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Saint François de Sales. Saint François de Sales. 

Saint François de Sales, patron des écrivains et des journalistes

L’Eglise catholique célèbre ce mercredi 24 janvier l’un de ses plus illustres docteurs, saint François de Sales. Ce saint savoyard, évêque de Genève en Suisse au XVIIe siècle, est surtout connu pour avoir été un infatigable prédicateur de l’amour du Christ dans une période de troubles pour l’Eglise, instrumentalisée par les volontés politiques. Il est aussi le patron des communicants, des écrivains et des journalistes. Retour sur l'héritage laissé par cette figure marquante du catholicisme.

Solenne Cortès – Cité du Vatican

«Rien par force, tout par amour». Telle est la conviction profonde de saint François de Sales. Au cœur des Evangiles, cette maxime qui est donc à la base de la chrétienté depuis la venue et plus particulièrement, la mort du Christ sur terre, trouve encore un écho auprès de l’Eglise catholique aujourd'hui. Il y a maintenant deux ans, en décembre 2022, le Pape François saluait le saint à l’occasion du quatrième centenaire de sa mort, en déclarant qu’il était un «repère» pour «le changement d’époque que nous vivons».

«Tout est à l’amour»

«C’est la charité et l’amour qui donnent le prix à nos œuvres»: c’est l’idée majeure de ce docteur de l’Eglise. Né en aout 1567 en Savoie, François de Sales est originaire d’une famille noble. Très tôt, il ressent l’appel du Seigneur pour le sacerdoce mais place son désir en second plan pour satisfaire l’ambition de son père qui le destine à une carrière juridique. Il part ainsi étudier le droit à l’université de Padoue en Italie. De retour en France en 1593, sentant toujours l’appel sacerdotal, il est ordonné prêtre et célèbre sa première messe au mois de décembre. Il a alors 26 ans. Dès lors, il n’aura de cesse d’annoncer et de propager l’amour du Christ.

Entre évangélisation et prédication – il prêche notamment dans la région du Chablais, au sud du lac Léman - François recherche surtout le dialogue. L’époque à laquelle il est confronté voit en effet différents courants religieux s’affronter. Le contexte est particulièrement tendu entre les calvinistes, branche du protestantisme prônant le concept de «prédestination», et l’Eglise catholique, elle-même affaiblie dans son fort interne. Face aux nombreuses «portes fermées» qu’il rencontre, saint François invente alors le système de publication en affichant publiquement et en distribuant directement chez les habitants des feuillets concernant les vérités de l’Eglise catholique. C’est pourquoi il est considéré aujourd’hui, comme le saint patron des journalistes et plus largement, des communicants.

Cependant, le père Joel Guibert, prêtre du diocèse de Nantes en France, explique que l’extrême douceur du saint savoyard et sa persistance dans l’amour du Christ ne sont en aucun cas à confondre avec une sorte de mollesse.  «Un autre trait, c'est la doctrine du pur amour, qui n'a rien à voir avec le quiétisme, une hérésie, qui a été condamnée par l'Église.» déclare-t-il lors d’une interview à Radio Vatican - Vatican News réalisée en décembre 2022. Au contraire, «c'est un tempérament extrêmement violent à l'intérieur» ajoute le prêtre, en expliquant qu’en réalité, «la bonté n’est pas une mièvrerie, c’est une conquête» de notre spontanéité, parfois violente.

Avec saint François de Sales, naissent de nombreuses conversions au catholicisme, mais surtout, de nombreuses tensions entre courants religieux s’apaisent. Son «style de vie remplie de Dieu enseigne que la foi est avant tout une attitude du cœur» a écrit le Pape François dans sa lettre apostolique en décembre 2022.

François de Sales est aussi un témoin de l’amour du Christ par ses visites aux malades, ses œuvres de charité et ses entretiens personnels avec les fidèles. En 1599, il est nommé évêque de Genève, dont le siège est à Annecy, et fournira dans son diocèse un véritable travail missionnaire.

L’appel universel à la sainteté

La clé de voute de l’héritage salésien repose aussi sur l’appel universel à la sainteté prôné par l’Église. Considéré comme celui qui a «démocratisé» la sainteté, selon les mots du père Joel Guibert, François de Sales a devancé de trois siècles le message du Concile Vatican II. C’est notamment dans L’introduction à la vie dévote que cet appel universel est le plus marquant : «On nous présente l'Évangile et la sainteté comme si elle n'était à faire et à vivre que si l’on était enfermé dans un monastère. Non, elle est à vivre dans tous les états de vie. Le soldat dans sa garnison est aussi invité à vivre la sainteté». François témoigne ainsi de son désir pour que chaque croyant, quel que soit son état de vie, puisse vivre sa foi en plénitude.

En mars 1604, durant une prédication de Carême à Dijon en France, l’évêque de Genève rencontre Jeanne de Chantal, avec laquelle il tisse une amitié spirituelle. De cette amitié nait la Congrégation de la Visitation de Sainte Marie en 1610 à Annecy, toujours dans l’Hexagone. Cette nouvelle communauté, aujourd’hui à vocation contemplative, à la visite et le secours aux pauvres ainsi que l’éducation des jeunes filles de familles aisées au centre de sa mission. Les religieuses étaient ainsi poussées à un chemin de sainteté. Pourtant, au-delà de cette voie «classique» de sainteté, saint François souhaite que chaque individu soit concerné par cet enjeu. Écrit en 1616, son œuvre Théotime ou l’amour de Dieu démontre que la vocation de chacun est de vivre et d’aimer. Sous l’aspect d’une longue lettre à un ami, saint François indique les meilleures voies à emprunter pour que chacun puisse réaliser une rencontre personnelle avec Dieu.

En 1608, saint François de Sales écrit Philothée ou Introduction à la vie dévote, qu’il dédie à son amie Jeanne de Chantal, où il explique de manière simple comment aimer Dieu à chaque instant de la vie. Philothée signifie en grec «aimer Dieu». L’idée est de former pleinement à une vie chrétienne ceux qui vivent dans le monde et qui doivent assumer des tâches civiles et sociales. L’œuvre rencontre un immense succès.

François de Sales meurt le 28 décembre 1622 à Lyon à l'âge de 52 ans. Le 24 janvier de l’année suivante son corps est transféré à Annecy. Son témoignage de vertu et de bonté a porté du fruit de son vivant, mais continue encore d’éclairer l’Église. Saint François de Sales fait partie pour l’éternité de ceux qui «nous poussent à marcher sur le chemin unique et spécifique que le Seigneur a pensé pour nous» a reconnu le Pape François lors du quatrième anniversaire de sa mort il y a deux ans.

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24 janvier 2024, 14:56