Tchad: ordination épiscopale de Mgr Mbairabe, premier évêque de Koumra

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

La mission prophétique est difficile, surtout «dans le contexte d’un pays dévasté, occupé et privé de ses forces vives comme ce fut le cas d’Israël pendant l’Exil. Mais ce n’est pas une mission impossible». C’est avec ces mots que Mgr Djitangar a débuté son homélie de la messe d’ordination épiscopale de Mgr Mbairabe, premier évêque de Koumra, dans la province de Mandoul, au sud du Tchad. La célébration a eu lieu samedi 11 novembre 2023, avec une forte participation des évêques, prêtres et fidèles, venus témoigner leur «disponibilité à faire route ensemble» avec le peuple de Mandoul, «derrière le Christ, dans la communion de foi et la mission d’annonce  de l’Evangile».

Le diocèse de Koumra, l’un des fruits de 100 ans d’évangélisation au Tchad

Mgr Djitangar a rappelé que cette célébration se situe dans le cadre du jubilé d’or de l’annonce de la bonne nouvelle, arrivée au Tchad «il y’a bientôt cent ans» et qui continue de féconder cette terre par la fondation des communautés de foi, d’espérance et d’amour, créant ainsi l’Eglise-Famille de Dieu. L’un des fruits de cet élan d’évangélisation, sous l’impulsion de l’Esprit Saint, a souligné l’évêque de N’Djamena, est la naissance du diocèse de Koumra, qui a pour premier et nouveau pasteur Mgr Samuel Mbairabe Tibingar.

Prendre le Christ pour modèle

S’adressant à Mgr Tibingar, le consécrateur principal lui a d’abord remercié pour le choix des textes de la parole de Dieu, «qui nous expriment ta vision de la charge redoutable qui t’est confiée aujourd’hui. Ils constituent pour le vétéran que je suis, une excellente occasion de révision de vie comme pasteur de l’Eglise du Christ». Pour Mgr Djitangar, ces textes permettent de relire, «le parcours et le cheminement que le Christ propose à tous ceux qu’il appelle à marcher derrière lui et qui ont à entraîner leurs frères et sœurs à sa suite». Le Christ, Maître «doux et humble de cœur», nous appelle à son service et se donne en modèle, en nous apprenant à nous mettre au service les uns des autres.

Il nous manifeste sa confiance et nous livre son secret, qui est l’amour. «Aimer comme le Christ, c’est donner la vie en donnant sa vie pour ceux qu’on aime afin qu’ils vivent plus et  qu’ils vivent mieux. L’amour n’est total que dans le don total de soi», a déclaré Mgr Djitangar. Cette sequela Christi comme disciple, serviteur, amis et apôtre, c’est à dire envoyé, comporte des exigences que saint Paul rappelle aux Corinthiens: «être serviteur du Christ, c’est être gestionnaire des trésors de salut que Dieu lui confie pour la vie de son Eglise Famille de Dieu», a-t-il poursuivi.

Ne pas juger de manière hâtive

L’archevêque de N’Djamena a décrit les qualités d’un bon gestionnaire, qui est caractérisé par l’honnêteté, la régularité dans ses comptes et le respect des lignes budgétaires, c’est-à-dire la fidélité. Il a ensuite invité le peuple de Dieu à la patience à l’égard du nouvel évêque qui commence à peine son ministère épiscopal. «C’est au terme d’une durée raisonnable qu’on peut apprécier la qualité d’un gestionnaire…Juger avant le temps c’est "pré-juger" avec beaucoup de chance de se tromper…», a-t-il fait observer. Il a illustré ses propos avec un «adage de chez nous» qui «dit qu’on n’apprécie pas une jeune plante en peine croissance. Il faut attendre sa maturité».

Un évêque est «le lieu de communion des fidèles du diocèse»

L’archevêque de N’Djamena a ensuite décrit les relations qui doivent caractériser le pasteur et ses fidèles. Un évêque est avant tout un chrétien baptisé et confirmé, un frère dans la foi à qui le Seigneur confie le soin de son troupeau, qui est invité à l’écouter, à se sentir sécurisé par sa présence, et surtout à l’aimer. Le pasteur lui-même est appelé à rester attentif à tous, et en particulier à celles et ceux qui ont le plus besoin de soins. Rappelant les mots du Pape François, il a souligné que le pasteur doit «sentir l’odeur des brebis».

«Un évêque est un don de Dieu pour l’Eglise locale que nous appelons diocèse et pour l’Eglise universelle. Il est le lieu de communion des fidèles du diocèse avec ceux des autres églises locales à travers la Conférence des évêques du Tchad et avec l’Eglise universelle», a-t-il déclaré.

Travailler ensemble pour bâtir le nouveau diocèse de Koumra

Mgr Djitangar a ensuite appelé les fidèles de Koumra à travailler main dans la main pour bâtir leur diocèse à peine né. «C’est au pied du mur qu’on reconnaît le maçon», a-t-il lancé, en ajoutant que «la construction de cette nouvelle  Eglise-Famille de Dieu ne se fera pas à distance et par des déclarations». Une telle œuvre d’ensemble exigera de tous ses membres, «unis derrière son pasteur, de mettre la main dans la boue afin d’offrir un modèle d’unité et de paix à cette région en quête de l’unité de ses  fils et filles». L’archevêque de N’Djamena a conclu son homélie en souhaitant à Mgr Tibingar un long et fructueux service épiscopal pour le bien de l’Eglise-Famille de Dieu de Koumra. Il a, en outre, implorer la bénédiction de Dieu sur le nouvel évêque et les fidèles du nouveau diocèse.

Le Pape François a érigé le 12 août 2023 le diocèse de Koumra, issu du démembrement du territoire du diocèse de Sarh, le rendant suffragant de l’archidiocèse métropolitain de N’Djaména. Le Saint-Père avait en même temps nommé comme premier évêque de Koumra l’abbé Samuel Mbairabé Tibingar, du clergé de N’Djaména, qui était jusqu’à présent vicaire général de cet archidiocèse.