques existants, aucune plainte ne soit minimisée et que des éléments suffisants soient trouvés pour clarifier les choses, afin d'éviter le pire, répète Mgr Saúre.

L'un des principaux points que les évêques suggèrent pour maintenir la paix au Mozambique est le dialogue et, pour l'archevêque de Nampula, le dialogue devrait avoir lieu sur la base des plaintes déposées, de sorte que le gouvernement et les autorités électorales, chacun dans leur domaine de compétence, compte tenu des multiples données disponibles avec le concours d’organismes compétents puissent faire les recherches nécessaires et établir la vérité.


Rétablir la légalité, dans la vérité

Le plus important, répète l'archevêque de Nampula, est de rétablir la légalité, en rappelant que la légalité, à son tour, présuppose la vérité car «on ne peut pas simplement dire que tout a été conforme à la loi alors que, selon toute vraisemblance, il y a eu des mensonges, il n'y a pas eu de vérité».  Le résultat sera en effet légal s'il correspond aussi à la vérité de ce qui s'est passé lors du vote, souligne Mgr Saúre. Car dans tout cela, soulignent les évêques mozambicains dans leur note pastorale, il faut de l'éthique et de la justice pour éviter des effusions de sang, pour éviter des morts, comme d'ailleurs on parle déjà de morts sur les médias sociaux, observe l'archevêque, citant le cas de ceux qui sont chargés de protéger les électeurs mais qui, au contraire, sont impliqués dans des actes de violence, ou ceux qui sont censés protéger le matériel de vote, et qui sont les mêmes qui sont censés remplir les urnes avec de faux bulletins de vote. Le prélat a déploré le fait que tous connaissent les règles et les procédures, mais beaucoup agissent différemment, agissent à l'inverse.

Revoir le processus de décompte des voix, respecter la volonté du peuple

L'archevêque de Nampula a également abordé la question de l'appel lancé aux organismes électoraux pour qu'ils «révisent, avec un sens de la responsabilité et de la justice, l'ensemble du processus de décompte des voix afin de respecter la volonté du peuple». Pour Mgr Inácio Saúre, cela est non seulement possible, du moins techniquement, mais c'est quelque chose qui doit être fait car, a-t-il souligné, «si la volonté du peuple a été lésée, tout doit être fait, même s'il s'agit d'annuler les élections, un point extrême, afin que, en fait, rien ne reste flou, car tout ce qui n'est pas clair laissera toujours un mauvais sentiment». Et, citant la conclusion de la note pastorale, Dom Inácio a rappelé que «c'est dans les moments d'épreuve que la grandeur d'un peuple et de ses dirigeants est connue, et que c'est donc un grand défi, en ce moment, pour le peuple mozambicain et ses dirigeants, afin que personne ne manque de courage pour apporter la justice qui conduira les Mozambicains à l'harmonie et à une coexistence saine en tant que nation». Le prélat a conclu en affirmant que cela ne peut être possible qu'avec la restauration de la vérité, et rien que la vérité.


Un appel à la paix qui résulte de la restauration de la vérité

Il est vrai qu'il n'y a pas de mention spéciale des jeunes dans le document des évêques, mais nous ne doutons pas que la forte clameur du peuple mozambicain vient aussi et surtout des jeunes, car nous savons parfaitement que le plus grand pourcentage de la population mozambicaine est jeune, remarque Mgr Inácio Saúre, soulignant que l'absence de référence explicite aux jeunes ne signifie en aucun cas qu'il y a eu un certain oubli, «car nous savons très bien que les jeunes sont ceux qui sont les plus pénalisés dans tout ce processus». Enfin, un message d'espoir à l'ensemble de la société mozambicaine qui, pour l'archevêque de Nampula, peut se résumer en un vibrant appel à la paix: «la paix, et la paix, et la paix qui est le résultat de la restauration de la vérité, sans aucun sentiment de haine, de vengeance, de qui que ce soit et, une fois la vérité découverte, nous devons l'accepter et continuer à avancer ensemble». 

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

23 octobre 2023, 11:44