RD Congo: le diocèse de Bukavu se souvient de Mgr Kataliko, illustre défenseur de paix
Innocent Adovi – Cité du Vatican
«Les générations actuelles doivent regarder dans les rétroviseurs de leur vécu et identifier des valeurs incarnées par des personnes qui sont allées même jusqu’à verser leur sang pour le salut des autres. Monseigneur Emmanuel Kataliko est l’une de ces figures que les générations actuelles et de demain ne peuvent pas oublier», écrit la commission «Justice et Paix» de l’archidiocèse de Bukavu, en République Démocratique du Congo (RDC) dans son bulletin d’information et de formation N° 32 d’octobre 2023.
Mgr Emmanuel Kataliko, artisan de paix
«Nous devons parler, car le peuple souffre. Nous devons parler aux chefs d’Etats, Il faut parler aux dirigeants. Nous devons adresser à l’Afrique un message de réconciliation et de paix», disait Mgr Kataliko peu avant sa mort en 2000. Ce message de paix, il n’avait de cesse de le répéter dans son pays, comme cela transparait dans une de ses homélies du 15 septembre 2000: «Que nous ayons la paix car sans la paix où irons-nous? Que nous ayons aussi l’unité, l’unité du Congo. Que le Congo soit un seulement. Ne commençons pas à le couper morceau par morceau, car cela n’est pas bien. Par contre c’est dans l’unité que nous arriverons à bâtir notre pays dans la paix». Pour aboutir à cette paix précieuse à ces yeux, il indiquait entre autres le pardon comme un chemin incontournable. Il disait que «dans toute chose il faut pardonner. Se pardonner chaque fois et continuer à s’aimer, même s’il y’a des dangers. Pardonner toujours même si le poids à porter est lourd, il faut toujours pardonner». A ses obsèques, à Rome, avait été proclamé le passage des béatitudes: «Heureux les persécutés à cause de la justice parce que le royaume des cieux est à eux».
Un vaillant défenseur, mort au front
Né en 1932 à Lukale, dans le diocèse de Butembo-Béni, dans le territoire de Lubero, dans l’est de la RDC, Mgr Kataliko a été ordonné prêtre en 1958. En 1966 il est sacré évêque et placé à la tête de son diocèse d’origine qu’il dirigea pendant trente-un ans. En 1997, après le meurtre de Mgr Christophe Munzihirwa mwene-Nagbo, il est transféré à Bukavu, archidiocèse qu’il gouvernera jusqu’à sa mort.
Le prélat congolais est décédé à Rome le 3 octobre 2000. Il se trouvait dans la ville éternelle pour participer à la douzième assemblée du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM). Avant le rapatriement de son corps, une messe a été célébrée en sa mémoire, avec la participation de onze cardinaux, cent-vingt évêques et un millier de fidèles. Ce fut un vibrant hommage à l’endroit de cet homme d’Eglise, contraint à sept mois d’exil à cause de ses prises de position en faveur des pauvres populations de la région, encore troublée aujourd’hui, de l’Est de son pays.
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