L’Immaculée Conception nous prépare à célébrer Noël
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
L’Eglise universelle célèbre ce 8 décembre la solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie. On peut mieux saisir le sens de cette célébration en la plaçant dans le contexte actuel de l’attente, l’Avent qui nous prépare à fêter Noël, a déclaré l’abbé Jean Pierre Siémé, théologien originaire de la République Démocratique du Congo et professeur à l’Université pontificale Urbanienne à Rome. Même s’il est naturel de penser tout de suite au dogme défini par le pape Pie IX qui dit que «Marie a été conçue sans péché», ce que nous célébrons aujourd’hui est plus un mystère: fêter Marie Immaculée, c’est comprendre «l’accomplissement de ce que Dieu a promis à l’homme», ce qu’attendaient les prophètes, la venue du Messie. Cela s’est fait avec le recours de la Vierge Marie, a souligné le mariologue. Avec la fête d’aujourd’hui, il nous est annoncé «que quelque chose est déjà accompli dans la personne et dans la vie» de la Mère du Sauveur: avant que le Christ ne s’incarne en elle, elle était déjà préparée pour accueillir le Fils de Dieu.
On ne peut pas parler de la naissance du Christ sans parler de la conception de sa Mère
Le dogme de l’Immaculée Conception dit que «La Bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel». Reprenant les mots de la collecte de la messe de cette solennité, le pape Benoit XVI renchérissait, au cours Angélus 8 décembre 2008, que «Dieu a "préparé une digne demeure pour son Fils et en prévision de Sa mort, il l'a préservée de toute tache de péché"». C’est donc en prévision du Fils de Dieu qui devait venir que Marie a été conçue sans péché, a expliqué l’abbé Siémé. Ainsi, on ne peut pas parler de la naissance du Christ sans parler de la conception de sa Mère. «Les deux événements sont liés, nous célébrons aujourd’hui le début de ce que nous allons célébrer le 25 décembre: le Fils de Dieu va s’incarner dans le sein de la Vierge Marie, de qui Il a tout pris de la nature humaine. Ce qui amène à dire que Marie n’a jamais eu de péché originel», a poursuivi le théologien congolais.
A quel moment de son existence Marie a-t-elle été conçue sans péché?
À la question de savoir s’il y a des textes bibliques qui font référence à cette disposition spéciale que l’Eglise reconnait en Marie, l’abbé Siémé a fait savoir que si cela était explicitement écrit dans la Bible, le Pape n’aurait pas défini un dogme. Mais il a fait observer que l’Immaculée Conception a toujours été célébrée depuis longtemps. Déjà, avec la doctrine du péché originel développé par saint Augustin qui, reprenant saint Paul, a estimé que la transgression d’Adam a entrainé le fait que tous les humains sont maculés du péché originel. Comment, dès lors, Jésus a pris toute la nature humaine, à l’exception du péché?
Beaucoup sont ainsi arrivés à dire que sa Mère, Marie, était Immaculée. Plusieurs théologiens ont discuté sur cette question, dont saint Thomas d’Aquin, «le grand mariologue» saint Bernard de Clairvaux qui, reconnaissant que Marie était Immaculée, posait la question «du quand?», c’est-à-dire de savoir à quel moment de son existence. Certains ont stipulé que c’était au moment de la salutation de l’Ange, «Je te salue, Comblée-de-grâce» (Lc 8,28). Il se poursuivait ainsi une grande discussion, à laquelle a notamment pris part le théologien franciscain Duns Scot, jusqu’à en arriver au pape pie IX, qui avait demandé, pendant cinq ans, aux évêques de se pencher sur la question. Le 8 décembre 1854, le Saint-Père a finalement «tranché le débat», en proclamant, avec la bulle Ineffabilis Deus, le dogme de l’Immaculée Conception, qui déclare que Marie a été conçue, «dès le premier instant de sa conception», sans péché originel, c’est-à-dire sans tâche.
Le message spécifique de l’Immaculée Conception
La solennité de l’Immaculée Conception a un message spécifique à nous communiquer aujourd’hui, a déclaré le mariologue congolais: «elle nous rappelle que dans notre vie, tout est don, tout est miséricorde». Puisque la Vierge Marie a été sauvée en premier lieu, nous aussi, qui sommes pèlerins, serons sauvés comme elle. «C’est une certitude pour nous», a-t-il indiqué. Modèle de l’Eglise, elle est l’épouse sainte et immaculée, aimée du Seigneur et nous aide à découvrir toujours la miséricorde divine comme une caractéristique du christianisme. Ayant été sauvée, elle se trouve aujourd’hui au ciel: l’Immaculée Conception est ainsi mise en lien avec l’Assomption. Mère de l’Eglise, en la prenant pour modèle, elle nous conduit au Christ, qui est déjà venu, mais qui viendra encore, que nous allons rencontrer dans l’éternité, a affirmé l’abbé Siémé.
Marie, notre modèle
Nous devons nous rappeler que Marie est avant tout une personne humaine comme nous, qui a enduré certaines difficultés de la vie. Mais nous devons aussi reconnaitre que c’est en elle que «nous avons eu la possibilité de contempler le Fils de Dieu qui s’est incarné dans son sein». Malgré cette grandeur, elle a accepté, dans l’humilité, de vivre comme tout humain et elle a cru, au point d’être proclamée bienheureuse à cause de sa foi. Suivant son modèle, nous devons aussi manifester cette grande foi en Dieu et écouter la Parole du Seigneur comme elle, qui nous montre le Christ. Par sa coopération, nous est arrivé le salut. D’elle, nous pouvons apprendre comment être au service les uns des autres et comment nous aimer, comment être unis (Marie est la Mère de l’unité). Ainsi, le monde pourra changer.
Le théologien a enfin invité à prendre Marie comme modèle de prière, c’est-à-dire en dialogue avec Dieu, avec le Christ. «Elle nous accompagne dans cette prière, surtout en ce jour de l’Immaculée Conception».
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