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Photo du cardinal Angelo De Donatis, co-présentateur du rapport réalisé par la Caritas. Photo du cardinal Angelo De Donatis, co-présentateur du rapport réalisé par la Caritas.  

Caritas: la pauvreté est répandue à Rome mais il y a des signes d'espérance

Le rapport "Villes parallèles" de la Caritas Rome, présenté lundi 13 novembre dans la capitale italienne, souligne les inégalités croissantes entre les municipalités centrales et les municipalités périphériques de Rome. Face aux difficultés à trouver un logement ou à se nourrir, les centres diocésains sont particulièrement sollicités.

Alessandro Guarasci - Cité du Vatican 

Alors que l’économie romaine est en pleine croissance, la pauvreté se fait sentir à Rome. Le revenu moyen annuel des Romains est de 28 600 euros, la capitale étant la troisième ville du pays en termes de revenus, après Milan et Bologne. Et pourtant, en 2022, plus de 25 000 personnes ont demandé de l’aide aux centres Caritas, aux paroisses et aux services diocésains, un chiffre record selon le rapport "Le città parallele" ("Villes parallèles") de Caritas Rome, présenté lundi 13 novembre.

Inégalités territoriales dans la capitale italienne

Rome continue d'être caractérisée par plusieurs types d'inégalités territoriales, les communes centrales se distinguant des banlieues par des inégalités générationnelles, les classes les plus âgées recevant une part plus importante des revenus, et par des inégalités de nationalité, les citoyens étrangers ayant des revenus nettement inférieurs. Ce sont les banlieues qui souffrent le plus, la municipalité VI ayant par exemple un revenu inférieur d'un tiers à la moyenne de la ville.

Les centres Caritas sollicités, principalement pour de l'aide alimentaire

Les centres Caritas, les paroisses et les services diocésains ont activé 11 800 programmes d'aide. La demande d'aide alimentaire reste le principal type d'intervention et concerne 69,7% des personnes rencontrées. Les trois cantines sociales ont accueilli 9 148 personnes cette dernière année, dont 4 092 pour la première fois. Deux données surprennent: tout d’abord, la présence de 698 mineurs, qui représente 7,6% du total des demandeurs d'aide, et qui sont principalement des mineurs étrangers non accompagnés. Ensuite, le nombre croissant d'étrangers qui représente 81% du total, principalement des demandeurs d'asile.

Certains Romains peinent aussi à payer leurs factures d'énergie. En trois mois seulement, le fonds de 130 000 euros mis en place pour l’année 2022-2023 par le diocèse de Rome et géré par Caritas pour aider les familles, qui sont souvent obligées de choisir entre payer leurs factures ou subvenir à d'autres dépenses, a été épuisé.

Les familles sans-abris se multiplient à Rome

Le rapport met également en exergue la crise du logement à Rome en soulignant que de plus en plus de personnes peinent à garder un toit au-dessus de leur tête. Dix-huit ordres d'expulsion par jour avec 6 591 exécutés en 2022, soit trois fois plus que l'année précédente; 14 000 familles sur la liste de classement pour les logements sociaux, avec une attente moyenne de dix ans. L'ISTAT (l’institut national de statistique) fait état de 23 400 sans-abris, la plupart dans la capitale.

Les personnes seules de plus en plus nombreuses

En présentant le rapport lundi matin dans la salle Ugo Poletti du Vicariat de Rome, le cardinal vicaire Angelo De Donatis a souligné que le document «se concentre sur ceux qui n'ont pas de voix». Il s'agit notamment des personnes seules, dont le nombre ne cesse d'augmenter: «Nous découvrons, grâce aux centres d'écoute de Caritas dans les paroisses romaines, qu'il y a des milliers de personnes dans la ville qui vivent dans la solitude», a déclaré le cardinal. «Il y a des gens qui n'ont jamais eu de revenus réguliers, qui n'ont pas accès au service national de santé bien qu'ils en aient le droit, et beaucoup n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Les formes de solitude se répandent dans la villeI». Dans son discours, le cardinal a également rappelé «la grande mobilisation des bénévoles en 2022 pour les réfugiés ukrainiens, un aspect de la solidarité qui unit toute la ville».

Réduction du budget national pour les municipalités

Pour sa part, le maire de Rome, Roberto Gualtieri, qui est également intervenu lors de la présentation au Vicariat, a souligné le fait que «malgré la croissance économique positive enregistrée par la ville de Rome, celle-ci n'arrête pas la tendance croissante de la pauvreté nationale». «Nous devons placer la durabilité sociale au centre des politiques (…) car il s'agit d'une urgence sociale et nous ne pouvons pas l'appeler autrement face à ces chiffres», a lancé l’élu. «Nous essayons de faire notre part, de renforcer notre engagement, et nous avons augmenté les fonds pour l'aide sociale de 36 millions d’euros, et garanti l'augmentation de 1 300 bénéficiaires en 2022. Nous sommes confrontés à une diminution des ressources, mais nous avons garanti cette augmentation sur la période de trois ans». Roberto Gualtieri a également déploré la réduction de 200 millions permis par la loi de finances nationale pour les municipalités: «Pour Rome, la réduction est de 25 millions et cela nous inquiète, ils réduisent pratiquement toutes les ressources pour l'aide sociale». Enfin, le maire a également fait référence à l'augmentation du nombre de personnes souffrant de solitude, évoquée par le cardinal De Donatis. «La dimension de la solitudne peut pas être abordée simplement en fournissant un soutien économique ou un repas, a-t-il expliqué, mais nécessite également une idée de proximité, d'inclusion, d'intégration, d'éducation et de formation».

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13 novembre 2023, 18:42