Le cardinal Marc Ouellet, préfet émérite du dicastère pour les Évêques.

EGLISE

Le cardinal Ouellet prépare un congrès au Vatican sur les vocations

Avec le Centre de recherche et d’anthropologie des vocations (CRAV), le cardinal Marc Ouellet prépare une suite au précédent symposium de 2022 dédié à la théologie du sacerdoce. Les 1er et 2 mars 2024, il sera question de l’anthropologie des vocations, pour opposer à une société en perte de repères la foi en Jésus Christ et la communion avec les autres.

Entre deux symposiums destinés explorer le sacerdoce et les vocations, le cardinal Marc Ouellet, préfet émérite du dicastère pour les Évêques, accorde un entretien aux médias du Vatican pour présenter le prochain congrès du 1er et 2 mars prochain intitulé «Homme-femme, image de Dieu. Pour une anthropologie des vocations», qu’il organisera au Vatican avec le CRAV, le Centre de recherche et d’anthropologie des vocations.

Éminence, quelle est la signification de cette initiative?

Elle fait suite au symposium de février 2022 en salle Paul VI sur le thème: “Pour une théologie fondamentale du sacerdoce”. L’Église se trouve dans une profonde recherche synodale pour développer la participation active de tous les fidèles en vue d’une communion ecclésiale plus profonde qui ait un impact sur la mission. Une Église synodale croîtra dans la mesure où elle dépassera la discussion d’idées pour susciter l’engagement des personnes, les vocations.

Dans ce but, le thème fondamental du sacerdoce a remis au premier plan la participation de tous les baptisés au sacerdoce du Christ et le service pastoral que le ministère ordonné assume au bénéfice de la communauté sacerdotale des baptisés.

Le thème anthropologique de mars 2024, “Homme-femme, image de Dieu”, poursuit cette recherche synodale en approfondissant les fondements de l’anthropologie chrétienne qui permettent à toutes les vocations de se construire à partir de la Parole de Dieu, au milieu des défis que posent les courants culturels contemporains qui soulèvent beaucoup de questions et d’incertitudes sur l’identité humaine et chrétienne.

Une Église synodale qui veut des vocations se doit d’être accueillante à l’égard de tous dans la société, mais elle ne peut pas construire son propre témoignage sur le sable. Elle doit donc s’appuyer sur une anthropologie solidement ancrée sur la Parole de Dieu. Telle est la signification de cette initiative que le CRAV organise avec l’appui du Pape François qui participera personnellement à ce Congrès de deux jours dans la salle du Synode.

Qu’attendez-vous de ce congrès?

Nous espérons y offrir des raisons d’espérer et de s’engager. L’expérience commune de nos sociétés sécularisées parle de solitude, d’individualisme, de consommation à outrance, de multiples dépendances, de suicides. Ces phénomènes trouvent leurs racines dans le déclin de la famille, l’absence de repères, l’éducation soumise aux idéologies, la mondialisation de l’indifférence, la crise de l’espérance.

Que nous offre l’anthropologie chrétienne? D’abord la foi au Christ comme fondement transcendant, des repères clairs sur la vocation humaine, des raisons de vivre et même de souffrir au service de l’Amour; la vision chrétienne de l’homme et de la femme promeut le don de soi comme chemin du bonheur, la réalisation de soi dans le service et la communion avec les autres dans un horizon de solidarité et de fraternité avec l’humanité dans son ensemble.

Ce congrès fournira ainsi une vision très actualisée aux éducateurs et formateurs dans tous les domaines de la formation chrétienne, incluant les familles évidemment. Il s’agit d’une recherche académique, avec participation internationale et avec une perspective de publication en quatre langues. L’approche scientifique n’empêche pas de réfléchir sur les vocations, pour identifier les obstacles à un engagement et pour fournir des moyens de surmonter les incertitudes et le scandale des contre-témoignages fréquents de nos jours. Il faudra s’inscrire d’avance car le nombre de places dans la salle du Synode ne dépasse pas 300 participants. Souvenons-nous que le symposium en salle Paul VI a réuni plus de 700 participants.

Comment sont diffusés les actes du symposium 2022 sur le sacerdoce?

Les actes du symposium sont effectivement publiés en deux volumes et en six langues tel que prévu. Il s’agit de la plus grande mise à jour du thème sacerdotal depuis le Concile Vatican II. Des journées d’étude sont organisées sur divers continents pour les diffuser et en faire apprécier l’originalité qui consiste à étudier le rapport entre les deux formes de participation au Sacerdoce du Christ, la forme baptismale et la forme ministérielle fondée sur le sacrement de l’Ordre. Une retraite spirituelle dans cet esprit aura lieu le 4 novembre 2023 à l’université Angelicum à Rome. Cette communication sert beaucoup la recherche synodale de l’Église parce qu’elle fait prendre conscience de la réalité du baptême et de sa dimension sacerdotale et missionnaire. Je fais personnellement une grande tournée de promotion qui touche quatre continents et plusieurs capitales: Madrid, Paris, Abidjan, Washington, Brasilia, Bogotà, etc. Nous comptons sur les épiscopats et les ressources locales qui participent aux journées d’étude pour faire connaître ce patrimoine de sagesse dans les milieux de formation et inviter à participer aux coûts de notre initiative.

Comment découvrir la beauté de chaque vocation?

Le Pape François parle souvent de la sainteté dans la vie ordinaire, celle des gens de la porte d'à côté que nous côtoyons chaque jour et que, souvent, nous ignorons. Nous venons de vivre les JMJ de Lisbonne où des milliers de jeunes ont repris conscience de la beauté de leur foi et de leur Église. Le CRAV a organisé des témoignages de couples mariés et de familles, de même que de prêtres et de religieux et religieuses, à l’intention de milliers de jeunes qui sont passés au monasètre des Hiéronymites. Des témoignages révèlent qu’ils ont été frappés par la présentation de trois témoignages en une heure, qui montrait la complémentarité et la réciprocité des vocations, en un mot la «communion des vocations». C’est dans la mesure où l'on se découvre engagé ensemble dans une Église synodale et missionnaire qu’apparaît davantage la beauté de chaque vocation.

Entretien avec le cardinal Marc Ouellet