Avec les frères de Taizé, 5000 jeunes européens veulent construire un chemin de paix

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

«Qu'est-ce qu'on vient chercher à Ljubljana? Avant tout des rencontres!», assurent sans hésiter Firmin Laporte et Ronan Ribière. Ces deux jeunes étudiants de Strasbourg profitent de chaque occasion pour échanger avec les 5000 jeunes réunis à Ljubljana, par la communauté de Taizé pendant quatre jours. Cette communauté œcuménique organise depuis 1978 ces rencontres annuelles et rassemble des milliers de jeunes désireux de vivre un nouvel an autrement, dans la rencontre, la paix et la fraternité.

Une rencontre qui commence une plongée dans les familles slovènes. Un des moments forts pour les étudiants strasbourgeois: la répartition des milliers de jeunes dans les familles d’accueil. «Ce moment où on voit la joie dans les yeux de l'autre, où l'autre pose des questions, où l’on apprend à se connaitre, à découvrir les histoires personnelles et l'histoire du pays», explique Firmin. Pour cette année 2023, la communauté de Taizé implanté dans le petit village de Bourgogne en France, dont elle porte le nom, a choisi pour la première fois la Slovénie, pour reçevoir les rencontres.  

Avec leur famille d’accueil slovène, Firmin et Ronan témoignent de leur joie de découvrir une autre manière de vivre la foi catholique. «On était assez surpris en arrivant en Slovénie, explique Firmin, car ici la communauté catholique est vraiment très très forte. Notre hôte nous disait que le dimanche, il faut arriver bien dix minutes avant la messe si on veut tenter de trouver une place.»

Soirée dans l'Arena Stožice avec les 5000 jeunes chrétiens présents pour cette 46e édition des rencontres européennes.

Prières et échanges

Au fil des quatre journées, les temps de prière et les temps d’échanges se succèdent. Le matin, les pèlerins et leurs familles d’accueil prient ensemble dans leurs paroisses. L’après-midi, de nombreux ateliers «soit culturels, soit des partages autour de sujets d'éthiques ou théologiques» permettent aux participants d’approfondir leurs connaissances sur des sujets d’actualité. Le soir, les jeunes se réunissent dans le stade de la ville, pour des prières à la manière de Taizé, avec de nombreux chants répétitifs et de longs temps de silence. Une surprise pour les étudiants strasbourgeois de «voir que ce qui vaut au fin fond de la Bourgogne, vaut aussi dans une grande ville européenne, ici à Ljubljana». Avec quelques différences tout de même car la prière en différentes langues laisse une part belle au slovène. «On a un peu de mal pour le moment, mais on s'habitue» sourit Firmin.

Réfléchir sur le visage de l’Église

Sous l’impulsion du frère Roger, fondateur de la communauté de Taizé, ces rencontres qui ont préfiguré les JMJ, restent un rendez-vous attendu pour les jeunes chrétiens européens. Une rencontre encore plus actuelle comme l’explique Firmin dans le contexte d’une «Église moderne qui parle beaucoup de réflexion sur la synodalité et sur le nouveau visage qu’elle doit adopter». Dans ce contexte de réflexion sur la place de l’Église dans le monde, Ronan insiste sur la nécessité des échanges au cours de ces rencontres: «on a besoin de rencontrer des jeunes, des gens de différentes cultures, de différents âges, pour échanger sur nos vies personnelles, nos vies intérieures et aussi pour comparer la manière dont on pratique».

Le Pape François dans son message aux jeunes des 46e rencontres européennes a rappelé l’importance de l’écoute. Un encouragement que Ronan tente de mettre en œuvre dans la capitale slovène: «Le dialogue est central, d'autant plus qu'il est pas forcément facile, car on est un peu dépaysé. Le dialogue se fait surtout en anglais en fait. Mais ce qui est marquant à Taizé, c'est que le dialogue, c'est le dialogue de la parole et le dialogue des cœurs.»

Ronan et Firmin, deux amis participent aux rencontres européennes avec leur drapeau de leur région natale, la Franche-Comté .

Écouter et partager les souffrances

Les 5000 jeunes partagent une ouverture au dialogue qui mène à des rencontres inattendues et un partage des expériences de chacun. Firmin témoigne d’une rencontre avec des jeunes Ukrainiens: «on a demandé à des Ukrainiens ce qu’est la réalité du front dans leur vie et comment ils le vivent. Ça nous permet aussi de vivre quelque chose de cette guerre et de cette souffrance».

La guerre en Ukraine fait partie des discussions pour les participants, qui viennent également pour partager des moments de prière en faveur de la paix. Le contexte international inquiète Ronan car dans «un monde où on assiste à un accroissement des conflits, l'Ukraine ou Gaza, ou même dans certains pays européens qui érigent des murs, c’est important de retrouver des gens pour prier pour la paix et pour aller vers un chemin qui est le chemin chrétien en général, qui est ni plus ni moins qu'un appel à la paix».

Les rencontres se termineront dimanche 31 décembre au soir par la traditionnelle veillée de prière pour la paix, suivie de la "Fête des Nations", une opportunité unique de célébrer la nouvelle année en priant pour les peuples qui souffrent et en partageant la joie d’être ensemble.