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Robert Naoussi (1947-1970), jeune camerounais mort de la lèpre à l’âge de 23 ans, après une vie éloquente de charité et d’autres vertus, encourageant les autres à connaître Jésus Christ Robert Naoussi (1947-1970), jeune camerounais mort de la lèpre à l’âge de 23 ans, après une vie éloquente de charité et d’autres vertus, encourageant les autres à connaître Jésus Christ 

Cameroun: la figure de Robert Naoussi au centre du Carême à Douala

Pendant ce temps de Carême, les fidèles de l’archidiocèse de Douala, au Cameroun, vont s’inspirer de la figure de Robert Naoussi, un jeune mort de la lèpre lépromateuse à l’âge de 23 ans en 1970, après une vie éloquente en charité et en vertus, encourageant les autres à connaître Jésus-Christ. Ce samedi 17 février 2024, un pèlerinage a été organisé pour marquer l’entrée dans ce temps fort, en mettant en évidence deux points du jeune exemplaire: le discernement et l’acceptation.

Paule Valérie Mendogo – Edea

“Le Carême avec le jeune Robert Naoussi”, tel est le thème du pèlerinage à travers lequel les fidèles de l’archidiocèse de Douala sont entrés en Carême cette année. L’évènement, organisé par l’aumônerie diocésaine pour l’apostolat des laïcs, le 17 février 2024, s’est inspiré de la figure de Robert Naoussi (1947-1970), un jeune camerounais atteint de la lèpre lépromateuse à l’âge de 17 ans. Emmené à la léproserie de la Dibamba en mai 1969, il y décède le 1er octobre 1970, à 23 ans, après une vie éloquente de charité et d’encouragement à connaître Jésus-Christ et à rayonner de l'Amour divin.

Robert Naoussi, un modèle de discernement et d’acceptation

L’entrée en Carême dans l’archidiocèse de Douala s’est focalisée sur deux points qui caractérisent l’attitude de Robert Naoussi face à sa très douloureuse situation de lèpreux: le discernement et l’acceptation. Discernement de notre mission dans chaque situation de souffrance et acceptation de la souffrance comme une partie de la réalité inhérente à la vie sur terre.

Les participants au pèlerinage de «Carême avec le jeune Robert Naoussi», organisé dans l’archidiocèse de Douala, au Cameroun, le samedi 17 février 2024.
Les participants au pèlerinage de «Carême avec le jeune Robert Naoussi», organisé dans l’archidiocèse de Douala, au Cameroun, le samedi 17 février 2024.

Une question existentielle qui trouve en Dieu la réponse

L’aumônier diocésain pour l’apostolat des laïcs de l’archidiocèse de Douala, l’abbé Michael Tchombou, fait savoir que «quand Robert Naoussi arrive à la léproserie de la Dibamba, il se pose la question suivante: “Qu’est-ce-que je fais ici?”». Pour l’aumônier, il s’agit d’une question existentielle qui traverse les décennies et qui parle à chaque jeune de notre temps et à toute personne en proie à la souffrance. «Pourquoi est-ce que le Seigneur me laisse vivre cette situation de souffrance?». C’est en quelque sorte une question de discernement qui amène Robert Naoussi à comprendre qu’il a une mission à accomplir à travers sa situation très douloureuse de malade, a souligné le père Tchombou. Pour lui, «la souffrance en elle-même est vaine et destructrice si elle n’est pas liée à une mission que le Seigneur assigne». C’est ainsi que Robert Naoussi, par l’intériorisation de sa souffrance, découvre que le Seigneur veut faire de lui le débroussailleur du chemin du ciel pour les autres.

Un modèle de foi, à célébrer au Cameroun et dans l’Église universelle

«Robert Naoussi, poursuit l’aumônier de l’apostolat des Laïcs, accepte de vivre et de trouver la joie dans une vie marquée par la souffrance. À la suite de la Vierge Marie dans son Fiat et de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, il parvient à accepter que la souffrance, la maladie et les situations de faiblesse fassent partie de la vie sur cette terre». Ce jeune, a noté le père Tchombou, ne connaissait pas la définition scientifique de la lèpre, mais il a eu la grâce de l’intégrer dans sa vie. «Apprendre à souffrir autrement, en chrétien, au point de demander à Jésus d’en rajouter pour que personne ne puisse plus jamais souffrir de la lèpre dans le monde, voilà l’originalité de Robert Naoussi». «Je pense que c’est une vérité incroyable de la foi dont ce jeune a eu l’intuition, et c’est quelque chose à célébrer, non seulement au Cameroun, mais aussi dans l’Église universelle», a fait observer le prêtre camerounais. Et c’est à juste titre que l’archevêque de Douala a annoncé publiquement l’ouverture du procès de canonisation de Robert Naoussi. Une commission d’experts y travaille, a-t-il fait savoir, afin que les vertus de cette grande figure de la jeunesse chrétienne souffrante soient connues au-delà des frontières camerounaises. «Robert Naoussi demeure un grand frère dans la foi. En lui, la jeunesse de Douala se reconnaît, elle qui vit en ce moment beaucoup de difficultés, compte tenu de la situation sociopolitique et économique tendue du Cameroun». Il est celui qui montre aux jeunes de notre temps comment vivre la souffrance en chrétien et triompher dans le Christ, a souligné l’aumônier.

Une dévotion nourrie autour de la figure du jeune lépreux

Les pèlerins ont récité le rosaire à partir du quartier Yassa jusqu’à la léproserie de la Dibamba et précisément sur la tombe du jeune lépreux où ils ont fait le Chemin de croix de Robert Naoussi, composé par l’abbé Jean-Pierre Batoum qui, en 2005, a par ailleurs créé une école d’évangélisation qui porte le nom du jeune camerounais. Le pèlerinage s’est poursuivi avec les confessions, la messe et des témoignages sur les grâces reçues par l’intercession de Robert Naoussi, ainsi qu’un enseignement rappelant ses paroles de foi parmi lesquelles: «Ma maladie est mon instrument de travail pour débroussailler la route du ciel pour les autres».

Les participants au pèlerinage de «Carême avec le jeune Robert Naoussi», organisé dans l’archidiocèse de Douala, au Cameroun, le samedi 17 février 2024.
Les participants au pèlerinage de «Carême avec le jeune Robert Naoussi», organisé dans l’archidiocèse de Douala, au Cameroun, le samedi 17 février 2024.

Des ouvrages et des vidéogrammes sur Robert Naoussi

Depuis 1970, année de son décès, les pèlerinages n’ont pas cessé sur la tombe de Robert Naoussi à la léproserie de la Dibamba. Plusieurs supports vidéos et des ouvrages ont déjà été réalisés sur sa vie. On peut citer: «Robert Naoussi, le débroussailleur du ciel», écrit par les frères Jaccard; «Les témoins de l’avenir», produit par le père Daniel-Ange en 1986, qui présente Robert Naoussi comme un modèle de sainteté pour les jeunes; «Robert Naoussi, entraîneur des jeunes», une bande dessinée parue aux éditions Fleurus dans les années 80.

Une école d’évangélisation Robert Naoussi, créée par l’abbé Jean-Pierre Batoum en 2005, vise à apprendre à voir les difficultés de la vie comme des opportunités de foi et de salut. Les sœurs carmélites en mission à la Dibamba depuis des années, le père spiritain Adrien Rémi, les pères jésuites Courigeau et François, les Petites sœurs de Foucauld et bien d’autres, continuent de produire des œuvres et d’organiser des évènements pour faire connaître la spiritualité de Robert Naoussi.

Présenter au monde le modèle édifiant du jeune Robert Naoussi

Les participants au pèlerinage ont relevé l’importance de présenter au monde ce jeune modèle, terriblement atteint par la forme la plus grave de la lèpre, mais qui gardait le sourire et accueillait chaleureusement tous ceux qui venaient à la léproserie pour des visites. Plusieurs s’en retournaient édifiés et émus par sa sérénité, tandis que les enfants de la léproserie étaient médusés de voir autant de souffrance et en même temps, une si grande joie de croire en Jésus-Christ et de s’unir à lui pour le salut des âmes.

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19 février 2024, 12:24