Les jésuites célèbrent les 50 ans de leur deuxième présence en Angola
Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican
La clôture de ce jubilé d’or a été notamment marquée par une célébration eucharistique dimanche 3 décembre 2023 et l’exposition, la veille, des photos des anciennes missions des jésuites, rappelant le premier établissement de la Compagnie de Jésus en terre angolaise.
Axé sur le thème «Compagnie de Jésus en Angola: Mission jésuite. Enjeux et perspectives», «ce jubilé d’or est pour nous l´occasion, non seulement de nous souvenir de nos compagnons jésuites qui, dans le passé, ont donné leur vie et consacré leur jeunesse pour la mission de la Compagnie en Angola, mais aussi de regarder ensemble vers l'avenir en tant que témoins passionnés de Jésus-Christ, en collaboration avec tous ceux ou celles qui partagent notre spiritualité ignatienne», a expliqué le père Michel Ntangu. L’Angola ainsi que la République Démocratique du Congo forment la province d’Afrique centrale de la Compagnie de Jésus (ACE).
La première présence jésuite en Angola
La Compagnie de Jésus a été fondée par saint Ignace de Loyola en 1540. Huit ans plus tard, le fondateur espagnol envoyait déjà, de Rome, un groupe de ses confrères, établis au Royaume Kongo, qui s’étendait sur des parties des territoires des actuels RD Congo, Congo-Brazzaville, Gabon et Angola, où se trouvait la capitale Mbanza Kongo. Pour le père Ntangu, l’histoire de la première présence des jésuites dans l’Afrique sub-saharienne est bien documentée, surtout celle liée, depuis le 16è siècle, à ce vaste royaume d’Afrique centrale.
Parlant de l’histoire de cette première présence jésuite, le prêtre congolais a aussi relevé les circonstances qui ont précédé le second retour des jésuites après 200 ans de la suppression de cet ordre religieux, en 1773. «Il y a 475 ans, le 18 mars 1548, les quatre premiers jésuites arrivaient à Mbanza Kongo (San Salvador) dans l’ancien Royaume du Kongo. Ce fut la première présence en Afrique subsaharienne, juste 8 années après la fondation de la Compagnie par St Ignace et ses compagnons en 1540. Cette première période de présence des jésuites en Angola dura jusqu'à l’expulsion des jésuites du Portugal et de ses colonies en 1759 par Sebastião José de Carvalho e Melo, également connu sous le nom de marquis de Pombal, alors qu’ils étaient établis à Luanda depuis 1575», a expliqué le père Ntangu.
La deuxième présence des jésuites en Angola
La Compagnie de Jésus fut rétablie par le pape Pie VII en 1814. Dans certains endroits, il fallait attendre plusieurs années, voire des siècles pour que ce rétablissement soit effectif. Tel fut le cas de l’Angola. Depuis les années 60 «jusqu'à l'indépendance en 1975, certains jésuites ont été envoyés en Angola comme aumôniers militaires», d’autres pour prêcher des retraites spirituelles, en allant aussi au Mozambique. C’est en cette même période que les évêques ont demandé le retour de cet ordre religieux dans ce pays, qui était encore une colonie portugaise.
La grande décision de rappeler les jésuites comme missionnaires, a expliqué le père Ntangu, était «une demande explicite, disons canonique, de l'archevêque de Luanda, Mgr Moisés Alves de Pinho, qui fut renouvelée par Mgr Manuel Nunes Gabriel, alors archevêque de Luanda, au Provincial du Portugal», a-t-il précisé. C’est ainsi que les jésuites sont officiellement retournés en Angola et, plus précisément, à Luanda, en octobre 1973, «dont le seul désir était de servir l’Eglise et d’apporter la joie de l’Evangile au peuple angolais», a-t-il ajouté.
La Compagnie de Jésus en Angola reste confiante malgré les défis de la mission
Le père Ntangu a évoqué les défis auxquels ont été confrontés les Jésuites au cours des 50 ans de leur deuxième présence en Angola. Il a mentionné le zèle apostolique de ces missionnaires dans un contexte de crises postcoloniales, après l’accession du pays à l’indépendance en 1975. «Étant connus pour leur esprit d'adaptation et de souplesse, les jésuites ont très vite ouvert une communauté et ont assumé de manière très créative la responsabilité de la paroisse Saint-François-Xavier et d'autres œuvres apostoliques», a-t-il témoigné.
«Érigée le 3 décembre 1973, selon les informations recueillies auprès des chrétiens,… la paroisse n’avait pas de structure physique établie. Les premières messes ont été célébrées dans un atelier automobile à côté de l’actuel bureau paroissial. Peu après les années d’indépendance, les jésuites ont ouvert d’autres centres de culte tels que Saint-Ignace en 1978, le Centre Saint-Pierre-Claver, dont la toiture a été complètement détruite pendant la guerre», a rapporté le père Ntangu.
Les jésuites en Angola au service de la jeunesse
Du point de vue pastoral, le prêtre de la Compagnie de Jésus a insisté sur le rôle des jésuites dans la société angolaise, principalement auprès de la jeunesse qui constitue un défi majeur aujourd’hui. La congrégation met sa sollicitude pastorale au service des jeunes. «Elle veut accompagner les jeunes dans la création d’un avenir plein d’espoir», a-t-il expliqué, en précisant que «cet accompagnement ne peut pas être une sorte de tutelle, au contraire, il s'agit de marcher à leurs côtés, d'encourager leur leadership, de respecter leur rythme et d'écouter leurs désirs, d'être à leur service».
Face aux nombreux défis que la société angolaise impose aux Jésuites œuvrant dans ce grand pays africain riche en pétrole, «la tâche de la Compagnie de Jésus est aussi de promouvoir les vocations, d'assurer la formation de qualité pour les jeunes angolais et de travailler à leur intégration dans le corps apostolique de cet Institut afin de pouvoir développer des propres œuvres qui permettent la visibilité des jésuites en Angola», a confié le supérieur.
Promouvoir et diffuser la richesse de la spiritualité ignatienne
Le père Ntangu a souligné qu'aujourd´hui, «la Compagnie de Jésus anime également le Centre Saint-Jean de Brito, dans le diocèse de Viana, pour promouvoir et diffuser la richesse de la spiritualité ignatienne à travers les Exercices Spirituels». Il a aussi fait mention de la présence des jésuites dans l’archidiocèse de Luanda, où ils assument la responsabilité de la paroisse Beata Anuarite, et dans le diocèse de Mbanza Kongo, dont ils ont la charge du petit séminaire et de la paroisse de Saint François d’Assise.
Les jésuites, 50 après, mènent diverses activités au service de la société angolaise, notamment à travers la création d’écoles, de centres d’alphabétisation et la promotion de l’assistance sociale dans le cadre du Service Jésuite des Réfugiés (JRS). Le père Ntangu a, en outre, souligné que ces vaillants missionnaires en Angola, qui ne sont pourtant qu’au nombre de 12, «continuent à rendre de grands services dans les domaines de l'apostolat significatif de la Compagnie de Jésus, comme l'apostolat de la prière, connu sous le nom de Réseau Mondial de Prière du Pape, et en particulier le Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ), les Communautés de Vie Chrétienne (CVX) ainsi que Foi et Joie».
50 ans de présence continue, 50 ans de collaboration avec l’église locale
Le père Ntangu a attesté la bonne collaboration entre les Jésuites en Angola et l’église locale, dans un esprit synodal. «Nous partageons la vision de l’église locale, nous cheminons avec les chrétiens et nous discernons avec eux dans un esprit d’écoute et de partage l'avenir de l'apostolat de la Compagnie de Jésus dans le contexte de l'Angola». «Hormis la prise en charge de la paroisse Beata Anuarite et les cours à l’Université catholique et au Grand séminaire de Luanda, un de nos confrères, travaille avec la Conférence Épiscopale de l’Angola et de São Tomé, dans la commission Justice et Paix», a-t-il poursuivi.
Pour témoigner de leur union avec le peuple de Dieu en Angola, les jésuites ont célébré ce grand événement en chœur avec les fidèles. «A la cérémonie de clôture de ce jubilé du 50ème anniversaire, nous avons prié avec nos collaborateurs laïcs et demandé au Seigneur, au cours de la neuvaine de la fête de saint Ignace, la grâce d’être éclairé, de discerner avec eux ce que le Seigneur veut pour le peuple de Dieu en Angola pour les 50 prochaines années», a conclu le père Ntangu.
Ce jubilé d’or de la deuxième présence des jésuites en Angola a été ouvert le 2 décembre 2022. En préparation de ce périple spirituel d’une année, ont été organisées plusieurs activités, dont des conférences, des célébrations eucharistiques et une neuvaine à saint Ignace de Loyola.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici
