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Le candidat à la présidentielle Prabowo Subianto, en campagne à Jakarta. Le candidat à la présidentielle Prabowo Subianto, en campagne à Jakarta. 

Élections en Indonésie: l'Église reporte le Mercredi des Cendres

Alors que les électeurs indonésiens sont appelés à élire notamment leur président le 14 février prochain, jour du Mercredi des Cendres pour l’Église catholique, les évêques de l’archipel ont décidé d’un commun accord de déplacer le jour de la fête religieuse afin que les catholiques puissent se consacrer entièrement au vote démocratique.

Solenne Cortès – Cité du Vatican

Devenue une République démocratique indépendante en 1945, après la capitulation du Japon, l'Indonésie est aujourd’hui la troisième plus grande démocratie au monde, après l’Inde et les États-Unis, et le 14 février prochain, se jouera un nouveau test pour la stabilité du pays. Ce jour-là se dérouleront des élections générales qui seront suivies par les 273 millions d’habitants.

Une nouvelle élection présidentielle

Le rendez-vous électoral est d'autant plus important pour l’archipel d’Asie du Sud-Est, qu'historiquement, le pays a toujours traversé des périodes de difficultés et d’instabilités politiques –entre contestations sécessionnistes et conflits ethniques et religieux. Il aspire donc à plus d’équilibre. Et si les sièges des 711 membres de l'Assemblée sont en jeu, c'est surtout le scrutin présidentiel qui retient l'attention. Comme en 2014,  Joko Widodo et Prabowo Subianto s'affronteront pour obtenir le poste suprême.

Dans ce pays où la devise célèbre l'unité dans la diversité, Bhinneka Tunggal Ika, la religion occupe un rôle prégnant dans la vie politique. La majorité de la population musulmane à 87% souhaite un représentant de leur confession afin d’accorder à l’Islam une priorité sur les autres religions. Ainsi, les évêques indonésiens sont très soucieux que les catholiques qui représentent environ 9 millions de personnes, soit 3% de la population, fassent entendre leur voix. C’est pourquoi, ils ont exceptionnellement décalé la date officielle de la célébrations du Mercredi des Cendres qui tombait le même jour que l’élection.

 

100% catholiques, 100% indonésiens

Le cardinal Ignatius Suharyo en charge de l'archidiocèse de Jakarta a affirmé que «la décision de ne pas célébrer la messe du Mercredi des Cendres le mercredi matin est principalement basée sur la prudence pastorale, c'est-à-dire pour donner aux catholiques suffisamment de temps pour se rendre au bureau de vote et voter». Les bureaux de vote resteront en effet seulement ouverts en matinée, de 7h00 à 13h00, et certains catholiques n’auraient pas pu à la fois voter et célébrer la messe des Cendres dans la même journée.

Président de la conférence épiscopale indonésienne, Mgr Antonius Subianto Bunjamin a déclaré au média en ligne Crux le 19 janvier dernier: «Nous pensons que nous devons vivre à 100% catholiques et à 100% Indonésiens». L’évêque du diocèse de Bandung, situé au Sud-Est de la capitale, considère que les Indonésiens catholiques sont autant concernés par leur devoir de citoyen que par leur devoir de «repentance». Pour l’Église catholique, le Mercredi des Cendres ouvre en effet la voie aux 40 jours de Carême au cours desquels les fidèles doivent observer le jeûne, la prière et l'aumône en signe de rémission pour le pardon de leurs péchés. Ainsi, les différents diocèses indonésiens se sont organisés pour que les catholiques puissent participer à la cérémonie et au vote politique.

Le cardinal Syharyo a expliqué que cette décision est «basée sur la prudence pastorale».
Le cardinal Syharyo a expliqué que cette décision est «basée sur la prudence pastorale».

Une célébration le mardi, le jeudi ou le dimanche

L’Archidiocèse de Jakarta observera le Mercredi des Cendres le lendemain de la date officielle, soit le jeudi 15 février, alors que d’autres organiseront les offices saints la veille de la date officielle. Sur l’île de Flores, majoritairement catholique, les zones reculées sont autorisées à célébrer le rite des Cendres le dimanche qui suit, le premier du Carême. 

Mgr Hormat, évêque de Ruteng, chef-lieu de cette île, encourage chaque croyant dans une lettre pastorale à participer «activement» aux élections. Selon lui, il importe de choisir un dirigeant tourné vers le bien commun, compétent et honnête. Il s’agit de trouver une unité entre les diverses coutumes et cultures qui se côtoient dans l’archipel indien. «Une nation est une communauté de vie et de valeurs, une communauté spirituelle et morale» écrit-il. Ainsi, pour l’évêque, il est essentiel que le prochain gouvernement veille au respect de la liberté religieuse. Mgr Hormat appelle aussi les plus jeunes et ceux qui votent pour la première fois «à voter avec un cœur clair», afin de choisir un gouvernant qui ne soit pas sensible aux «artifices politiques qui anesthésient et trompent».

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26 janvier 2024, 14:53