Madagascar: la crise politique inquiète les évêques malgaches
Vatican News avec Fides
C’est dans un contexte de vives tensions entre le camp du président sortant, Andry Rajoelina, et dix candidats de l’opposition qui ont appelé au boycott, que s’est déroulé le premier tour de la présidentielle à Madagascar. Selon les chiffres officiels, seuls 39% des électeurs se sont rendus aux urnes, contrairement à la coalition des opposants qui affirme que le taux d’abstention a été de 20%, le plus bas de l’histoire du pays selon eux.
«Madagascar n'est pas une propriété privée»
Le drame socio-politique qui sévit actuellement à Madagascar est au cœur des préoccupations de l’épiscopat malgache. Dans un message publié début novembre, les évêques de ce pays ont attesté que de nombreux politiciens et ceux qui disposent de moyens (économiques) semblent penser que «Madagascar est leur propriété privée et qu'ils peuvent en faire ce qu'ils veulent». La population ne sait plus à quel saint se vouer. Les prélats invitent non seulement les politiciens à «laisser le peuple planifier librement son avenir dans le respect de la loi, par le biais des élections», mais aussi les candidats à «cesser d’acheter le vote».
La Conférence épiscopale malgache a aussi exhorté la population à prendre ses responsabilités. «Suivez ce que vous dit votre conscience. Ne laissez pas l'argent ou quoi que ce soit d'autre guider votre choix. Nous devons rester calmes face aux pratiques des politiciens qui nous divisent», ont-ils affirmé.
Des élections présidentielles sous le prisme d’un climat politique instable
L’un des principaux enjeux du scrutin a été celui de savoir si les électeurs favorables à l’opposition décident ou non de rester chez eux. Une faible participation aux élections présidentielles a été constatée, qui s’expliquerait par des observateurs indépendants comme une conséquence du climat politique lourd qui plane sur l'île depuis des mois, et qui a même jeté un doute sur la tenue du scrutin le 16 novembre.
Depuis début octobre, les opposants ont multiplié, en effet, les appels à manifester dans la capitale. Ces protestations, régulièrement dispersées au gaz lacrymogène, n'ont toutefois mobilisé que quelques centaines de soutien. La crise politique dans le pays a été déclenchée en juin par la révélation dans la presse de la naturalisation française, en toute discrétion, d'Andry Rajoelina en 2014. Selon l'opposition, cela aurait dû l'empêcher de se porter candidat, mais les tribunaux ont refusé d'invalider sa candidature.
Le président sortant a vu sa popularité décliner après la violente répression des manifestations par les forces de sécurité avant les élections, ainsi qu'en raison des difficultés économiques, du manque de services sociaux et de la pauvreté généralisée. Élu depuis 2018, Andry Rajoelina avait déjà accédé au pouvoir pour la première fois en 2009 grâce à une mutinerie qui avait chassé l'ancien président Marc Ravalomanana.
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