Cardinal Pizzaballa: la libération des otages est un premier pas vers la fin du conflit
Entretien réalisé par Andrea Tornielli – Cité du Vatican
La libération de certains otages est le premier pas vers la fin du conflit entre Israël et le Hamas. C'est ce qu'a déclaré le patriarche de Jérusalem des Latins, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, joint par téléphone par les médias du Vatican.
Quel est votre commentaire sur les nouvelles de ces dernières heures?
Le fait qu'un accord ait été conclu sur la libération d'au moins une partie des otages est positif, car jusqu'à présent, le seul canal de communication était le canal militaire. Il s'agit plutôt d'un premier pas vers l'apaisement des tensions internes et internationales. C'est aussi un moyen d'entamer d'autres solutions que les solutions militaires: je veux dire des solutions pour la fin du conflit.
La nouvelle de la libération des otages a suscité des réactions diverses, certainement de satisfaction. Mais il y a aussi eu des commentateurs qui pensent qu'en fait, la négociation elle-même est en quelque sorte une défaite...
Ceux qui - appelons-les les "faucons" - veulent identifier la paix à la victoire peuvent peut-être le penser. Mais la paix, la résolution du conflit, ne peut pas être une victoire absolue. Elle n'existe pas. Il est donc clair que la solution ne peut être laissée aux seuls militaires. Il est clair que la politique doit reprendre la situation en main, donner avant tout des perspectives, car les militaires n'en ont pas. Il est donc clair que les négociations, la libération des otages, sont les premiers pas pour ensuite entamer des pistes de perspectives politiques pour Gaza après cette guerre. C'est nécessaire.
Nous avons appris que les personnes déplacées dans la partie nord de Gaza tentent de retourner dans ce que j'imagine être, dans la plupart des cas, des maisons détruites. Qu'est-ce que cela signifie?
Pour autant que je sache, cette possibilité n'existe pas encore. Certains veulent rentrer parce que la situation, même dans le sud de Gaza, où des millions de personnes sont entassées, n'est pas facile. Ils veulent donc sortir de là, je le comprends très bien. Même nos chrétiens qui sont enfermés dans l'enceinte de cette petite église ont du mal à s'en sortir. Mais tant qu'il n'y a pas de perspective politique claire ou de clarté sur les prochaines étapes, cela reste impossible et peut même être dangereux.
Comment vaincre le terrorisme? Comment vaincre une idéologie comme celle du Hamas?
Ce n'est pas simple. Il faut enlever, petit à petit, avec patience - les temps sont longs - tout ce qui nourrit cette idéologie. Il faut donc enlever les racines. Il ne sert à rien de couper les branches, car elles peuvent repousser. Il faut d'abord donner une perspective aux Palestiniens. Je l'ai déjà dit et je sais que cela n'a pas plu à beaucoup: il faut leur donner une perspective nationale qu'ils n'ont pas encore. Cette guerre montre très clairement que les deux peuples ne peuvent pas vivre ensemble, du moins pas en ce moment. Ils doivent avoir une perspective claire, définie et précise, plus que ce qui a été fait jusqu'à présent. Il y a aussi un autre aspect. Le Hamas est également une idéologie religieuse; le dialogue interreligieux est donc très important, tout comme il est très important de nourrir, de développer un discours religieux qui ne soit pas axé sur la "haine".
Que pouvons-nous faire en tant que chrétiens, mais en général en tant que personnes qui, bien que vivant loin de ces lieux, les sentent proches parce qu'ils sont les lieux de la vie, de l'existence terrestre de Jésus? Que pouvons-nous faire aussi au niveau de l'opinion publique?
Il y a tout d'abord la prière pour les croyants, qui est la première chose à faire. Ensuite, il y a aussi la nécessité d'un véritable soutien, y compris humanitaire. Un autre aspect important: j'ai vu qu'il y avait de fortes divisions dans le monde, les uns contre les autres. Il semble presque impossible d'aimer les deux. Je pense qu'il est important, en tant que chrétiens, d'être clairs dans notre discours, mais pas exclusifs. Appeler les choses par leur nom, dans leur vérité, et en même temps essayer de garder des relations ouvertes avec tout le monde et dire à tout le monde, les uns et les autres, que nous les aimons.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici