Canonisation de Mama Antula, première sainte d'Argentine
Solenne Cortes – Cité du Vatican
Le Pape François présidera le rite de canonisation de la nouvelle sainte, originaire, comme lui, d’Argentine. Née en 1730 à Silipica Santiago del Estero en Argentine, Mama Antula a profondément marqué son pays par son élan missionnaire. Le dicastère pour la Cause des saints a annoncé sa canonisation le 16 décembre dernier suite à la reconnaissance d’un miracle en septembre de la même année. Retour sur cette figure spirituelle d’envergure pour l’Argentine et l’Église catholique.
Une vie donnée à Dieu
Issue d’une famille aisée, Maria Antula reçu une excellente formation spirituelle, religieuse et culturelle. Elle prit ses vœux privés chez les jésuites à seulement 15 ans, en 1745 afin de donner sa vie à Dieu. Laïque et non religieuse, elle mena une vie communautaire avec d’autres femmes consacrées et s’occupa des enfants, des malades et des pauvres.
Lorsqu’en 1767, les Jésuites sont expulsés d’Argentine par ordre du roi d’Espagne, Charles III, Mama Antula décide avec le soutien de son père spirituel, Gaspar Juarez, et de l’évêque de Santiago del Estero, situé dans le nord de l’Argentine, de poursuivre malgré tout l’apostolat de saint Ignace de Loyola. Elle créa alors des maisons à cette intention dont la première fut la Santa Casa de Exercicios Espirituales à Buenos Aires. Revêtue de l’habit noir de la Compagnie de Jésus, elle a également parcouru l’Argentine à pied pour évangéliser les autochtones transgressant ainsi toutes les règles sociales.
«Aller là où Dieu n’est pas connu» fut son désir le plus profond malgré l’hostilité des populations locales à laquelle elle a été confrontée. Accusée tour à tour d’être sorcière ou folle, Mama Antula a su témoigner de l’amour de Dieu. On estime aujourd’hui qu’au moins 80 000 personnes ont bénéficié de l’expérience des exercices spirituels ignaciens grâce à elle, sur une population argentine estimée à l’époque à 400 000 habitants.
Mama Antula a aussi fondé le sanctuaire de San Cayetano, saint patron du pain et du travail.
Elle meurt le 7 mars 1799 à l’âge de 69 ans. Son corps repose actuellement à l’église Notre Dame de la Miséricorde à Buenos Aires où les argentins lui vouent une profonde dévotion.
Les premiers pas vers la canonisation
Mama Antula a été béatifiée le 27 Aout 2016 par le cardinal Angelo Amato, préfet émérite du Dicastère pour les causes des saints lors d’une messe célébrée à Santiago del Estero. Cet acte réalisa un souhait exprimé de longue date car sa béatification avait été sollicitée pour la première fois en 1905 par les évêques argentins.
C’est Benoit XVI qui a amorcé le processus de canonisation de Mama Antula en 2010 lorsqu’il la reconnut «vénérable» pour l’héroïcité de ses vertus. Cependant, c’est au début du XXe siècle, que sa cause de canonisation s’ouvrit réellement en raison d’un second miracle attribué cette fois à un enseignant de 66 ans. Claudio Perusini, hospitalisé à San Fe en 2017 pour un accident vasculaire célébrable très grave avait des chances minimes de survivre selon les médecins. Ses amis et sa famille se mirent alors à prier la bienheureuse argentine, et virent de nettes améliorations au bout de quelques jours. L’enseignant se remit miraculeusement sur pied et retrouva sa totale autonomie très peu de temps après.
Le 24 octobre 2023, le Pape François reconnait le miracle dû à l’Argentine et autorise la canonisation de Mama Antula. C’est le dicastère pour la Cause des saints, dont le préfet est le cardinal Marcello Semerano, qui annonce l’évènement pour le 11 février prochain.
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