Il y a une année, le Pape rencontrait des jeunes africains via Zoom
Stanislas Kambashi, SJ et Innocent Adovi – Cité du Vatican
«Aujourd'hui, nous sommes à 34 pays au niveau de l'Afrique et nous partageons entre nous l'objectif d'évangéliser les autres ici et là par rapport à ces outils-là, que sont les réseaux sociaux». Tel est le bilan qu’établi Likibi de Bergerac, du Congo Brazzaville, un an après la rencontre du pape avec les jeunes africains dans le cadre du projet Building Bridges Initiative. Perpétue Lydwin Laurent, du Niger, a donné des conseils et partagé ses idées sur comment les jeunes peuvent contribuer à la construction des ponts entre les pays africains. Elle a aussi conseiller aux politiciens de ne pas monoliser le pouvoir, pour éviter des tensions et des crises qui pèsent sur les populations. Mbali Vida, du Cameroun, a fait quelques propositions aux décideurs africains pour valoriser les initiatives des jeunes et leur assurer une formation qui combine théorie et pratique, pour le développement de leurs pays.
Un an de mission: des progrès sur le terrain
Actuellement étudiant en Droit en France, Bergerac a rappelé que le Pape avait principalement confié aux jeunes qui ont pris part à cette rencontre, il y a un an, «la mission d’évangéliser en ligne sur les réseaux sociaux», c’est-à-dire «à travers des posts». Le jeune congo-brazzavillois a également estimé que des avancées ont été faites au niveau du second objectif, à savoir, la «formation des étudiants universitaires, non seulement dans le domaine de la foi, mais aussi du numérique et du leadership». Des équipes appelées «cohortes» ont été mises sur pied et se dévouent à la réalisation du vœu du Saint-Père notamment dans les universités catholiques. Toutefois, si les jeunes missionnaires ont souvent bénéficié d’un bon accueil, les difficultés n’ont pas manqué.
Les difficultés: défaut de formation et d’accès à internet
Bergerac a d’abord relevé qu’il n’a pas été toujours facile pour les jeunes mandatés et leurs équipes de s’organiser sur le terrain. De nombreux défis de fonctionnement ont été affrontés. Mais la plus grande difficulté a été le manque d’électricité dans plusieurs régions et le taux d’accès à internet plus ou moins faible dans plusieurs pays. Dans ce cadre, Mbali Vida, camerounaise basée à Bamenda, a notamment déploré le très grand retard de l’Afrique en matière de technologie et du numérique ainsi que l’inadéquation de bien de politiques publiques et de la formation, spécialement des jeunes. Cette étudiante en ingénierie des mines et minéraux a affirmé qu’il n’y a souvent pas «de lien entre la théorie et la pratique. On enseigne toutes les choses en classe, mais on ne peut pas les mettre en pratique». Face à ces défis, nos missionnaires ne désespèrent pas. Mbali Vida propose aux décideurs de mettre en œuvre des politiques qui permettent de réduire cet écart.
Pour un avenir meilleur, vœux de paix et appel à être exemples
Pour un lendemain plus glorieux, les jeunes ont d’abord plaidé pour la paix et la stabilité politique. Mbali a insisté sur l’appel «aux dirigeants politiques à ne pas monopoliser le pouvoir». Selon eux, la propension à «rester seul au pouvoir pendant longtemps» est un obstacle majeur au développement et une des principales sources de haine et de tension qui secouent le continent. De plus, nos jeunes ont affirmé qu’à leur avis, le marasme économique qui paralyse les élans s’explique en grande partie, par «le fait que la plupart des gouvernements africains se focalisent plus sur l'agriculture et non sur la technologie». Jeune étudiante en ingénierie, Mbali a suggéré, par exemple, que davantage de bourses soient accordés aux étudiants africains pour se former afin d’être plus à même de mieux aider le continent. Le souhait d’une plus grande accessibilité à internet et d’une couverture de qualité a été aussi exprimé.
Faire preuve de positivité, malgré les contextes difficiles
Que les jeunes soient les exemples d’une bonne vie morale, en adoptant des attitudes comme «grandir en sagesse, êtres des modèles pour les autres jeunes, contrôler leurs paroles». Tels sont les conseils de Perpétue, de la paroisse cathédrale Notre Dame de Lourdes du diocèse de Maradi, au Niger. Etudiante en gestion de projets et membre de la Jeunesse étudiante catholique (JEC) et du mouvement CVAV, elle appelle les jeunes africains à faire preuve de positivité, malgré des contextes difficiles de leurs sociétés respectives et à puiser dans la richesse de leur foi pour y trouver ou retrouver leur identité dans un monde sans repères. Perpétue promet de ne pas se décourager et appelle tous les jeunes à continuer à aller de l’avant. En absence de moyens matériels, le témoignage de vie constitue pour elle la meilleure évangélisation.
Le 1er novembre 2022, le Pape François s’était entretenu, en ligne, avec des jeunes étudiants africains, dans le cadre de l’initiative «Building Bridges across Africa». Il avait fait part de son espoir d’aller en République Démocratique du Congo et au Soudan du Sud en février 2023. Il avait répondu à leurs questions sur la guerre, les migrations, l’implication dans la vie politique, l'emploi et l’exploitation des ressources.
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