Mgr Bertin, une vie de témoignage de l’Évangile dans la Corne de l'Afrique
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
C’est un double témoignage que Mgr Giorgio Bertin a apporté pendant près d’un demi-siècle dans la Corne de l’Afrique. Celui de l’Évangile dans une région essentiellement musulmane, et celui des malheurs qui ont affligé tout particulièrement la Somalie depuis le début des années 1990. Vivant déjà comme missionnaire franciscain en Somalie depuis les années 1970, il fut nommé le 29 avril 1990 par saint Jean-Paul II administrateur apostolique sede vacante et ad nutum Sanctae Sedis du diocèse de Mogadiscio, succédant à l’évêque Pietro Salvatore Colombo, assassiné par un inconnu le 9 juillet 1989 dans la capitale. Il occupera ces fonctions jusqu’au 13 janvier dernier, et à son remplacement par Mgr Jamal Daibes qui prendra également sa suite à la tête du diocèse de Djibouti, dont il était évêque depuis mars 2001, prenant alors la relève de Mgr Georges Perron.
«Même si nos structures ont été détruites, nous avons pu quand même pu faire sentir le témoignage de proximité de l’Église, surtout à travers Caritas Somalie. En dépit de tout ce qui s’est passé et des difficultés, on a pu montrer notre solidarité et le fait que l’Église catholique, à travers notre présence discrète et prudente, a toujours pu faire quelque chose», confie Mgr Bertin sur son action en Somalie. Le contexte y est difficile, en pleine guerre civile, puis après la prise du pouvoir par les shebab. Il évoque ainsi «les vicissitudes et les désastres» auxquels il a dû faire face.
Malgré des conditions de travail difficiles, et après son installation définitive à Djibouti, Mgr Bertin n’a pas cessé de se rendre en Somalie dont il fut un observateur plus qu’attentif. De ses nombreuses rencontres avec les Somaliens, que ce soit avec les dirigeants ou la population, il retient leur «capacité de vivre dans des situations désespérées», «de sourire» malgré les malheurs, «d’inventer, de rouvrir des écoles, des centres de santé». «Ils sont capables d’être créatifs» sans devoir attendre l’aide internationale, reconnait-il.
Témoignage prudent et persévérant
«J’ai toujours cru que le témoignage de notre vie, l’engagement dans le domaine humanitaire, est le principal moyen de faire connaître la valeur de l’Évangile», explique l’évêque émérite de Djibouti. Dans le domaine politique, il eut également plus d’une fois l’occasion, à différentes tribunes à travers le monde, de témoigner de ce qui se passait dans le pays et du rôle de l’Église. À son successeur, il conseil d’être «prudent» et de «persévérer» dans le témoignage de la charité, tout en insistant pour que les chrétiens disposent de lieux de culte et que les Somaliens reconnaissent qu’il y a d’autres croyants.
Mgr Bertin fut aussi pendant plus de vingt ans évêque de Djibouti. À son arrivée, la communauté catholique était essentiellement composée de Français liés à la base militaire que la France a conservé à l’indépendance du pays. Cette présence française a diminué avec le temps et l’origine des fidèles catholiques s’est diversifiée au fil des années: Africains, Asiatiques, Philippins, Américains. Idem pour le clergé. Les capucins français présents à l’arrivée de Mgr Bertin sont tous partis. Aujourd’hui, l’évêque émérite laisse «un clergé international»: les prêtres sont africains, indiens, américains, italien, ou néo-zélandais.
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