À Bethléem, Noël dans la douleur
Vatican News
Un Noël vécu dans la douleur à Bethléem, sans pèlerins, sans lumières, sans décorations, sans le traditionnel sapin de la place de la Mangeoire, remplacé par une crèche faite de gravats qui rappelle la guerre et ses milliers de victimes. Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, a célèbré la traditionnelle messe de la nuit de Noël dans l'église Sainte-Catherine de la basilique de la Nativité, plus grande que la chapelle de la grotte pour accueillir les 1 500 fidèles rassemblés peu après minuit, lundi 25 décembre.
Pas de place pour les Palestiniens sur leur propre terre
Dans son homélie, le patriarche part de cette même idée: tout comme il n'y avait pas de place à Bethléem pour Marie et Joseph, il semble aujourd'hui qu'il n'y ait pas de place pour Noël, pour la joie et pour la paix, «parce que la douleur ici a touché tout le monde, tant les Palestiniens que les Israéliens». Il n'y a pas de place, poursuit-il, «pour les habitants de Gaza qui ont perdu leurs maisons, et il n'y a pas de place sur leur propre terre pour le peuple palestinien, qui attend depuis des décennies que la communauté internationale trouve des solutions pour mettre fin à l'occupation, alors que tout le monde semble enfermé dans son chagrin, sa haine et sa rancœur».
Le cardinal Pizzaballa demande ensuite «où peut naître l'Enfant, alors que dans ce monde qui est le nôtre, il ne semble pas y avoir de place pour lui». Quel est, aujourd'hui, «le lieu de Noël?»
Dans les circonstances actuelles, «toute l'Église doit revenir à Dieu, à son amour, si elle veut redécouvrir la vraie joie de Noël, si elle veut rencontrer le Sauveur». Car, «avant et au-delà de toutes les explications sociales et politiques, la violence et l'écrasement de l'autre trouvent leur racine ultime dans le fait d'avoir oublié Dieu, d'avoir contrefait son visage, d'avoir utilisé la relation religieuse avec lui de manière instrumentale et fausse, comme cela se produit trop souvent sur cette Terre Sainte qui est la nôtre».
Celui qui ne sait pas appeler son prochain «frère» ne peut pas appeler Dieu «Père». Si nous ne trouvons pas Dieu dans notre vie, précise Mgr Pizzaballa, «nous nous perdrons inévitablement à Noël et nous nous retrouverons à errer seuls dans la nuit, sans destination, en proie à nos instincts violents et égoïstes».
Créer une mentalité prête au dialogue et à la paix
Le «oui» de Marie et Joseph, poursuit-il, est aussi «le lieu de Noël». Ce lieu de Noël est partout où «un homme et une femme disent oui à Dieu», partout où «quelqu'un est prêt à mettre sa vie au service de la Paix qui vient d'en haut et à ne pas se contenter de chercher ses propres intérêts».
C'est pourquoi, si nous voulons que «ce soit Noël, même en temps de guerre, nous devons tous multiplier les gestes de fraternité, de paix, d'accueil, de pardon, de réconciliation». Nous devons nous engager, «en commençant par moi et par ceux qui, comme moi, ont des responsabilités de guide et d'orientation sociale, politique et religieuse», exhorte le patriarche latin de Jérusalem, «à créer une mentalité du oui contre la stratégie du non». Et «dire oui au bien, oui à la paix, oui au dialogue, oui à l'autre ne doit pas être une simple rhétorique mais un engagement responsable», car «il n'y aura pas de justice, il n'y aura pas de paix sans l'espace ouvert par notre "oui" volontaire et généreux"».
Pas de Noël sans berger
Ce ne serait pas Noël, poursuit le cardinal Pizzaballa, «sans les bergers», des personnes éveillées, capables d'agir, ouvertes à la nouveauté et donc «prêtes pour Noël». Il est difficile, reconnaît-il, «de rester éveillé, disponible pour accueillir et pardonner, prêt à recommencer encore et encore, à repartir même s'il fait encore nuit».
Le patriarche demande ensuite pour l'Église «de Terre Sainte et pour toutes les Églises: qu'elle soit pour tous une maison, un espace de réconciliation et de pardon pour ceux qui recherchent la joie et la paix». Et aux Églises du monde de se faire porteuses, avec leurs peuples et leurs gouvernants, «du désir de bien pour ces peuples, de la cessation des hostilités».
Enfin, le cardinal Pizzaballa prie «pour que le Christ renaisse dans le cœur des gouvernants et des dirigeants des nations», afin qu'ils travaillent «sérieusement pour arrêter cette guerre, mais surtout pour qu'ils reprennent les fils d'un dialogue qui permette enfin de trouver des solutions justes, dignes et définitives pour nos peuples».
Accompagné de l’aumônier apostolique Konrad Krajewski, envoyé par le Pape pour montrer sa proximité avec le peuple de Terre sainte en ces temps difficiles, le cardinal Pizzaballa dit espérer que Jésus renaisse sur cette terre et que «le chemin de l'Évangile de la paix pour le monde entier» recommence à partir d'ici. Et qu'il naisse aussi dans «notre petite communauté de Gaza». Mgr Pizzaballa se souvient qu'il avait l'habitude de passer quelques jours avec elle avant Noël, «Cette année, cela n'a pas été possible, mais nous ne vous abandonnons pas».
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