Crue et inondations en RDC: urgence humanitaire à Mbandaka
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
«La situation à Mbandaka est désastreuse», a déclaré l’abbé Louis Iyeli, prêtre de l’archidiocèse de Mbandaka-Bikoro, coordinateur diocésain de la Caritas. Pour le moment, depuis un mois, il ne pleut plus dans cette ville, capitale de la province de l’Equateur, dans le Nord-Est. La population est plutôt surprise par des inondations, provoquée par la crue, la montée des eaux du fleuve Congo, a-t-il indiqué dans une interview accordée à Vatican News. «C’est du jamais vu pour nous», s’est exclamé le prêtre, qui a décrit une situation qui requiert une réponse humanitaire urgente. Les habitants de Mbandaka et de ses environs ont déserté leurs maisons, on déplore quelques morts, dont des enfants; la population «fait ses besoins dans ces eaux, cette même eau est utilisée pour la cuisine et pour se laver; dans des cimetières, des corps sont sortis des tombeaux à cause de la puissance des eaux, les installations hygiéniques se sont déversées dans ces eaux». Beaucoup se plaignent des démangeaisons qui provoquent des petites plaies sur le corps, des maladies hydriques apparaissent et les nombreuses personnes qui passent la nuit à la belle étoile font face aux moustiques.
Une urgence humanitaire qui requiert une réponse multisectorielle
Face à une telle catastrophe, «je pense qu’il faut une réponse multisectorielle pour soulager la population, sur le plan de l’habitat, de la santé, social, …», a déclaré l’abbé Lyeli, qui estime que si rien n’est fait dans l’immédiat, la situation sera plus compliquée à la longue. L’un des organismes qui apportent une réponse à cette situation est la Caritas diocésaine de Mbandaka-Bikoro. La première solution est «la présence auprès des sinistrés» dans différents sites, afin de leur manifester la compassion, de les identifier et de les écouter pour savoir comment mieux les aider. L’organisme caritatif de l’Eglise apporte des aides «ponctuelles» aux indigents, car les moyens sont limités, a confié le coordinateur diocésain de la Caritas. «La population est grande, les besoins sont nombreux, nous sommes obligés d’être discrets dans nos interventions, car nous ne savons pas secourir plus que nous n’en pouvons», a-t-il indiqué.
La réponse des autorités de la Province se fait encore attendre
Jusqu’à présent, la réaction des autorités de la Province de Mbandaka se fait attendre. Des réunions sont organisées à ce sujet, un comité d’urgences a été mis en place, des concertations, auxquelles la Caritas diocésaine est invitée, ont lieu, mais il n’y a encore rien de concret, a indiqué l’abbé Iyeli. «Le pays vient de sortir du processus électoral, les esprits des autorités sont encore tournés vers les résultats, il n’y a pas encore d’actions concrètes du gouvernement provincial». Pour la province de l’Equateur, une autre particularité est que le gouverneur a été démis de ses fonctions après les élections du 20 décembre 2023, l’intérim est confié au vice-gouverneur, «qui vient de commencer. Donc, tout est un peu en léthargie, on ne sait pas tellement décoller». Mais, la situation est urgente, le besoin est grand et pressant et exige une riposte immédiate, a souligné le prêtre de Mbandaka-Bikoro.
SOS pour les populations de Mbandaka, Ingende et Lukulela
Malgré cette situation, l’abbé Lyeli reste optimiste et lance un appel à l’aide au gouvernement, aux organismes d’aide et à toute personne de bonne volonté, pour secourir cette population sinistrée. Caritas Mbandaka-Bikoro a lancé différents appels à travers des médias et a fait remonter l’information au pouvoir central, «les images sont passées à la télévision nationale et sur des chaînes privées». Des promesses d’aide du gouvernement sont parvenues à la Caritas diocésaine, qui continue à attendre. «La situation reste désastreuse», malgré la diminution des eaux, les habitants de Mbandaka et ses environs restent exposés «à des maladies d’origine hydrique». Il faut trouver des abris pour ceux dont les maisons se sont effondrées. «Les écoles, les infrastructures de santé et des Eglises sont écroulées. Le besoin est immense… il nous faut conjuguer des efforts pour trouver une bonne solution». La situation est la même dans les trois territoires qui constituent le rayon d’action de Cartas Mbandaka: la ville de Mbandaka, ainsi que les territoires d’Ingende et de Lukulela.
Dans tout le pays, des centaines des milliers des sinistrés
Fin décembre, la Régie des voies fluviales (RVF) de la République Démocratique du Congo (RDC), établissement public qui gère quelque 25 000 km de voies navigables dans l'immense pays d'Afrique centrale, lançait un message d'alerte aux autorités et à la population, les informant d'une crue «exceptionnelle du fleuve Congo et de ses affluents». Le jaugeage du fleuve indiquait alors 5,94 mètres à la station de mesure du port de Kinshasa, au-dessus des «5 mètres normales» et s'approchant des 6,26 m enregistrés lors de la grande crue de 1961. Le changement climatique, la déforestation et les constructions anarchiques seraient à la base de cette situation exceptionnelle, selon des scientifiques.
A Kinshasa, la capitale et dans d’autres provinces du pays, le nombre total de sinistrés le long du Congo et de ses affluents n'est pas connu avec exactitude, mais peut se chiffrer à des centaines de milliers au moins, selon certaines estimations. Le 6 janvier, l'organisation humanitaire Caritas a lancé un appel à l'aide pour près de 100.000 ménages à Mbandaka, à environ 600 km de Kinshasa. En amont, à Kisangani, plus de 200 maisons étaient sous les eaux dans la commune de Lubunga, selon le bourgmestre.
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