Au Burkina Faso, les martyrs de la foi face aux terroristes
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
«Avec les persécutions, il y a un réveil de la foi au Burkina Faso». Lors d’une conférence de presse organisée par l’Aide à l’Église en détresse, Mgr Justin Kientega, évêque de Ouahigouya au Burkina Faso, a alerté sur la situation des catholiques dans son pays. Depuis plusieurs années, les chrétiens burkinabés sont ciblés par des terroristes musulmans. Lors de l’audience de ce mercredi 28 février, le Pape François a rappelé l’importance de prier pour la liberté de culte dans ce pays d'Afrique.
Une population de martyrs
Dimanche 25 février 2024, 15 personnes sont décédées dans une attaque djihadiste dans le diocèse de Dori. Une tragédie qui se répète toutes les semaines selon Mgr Justin Kientega, évêque du nord du Burkina, très touché par les raids meurtriers. «Il y a de nombreux martyrs au Burkina Faso. Lors d’une célébration faite par un catéchiste de mon diocèse, les djihadistes sont arrivés et ont tué 4 personnes dont le catéchiste. En mai dernier, lors d’une procession mariale, ils ont attaqué le cortège et ont tué 13 personnes dont deux enfants de 4 et 14 ans» énumère l’évêque.
Mgr Kientega dénonce également une restriction de la liberté de culte. Les djihadistes interdisent aux villageois de se réunir pour prier explique-t-il. Les paroisses ferment, même si certaines tentent de poursuivre leurs activités. Il a ainsi été obligé de modifier les horaires des célébrations des messes pour éviter de mettre en danger ses fidèles.
Un réveil de la foi
Plus globalement, toutes les activités de l’Église, comme les centres de soins et les écoles vivent au ralenti en raison de la pression terroriste. «Dans le diocèse, quatre écoles fermées ont rouvert» se réjouit Mgr Justin Kientega, mais leur maintien reste précaire. Les chrétiens ne sont pas les seuls à voir leur liberté de prier réduite, les terroristes s’en prennent également aux mosquées.
Toutefois, l’évêque d’Ouahigouya assurent que les chrétiens «sont prêts à partir, à fuir mais pas à se convertir». Il témoigne d’un réveil de la foi: «les chrétiens retrouvent l’importance de la prière, de la force qui vient de Dieu». S’il n’y a pas de conversion vers la religion musulmane, il constate un retour aux superstitions ancestrales, comme les amulettes destinées à la protection de leur porteur.
De nombreux déplacements de population
«Il y a beaucoup d’endroits où je ne peux plus aller» témoigne Mgr Justin Kientega, dont le diocèse est frontalier avec le Mali. «Il y a d’abord eu des attaques dans les villes et maintenant dans les villages. Ils arrivent en moto sur les places des villages, font des prédications et encouragent les hommes à porter la barbe et les femmes à se voiler» poursuit-il. Puis, les terroristes passent à l’attaque, forçant les gens à fuir leurs villages. En une semaine raconte l’évêque burkinabè, plus de 4000 personnes ont dû fuir leurs villages dans le diocèse d’Ouahigouya. Sur tout le territoire du pays, l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) dénombre plus d’1,4 million de personnes ayant du fuir leur foyer en quête de sécurité, «faisant de la situation au Burkina Faso l'une des crises de déplacement et de protection dont la croissance est la plus rapide au monde».
Le soutien de l’Église
L’évêque salue le soutien matériel du Pape François: «Nous recevons de l’aide de la nonciature pour les réfugiés. Le Pape n’est pas loin de nous, il est proche de nous et nous apporte de quoi survivre et de quoi témoigner». Il remercie également les différentes ONG engagées, dont l’Aide à l’Église en détresse, au service des 4 millions de fidèles catholiques dans le pays. «Ne nous oubliez pas!»
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